La semaine prochaine s’annonce cruciale en Italie qui entrevoit une amorce du déconfinement décrété dans ce pays lourdement touché par la pandémie du nouveau coronavirus, au moment où la population oscille entre l’impatience de renouer avec une vie normale et la crainte d’une deuxième vague pandémique après la levée des mesures de quarantaine sanitaire.
La décision d’alléger les restrictions imposées à environ 60 millions d’Italiens qui ont vu leur quotidien bouleversé, est intervenue après que les mesures adoptée le 9 mars dernier par le gouvernement ont commencé à porter leurs fruits, entrainant en conséquence une réduction du nombre de morts et de personnes infectées.
Le gouvernement a été particulièrement encouragé dans sa démarche portant sur un allègement progressif des restrictions de quarantaine sanitaire, par la diminution notable du nombre de décès dus au Covid-19, la Protection Civile ayant recensé 260 nouveaux décès liés au coronavirus, le chiffre le plus bas enregistré depuis le 14 mars, tandis que le nombre de personnes rétablies a augmenté de manière significative 64.928 personnes.
Maintenant commence l’étape de la cohabitation avec le virus après le succès des mesures ayant permis d’endiguer la pandémie (…) Grâce à la force que vous avez démontrée, il est désormais possible d’entamer une nouvelle phase qui doit être gérée de manière systématique et rigoureuse. C’est avec ces mots que le Premier ministre Giuseppe Conte s’est adressé à ses concitoyens lors d’une conférence de presse tenue dimanche soir pour annoncer les mesures de la phase 2 de l’état d’urgence liée au virus qui pose un défi très complexe.
Le Premier ministre a souligné la nécessité d’éviter à nouveau le risque de résurgence de la contagion, appelant au respect des mesures de précaution, y compris avec les proches car la seule façon de cohabiter avec le virus est de maintenir une distance sociale d’au moins un mètre.
Conte a averti, en revanche, que la courbe d’infection pourrait repartir à la hausse, notant que si certains indicateurs sont dépassés, les zones contaminées seront immédiatement fermées.
Après six semaines de la mise en œuvre de mesures de quarantaine totale, l’Italie se prépare désormais de toutes ses forces à la deuxième phase de la crise, avec l’objectif de relancer l’économie sans pour autant prendre le risque d’être exposée à une deuxième vague d’infection par le virus.
Pour le Premier ministre, la priorité devrait être donnée aux entreprises qui exportent, qui risquent de s’éloigner des chaînes d’approvisionnement mondiales, ainsi qu’aux chantiers de construction, à condition de veiller à la santé et à la sécurité des travailleurs, étant donné que l’extension de la fermeture au-delà du 4 mai peut avoir plus de graves répercussions sociales et économique.
Les autorités permettront également au secteur industriel de fonctionner à nouveau avec une capacité maximale, tandis que les restaurants seront limités aux services de restauration à emporter.
L’assouplissement du plan de restrictions ne se limite pas au seul aspect économique, mais apporte également une bonne nouvelle pour les familles, car les Italiens seront autorisés à rendre visite aux membres de la famille avec la possibilité de tenir des funérailles en nombre ne dépassant pas 15 personnes. En revanche, aucun déplacement d’une région à une autre par des moyens de transport publics ou privés n’est autorisé, sauf pour des raisons professionnelles ou de santé.
Le plan pour la deuxième phase de l’état d’urgence, qui est le plus long en termes de durée dans toute l’Europe, comprend l’ouverture de parcs publics et l’autorisation de la pratique de sports de plein air à partir du 4 mai dans le respect absolu des règles de distanciation sociale.
Et autant que les Italiens s’impatientent pour une sortie du déconfinement, autant ils semblent inquiets et anxieux face au risque d’infection.
Je suis ravie que les restrictions aient été assouplies. Cela fait longtemps que je n’ai pas vu les membres de ma famille. Ils me manquent, explique Marcia.
Mais je devrais encore m’adapter à un nouveau mode de comportement et de relations avec mon père et mes frères et sœurs, de peur d’une infection par le virus, a-t-elle déclaré, estimant que le coût de non respect des mesures préventives pourrait être élevé.
Afin que tous ces sacrifices consentis par l’Italie ne soient pas vains, le chef du Conseil suprême de la santé, Franco Locatelli, a déclaré: Nous avons obtenu un résultat très important, nous devons maintenant essayer de maintenir le niveau de risque le plus bas possible pour éviter une nouvelle augmentation des infections et éviter un nombre élevé de patients dans les services de soins intensifs.
Malgré les progrès qui ont été accomplis, la tempête n’est pas encore passée et nous devons continuer à mettre en œuvre des mesures de distanciation sociale et d’autres mesures qui ont produit des résultats tangibles dans la lutte contre le virus, a averti le responsable italien.
Sur le plan social, les sacrifices consentis par le gouvernement pour endiguer l’épidémie du virus privent de leurs revenus environ 11,5 millions d’Italiens, soit la moitié de la main-d’œuvre du pays qui ont demandé de l’aide.
Dans ce contexte, la Fédération générale de l’industrie italienne a indiqué que 97,2% des entreprises avaient subi d’énormes pertes à la suite du confinement qui a permis de freiner l’épidémie.
Après une série de signes encourageants, le gouvernement prévoit à partir du 4 mai de lancer une campagne de tests sérologiques pour 150.000 personnes dans tout le pays, bien que l’Organisation mondiale de la santé a affirmé qu’une première infection ne protège pas d’une seconde contamination au virus.
En l’absence d’un vaccin et d’un traitement approprié contre le coronavirus, la péninsule parviendra-t-elle à gérer la deuxième phase de l’urgence sanitaire, à l’instar de la première étape, et à éviter une deuxième vague d’infections? s’interrogent les Italiens.
Avec MAP