En attendant l’arbitrage royal, sur fond de crise gouvernementale qui entame son deuxième mois, Hamid Chabat reprend du poil de la bête et renoue avec sa campagne contre Abdelilah Benkirane.
Hamid Chabat, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal et celui par qui la crise du gouvernement s’est confortablement installée, ne désarme pas. Il vient de décider, dans l’attente de l’arbitrage royal, de déterrer la hache de guerre, de chevaucher sa monture et de reprendre sa campagne contre son adversaire, bien qu’allié au gouvernement, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
A quand la fin de la crise?
La crise entre PI et PJD entame aujourd’hui son deuxième mois, alors que rien ne prédit la fin de cette crise et, partant, des hostilités entre les deux hommes et leurs deux formations politiques, véritables charnières de la coalition gouvernementale. Chabat se dit un militant istiqlalien infatigable que rien n’arrête. Il a provoqué cette crise parce que convaincu du bien-fondé de sa cause, celle des Istiqlaliens qui n’acceptent pas -alors qu’ils considèrent être les premiers sur la liste du scrutin 2011- d’être relégués au second plan, surtout par le chef de file de la majorité gouvernementale, et d’avoir au sein de celle-ci des ministres qu’il (lui, Chabat) n’a pas choisis et qui ne lui rendent pas des comptes.
Légitimité des revendications
Lors de sa campagne anti-Benkirane, Chabat a essayé une fois d’expliciter aux militants istiqlaliens -et à travers eux à qui de droit- la légitimité de ses revendications, avec en tête le remaniement du gouvernement. Il a aussi tenté de contredire ceux qui criaient haut et fort que lui, Chabat, aurait mis en péril la stabilité du pays qui fait l’exception de ce printemps arabe lequel a fait tomber des têtes de très haut niveau, nous a confié une source proche du leader istiqlalien. Cette même source estime que Hamid Chabat aurait été «victime de personnalités influentes» qui lui auraient «fait miroiter une éventuelle victoire sur son adversaire juré, Abdelilah Benkirane, ce qui n’a pas été le cas durant tout ce mois qu’a duré la crise gouvernementale».
Chabat appuie trop sur le champignon
Pour certains observateurs, Chabat n’est pas homme à se hasarder et à faire le jeu de parties hautement influentes pour mettre en péril les acquis du pays et menacer consciemment le flux des investissements que le Roi draine de par sa stature personnelle et ses périples, principalement dans les monarchies du Golfe. Cette même approche est développée et défendue par un dirigeant du PJD qui a confié à un quotidien arabophone que «Chabat ne possède plus sa décision, que des parties bien déterminées lui auraient suggéré de conduire à 100 km/h, mais qu’il a trop appuyé sur le champignon conduisant à une vitesse de 200 km/h».
Les vrais problèmes sont ailleurs
Les Marocains ne ressentent pas réellement les effets de ladite crise gouvernementale, leur quotidien étant assuré à tous les niveaux et les discussions sur ce thème ne drainant pas la foule, selon un fonctionnaire qui nous confie: «ma solde mensuelle est assurée et le couffin de mon épouse (la ménagère) est plein. Quant aux Chabat et Benkirane, ils peuvent continuer à se chamailler».
En vérité, la vraie bataille se passe au niveau du parlement où majorité-majorité et opposition-majorité affûtent leurs armes et tirent à boulets rouge, alors que, pour l’opinion nationale, la vraie bataille est ailleurs. Les Marocains attendent toujours une issue honorable pour les dossiers de la Caisse de compensation, de l’emploi, des jeunes, de la CNSS, etc. Ils dédaignent la politique-spectacle; un spectacle aujourd’hui de très bas niveau.
A la Chambre des conseillers, lors de la séance des questions orales de la semaine dernière, le Groupe fédéral de l’unité et de la démocratie a reproché au gouvernement de «persister dans sa politique qui va à l’encontre des aspirations du peuple marocain»…