C’est le 20 mai que prendra fin le 2ème round du confinement (le 1er finissait le 20 avril).
Le 18 mai, le gouvernement se prononcera sur la nécessité ou non d’un 3ème round.
Cette date est attendue avec impatience.
Mais il est à peu près sûr qu’un 3ème round, sans doute plus court, s’imposera.
Dans la gestion de cette pandémie du Covid-19, le Maroc s’est illustré par un parcours sans faute. Il a été donné en exemple partout dans le monde. Mais là n’est pas le plus important.
Car, ce qu’il faut retenir de cette impeccable gestion, c’est moins un sentiment de vanité pour tous les éloges récoltés, qu’un sentiment d’humble satisfaction pour toutes les vies sauvées !
Même un seul décès est un décès de trop ; et nous compatissons sincèrement à la perte de nos 188 concitoyens fauchés par la pandémie (dernier bilan à l’écriture de ces lignes, au 13 mai 2020), mais le bilan aurait pu être bien plus lourd, si la gestion de la crise sanitaire avait été laxiste.
Il serait donc incompréhensible qu’après tant d’efforts, le pays relâche tout à-d’un coup la pression et laisse le virus surfer sur une 2ème vague, qui ferait les ravages évités par la 1ère…
Ce n’est pas qu’au Maroc que l’éventualité d’une 2ème vague est redoutée. Cette menace plane sur tous les pays qui ont entamé un dé-confinement, si prudent soit-il.
L’extrême dangerosité du nouveau Coronavirus, baptisé Covid-19, qui est à la fois ultra contagieux, asymptomatique au début de la contagion et mortel à la fin, a paralysé le monde.
En 4 mois et demi, ce virus a tout immobilisé sur son passage, à l’échelle de la planète… Les gens comme les économies… A l’exception de ceux qui, au péril de leur vie, lui livrent un combat de toutes les secondes. Médecins, infirmières, ambulanciers, forces de l’ordre et bien d’autres soldats de l’ombre… L’État compris, au plus haut de sa représentation…
Chez nous, au Maroc, l’on peut se féliciter d’au moins un bénéfice tiré de tout cela. Il s’agit de ce que certains ont appelé «la réconciliation entre le citoyen et l’État», ou encore, «le retour de la confiance».
Une réconciliation et un retour bien fragiles, tant ils sont battus en brèche par les grands et par les petits…
Par les grands, à travers par exemple l’épisode «Projet de Loi 22 20» et ses effets clivants.
Par les petits, à travers tous les comportements irresponsables visant, soit à nier la dangerosité du virus, soit à nier les efforts de ceux qui le combattent et, dans tous les cas, à dresser citoyens et autorités, les uns contre les autres…
Quoiqu’il en soit et malgré le coût faramineux du confinement, il faudra bien que l’on se fasse à l’idée que le combat est encore long et que ce n’est pas demain la veille d’un dé-confinement officiel, total et définitif !
Ce n’est pas non plus demain que l’économie se remettra à tourner à plein régime et que les dégâts de ces 4 mois et demi, aux niveaux national et international, seront compensés ; ou que les effets négatifs de cette situation mondiale inédite seront effacés.
Tout le monde le sait désormais, rien ne sera plus comme avant.
De longs mois encore, de doute, d’obligatoire patience et d’efforts pour remonter la pente, nous attendent…
C’est se mentir ou mentir que de croire ou faire croire le contraire.
Ne nous faisons donc pas d’illusions. Tôt ou tard, nous serons bien évidemment amenés à passer à la phase «dé-confinement progressif», puis à celle de «dé-confinement total»… Mais ce n’est pas dans le dé-confinement que réside la solution à tous les problèmes créés par la pandémie du Covid-19… C’est dans ce qu’il faudra faire et entreprendre après, pour se remettre soi-même et remettre le pays sur pieds… Un peu comme au lendemain d’un tremblement de terre qui n’aurait épargné que nos vies, nous laissant corps étendus au milieu des décombres.
Quel que soit le choix de l’État, pour l’après-20 mai, il ne changera pas cette donne.
Bahia Amrani