Plus d’un million et demi de Taïwanais résident ou travaillent un peu partout en Chine, et près de trois millions de touristes chinois visitent Taïwan chaque année.
Dans un tel contexte de proximité et d’échanges, on aurait pu penser que Taïwan serait dangereusement impacté par l’épidémie de coronavirus. Pourtant il n’en est rien : au jeudi 5 mars, on comptabilisait seulement 44 cas de contamination sur l’île, et un seul décès dû au virus.
Une des premières raisons qui expliquent des chiffres aussi bas est l’information très rapide sur le virus et la réactivité des autorités taïwanaises. Dès le début de décembre 2019, les Taïwanais vivant et travaillant en Chine ont entendu parler d’une pneumonie étrange qui commençait à circuler dans le pays.
Notamment à Wuhan. Immédiatement, les autorités sanitaires taïwanaises ont commencé à contrôler tous les passagers arrivant en avion directement de Wuhan. De fait, une autre raison importante de la réactivité taïwanaise est l’expérience traumatisante de l’épidémie de Sras, en 2003, qui avait fait 73 morts sur place.
« À l’époque le gouvernement taïwanais a fondé le Centre de commande nationale de la santé (CCNS), qui devait gérer toute crise de ce genre au niveau national », explique Jason Wang, médecin américain d’origine taïwanaise à Stanford.
Le CCNS a alors créé le Quartier général de lutte contre les épidémies (CECC), structure interministérielle pilotée par le ministre de la santé, mobilisé début janvier 2020. « Le CECC a dressé une liste de 124 actions à mener pour protéger la santé publique des Taïwanais », ajoute-t-il.
Patrice Zehr