Le Centre de l’Excellence pour la Budgétisation Sensible au Genre, relevant du ministère de l’Economie et des Finances, a organisé, au siège des Nations Unies à New York, une table-ronde avec l’appui de l’ONU-Femmes, portant sur «le financement de l’égalité, dans le cadre de l’agenda de développement durable 2030».
Tenu en marge de la 61ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW61), cet évènement s’inscrit dans la continuité des travaux du programme d’Action d’Addis-Abeba, résultat de la 3ème conférence sur le financement du développement (juillet 2015) qui a identifié les pistes de la politique financière du développement pour assurer le financement du développement durable. Il a connu la participation d’experts panélistes d’Autriche, du Mexique, du Kenya, de Tunisie, de l’ONU-Femmes et du Maroc représenté par Nadia Benali, Directrice Nationale du Centre de l’Excellence pour la Budgétisation Sensible au Genre.
L’adoption par le Maroc du nouvel agenda de développement durable pour 2030 a constitué, selon les intervenants, une étape majeure en faveur de l’accélération de l’atteinte de l’égalité des sexes. Les objectifs de cet agenda, au nombre de 17 (ODD), visent la réduction de toutes les formes de discriminations faites aux femmes, que ce soit en termes d’accès aux services sociaux de base, de jouissance des résultats de la croissance économique ou d’autonomisation des femmes et des filles. Au vu de ces engagements, la Budgétisation Sensible au Genre (BSG) devient au Maroc une approche stratégique qui vise explicitement à rétablir les inégalités et les discriminations dans le processus de planification et de budgétisation.
Nadia Benali a affirmé, lors de son intervention, dans le cadre de la table-ronde, que la réussite au Maroc de la Budgétisation Sensible au Genre a été en grande partie liée à l’institutionnalisation de cet aspect en l’intégrant dans la loi organique des finances (LOF). Elle a, à cet effet, indiqué que l’article 39 de la loi organique des finances prévoit la production de projets et indicateurs sensibles au genre.
La Directrice Nationale du CEBSG a expliqué à cette occasion que la BSG, introduite au Maroc dans les années 2000, est un dispositif visant à suivre les crédits budgétaires octroyés pour le financement de l’égalité. Elle a précisé qu’il s’agit d’un outil statistique et budgétaire qui permet de déterminer les crédits attribués aux femmes, aux enfants, à la réduction des inégalités spatiales, au règlement des problèmes liés aux soucis environnementaux, etc. Et d’ajouter que l’article 30 de la LOF oblige également les départements ministériels à présenter leurs budgets par régions, afin de déceler l’effort budgétaire global de l’Etat en termes de réduction des disparités territoriales.
Benali estime que, pour une efficacité appuyée de la BSG, il est nécessaire d’adopter un indicateur d’allocations budgétaires pour le financement de l’égalité et de l’équité, qui doit atteindre, à l’horizon 2030, 30% du total des crédits budgétaires alloués à l’ensemble des départements ministériels.
Elle a précisé que ce taux est actuellement à 10% et a souligné la nécessité de mettre en place un système pour prévaloir les ministères ayant intégré la sensibilité genre dans leurs processus stratégiques et de planification.
Elle a ainsi affirmé que dix départements ministériels marocains ont été techniquement «gendérisés», c’est-à-dire qu’ils disposent d’indicateurs et de projets de programmes liés au genre. Pour certains de ces départements, notamment la santé et le développement social, près du tiers du budget est alloué à des projets liés au genre.
Hamid Dades