Corne de l’Afrique : Où en est la Somalie?

Corne de l’Afrique : Où en est la Somalie?

Pour le grand public, l’interminable drame somalien, c’est souvent un film marquant l’échec américain dans la Corne de l’Afrique: «La chute du faucon noir».

En octobre 1993, en Somalie, la guerre civile provoque une famine dans la population civile. Les forces de l’ONU sont attaquées par une faction dirigée par le général Mohamed Farrah Aidid. Les Etats-Unis envoient un détachement composé de membres de la Delta Force, des rangers et du 160th Special Operations Aviation Regiment (Airborne) ayant pour mission d’arrêter Aidid. Faute de pouvoir trouver Aidid en personne, l’unité s’en prend à ses lieutenants.

Le 3 octobre 1993, un indicateur somalien révèle la tenue d’une réunion de membres de la faction rebelle près du marché de Bakara. Les forces spéciales lancent un raid héliporté, les opérateurs de la Delta Force doivent capturer des dirigeants rebelles, les rangers étant chargés de les couvrir. Mais l’opération, qui devait se dérouler en trente minutes, tourne mal lorsque les milices de la faction d’Aidid contre-attaquent en masse et parviennent notamment à abattre deux hélicoptères UH-60 Black Hawk (littéralement «faucon noir» qui, une fois au sol, sont annoncés comme «Black Hawk down»).

Mais depuis, que s’est il passé dans ce vaste pays et où en est-il aujourd’hui?

Le 27 janvier 1991, le président Mohamed Siad Barre, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 1969, est chassé du pouvoir. La chute du régime marque le début d’une guerre civile dévastatrice et plonge le pays dans l’anarchie et la famine.

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Plus récemment:

Fin décembre 2006, l’armée éthiopienne et les forces gouvernementales chassent les forces des Tribunaux islamiques de Mogadiscio et des régions qu’ils contrôlaient depuis six mois, mais sans parvenir à pacifier les régions du sud.

Les Chebab, issus d’une branche des Tribunaux islamiques, prennent la tête de l’insurrection en Somalie. En 2010, ils proclament leur allégeance à Al-Qaïda. Ces islamistes radicaux multiplient leurs attaques contre la force africaine (Amisom) déployée à Mogadiscio en 2007 pour soutenir les fragiles autorités somaliennes. Ils revendiquent un double attentat à Kampala (76 morts), en représailles à la participation de l’Ouganda à l’Amisom.

En août 2011, les Chebab sont chassés de Mogadiscio par l’Amisom, perdant progressivement l’essentiel de leurs bastions. Mais, ils contrôlent toujours de vastes zones rurales et, en représailles, lancent de nombreux raids et attentats à Mogadiscio, notamment contre les institutions. L’attaque la plus meurtrière dans la capitale, le 4 octobre 2011 contre un complexe ministériel, fait au moins 82 morts.

En septembre 2013, les chebab revendiquent l’assaut spectaculaire contre le centre commercial Westgate à Nairobi (au moins 67 morts), en représailles à l’intervention de l’armée kényane en Somalie.

En avril 2015, 148 personnes, dont 142 étudiants, sont massacrées lors de l’assaut de l’université de Garissa (est du Kenya), revendiqué par les islamistes somaliens.

Le pays a un nouveau président, élu le 8 février, face à d’immenses défis. Agé de 55 ans, issu de l’un des quatre grands clans somaliens, les Darod, il est originaire du sud du pays. Père de quatre enfants, le nouveau président a aussi la nationalité américaine. Il a étudié l’histoire et les sciences politiques à l’université de Buffalo. Ambassadeur de la Somalie à Washington entre 1985 et 1989, du temps du dictateur Siad Barre, Mohamed Abdullahi Farmajo a occupé brièvement le poste de Premier ministre entre 2010 et 2011, avant d’être évincé du pouvoir. Pour redresser la Somalie frappée par près de 30 ans de guerre civile, le nouveau président va devoir s’atteler en priorité à la lutte contre la corruption et les Chebab. «C’est le début de l’unité pour la nation somalienne, le début de la lutte contre les Chebab et la corruption», a-t-il d’ailleurs affirmé devant les parlementaires, après son élection. Mais la tâche est énorme. La Somalie est en effet le pays le plus corrompu du monde, selon l’ONG Transparency International. Le gouvernement sortant est accusé d’avoir détourné à son profit une partie des aides internationales allouées à ce pays. Autre chantier, la lutte contre la rébellion des Chebab qui s’enlise.

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Son élection a suscité un énorme espoir dans la population.

Comme le résume cependant Rashid Abdi, directeur du Programme de la Corne de l’Afrique pour l’International Crisis Group, «être populaire c’est une chose, être efficace en est une autre. Il a un énorme potentiel pour réaliser de bonnes choses mais, à présent, il s’agit de transformer ce potentiel en actes».

Patrice Zehr

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