Le groupe Etat islamique est sur la défensive en Syrie et en Irak. Mais il lui reste ces milliers de volontaires passés dans ses rangs qui, rentrés dans leurs pays, vont constituer pour longtemps une menace majeure, préviennent des experts.
Les estimations occidentales font état de 25.000 à 30.000 combattants étrangers qui, attirés par les appels au djihad, ont rejoint ces dernières années les terres du «califat» auto-proclamé. Si certains y ont trouvé la mort et d’autres continuent à y combattre, un mouvement de retour vers les pays d’origine s’amplifie, alors que l’EI perd du terrain sous les assauts de la coalition internationale.
«Le flot de combattants étrangers vers le califat, qui était d’environ deux mille par mois l’an dernier, s’est pratiquement tari», assure à l’AFP Albert Ford, de la New America Foundation. «Mais ce n’est que la moitié de l’histoire: que fait-on avec les vingt-cinq à trente mille gars qui sont en Syrie ou qui y ont été et vont rentrer? C’est un problème qui n’est pas près de disparaître».
«Une fois qu’elle a été mobilisée, une vague de combattants étrangers se démobilise difficilement», estiment, dans un rapport intitulé «La menace djihadiste», vingt experts américains. «La suppression totale de l’EI sur le terrain n’a rien à voir avec ce qui va se passer dans les pays occidentaux», assure à l’AFP Marc Sageman, psychiatre et ancien agent de la CIA au Pakistan pendant le jihad anti-soviétique. «Il y aura toujours des gens qui vont se considérer soldats pour cette communauté musulmane imaginée (et non pas imaginaire) et vont vouloir organiser des attentats».
«Le problème, poursuit-il, c’est qu’il ne faudrait pas faire basculer dans le terrorisme, par une politique de répression excessive, des jeunes qui sont partis là-bas suite à une erreur de jeunesse, attirés par le romantisme du jihad».
Patrice Zehr