Il faudra tirer tous les enseignements possibles de cette crise, générée par la pandémie du coronavirus, qui frappe le monde entier, sur les plans de la santé, de l’écologie, des systèmes économiques et de la nature des épidémies, a estimé le psychanalyste et écrivain marocain Jalil Bennani.
Il faut imaginer des perspectives, des projets, mettre en application les décisions envisagées pendant la période de confinement. Le psychisme possède de grandes facultés d’adaptation mais le temps du changement des mentalités est un temps long, a fait savoir M. Bennani dans une interview accordée à la MAP.
L’auteur du livre Un psy dans la cité a souligné, au sujet de la période post-confinement, que l’annonce d’échéances est toujours source de soulagement alors que l’incertitude déclenche les peurs, les désarrois, les angoisses et les dépressions. Les êtres humains ont besoin d’entrevoir un horizon.
Quant à l’impact psychologique de la situation actuelle, M. Bennani a relevé que dans leur grande majorité, les Marocains se sont préparés à cette situation, ajoutant que sur le plan psychologique, l’incertitude, la peur de la maladie, la prise de conscience du danger mortel ont réveillé les pulsions de vie et poussé les citoyens vers la nécessité primordiale de se protéger.
A propos du mois de Ramadan qui coïncide cette année avec l’état d’urgence sanitaire et le confinement, le spécialiste remarque que de nombreux Marocains considèrent ce confinement comme une opportunité pour vivre pleinement la pratique religieuse en suivant scrupuleusement les préceptes du Coran et des hadiths sans avoir besoin de se réunir, tandis que d’autres le vivent comme une privation de l’ambiance collective, soulignent leur besoin de présence du groupe et se consolent en considérant cette situation comme étant une parenthèse dans l’histoire.
Évoquant l’habitude de sortir après l’ftour, le spécialiste a noté que pour les jeunes habitués à sortir pour se détendre, fêter, fumer ou faire des rencontres, le confinement en milieu familial peut être source de tensions et de conflits, faisant observer qu’à partir de l’adolescence, âge de transition vers l’âge adulte, les jeunes manifestent un désir d’affirmation, d’autonomie et de liberté, chose quasi-impossible durant cette période.
Pour atténuer cet impact psychologique, M. Bennani a d’abord estimé que cette épidémie a révélé la personnalité des individus, leur niveau éducatif, leur maturité, leur force ou leur fragilité et elle a amplifié ce qui existait déjà ou fait apparaître ce qui était latent, appelant ensuite à ne pas entrer en conflit les uns les autres, à respecter autant que possible les temps et espaces de liberté de chacun, à faire une pause dans les décisions personnelles et ne pas hésiter à demander conseil auprès des professionnels de la santé.
De leur côté, les personnes souffrant de troubles psychiques doivent impérativement garder un contact proche avec leur thérapeute, a-t-il affirmé, soulignant que les moyens technologiques permettent de faire des consultations à distance, d’être à l’écoute des angoisses, des insomnies et des peurs de la contamination par le virus.
Il ne faut donc pas attendre de craquer sous le coup des émotions, des angoisses, des états de dépression pour demander une aide, a-t-il assuré.
Avec MAP