Le modèle de ville durable à adopter au Maroc et plus précisément pour la ville de Marrakech, a été au coeur des débats lors d’une rencontre tenue jeudi dans la cité ocre, avec la participation d’un aréopage d’experts, de responsables et d’acteurs concernés par les questions du développement durable.
Inscrite dans le cadre de la 8è édition des Rencontres « Parlons Développement », cet événement scientifique a été initié en hybride (en présentiel et à distance) par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Banque Mondiale et le Policy Center for the New South, en partenariat avec l’Université Cadi Ayyad (UCA) de Marrakech.
cette rencontre a été ainsi l’occasion d’engager une réflexion approfondie autour des grands enjeux du développement durable dans les villes, en abordant les axes liés à « la mobilité durable », « l’efficacité énergétique », « la gestion des ressources naturelles » et « l’aménagement du territoire ».
Intervenant à cette occasion, Mme Loubna Chaouni, chargée des programmes de sauvegarde et développement de la Palmeraie de Marrakech, du tourisme durable et de l’université verte, à la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, a souligné que Marrakech représente le point de convergence de plusieurs programmes de ladite Fondation du fait de sa multiculturalité et de son positionnement à l’échelle nationale et internationale, relevant que ces programmes touchent à plusieurs domaines, tels que la préservation de la biodiversité, les ressources naturelles, l’action à travers le climat, ou encore l’éducation au développement durable.
« Ces interventions contribuent à la préservation du patrimoine culturel et écologique de Marrakech et accompagne sa transition vers une ville durable », a-t-elle poursuivi, faisant savoir que l’approche de la Fondation se veut fédératrice et multicible au niveau d’un territoire, de même qu’elle travaille dans une logique d’expérimentation territoriale, impliquant tous les acteurs autour d’une problématique donnée.
Dans ce cadre, Mme Chaouni a indiqué que sur Hautes Instructions Royales, la Fondation a pris en charge la sauvegarde et la réhabilitation de la Palmeraie, en impliquant les différents acteurs, à travers des actions concrètes, notamment la jeunesse par le biais de l’éducation au développement durable, la densification de la Palmeraie au niveau de certaines zones, ayant permis la plantation de 600.000 plants, en plus d’opérations visant le nettoiement, l’évacuation des gravats et l’entretien de palmiers adultes.
En matière de gestion des ressources hydriques, elle a fait savoir que la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement a initié en collaboration avec plusieurs partenaires, le projet d’introduction de l’arrosage par les eaux usées épurées en vue de réduire la pression sur la nappe phréatique et réduire ainsi, le rejet d’un point de vue environnemental.
La Fondation a aussi introduit l’agroécologie, de même qu’elle mise sur l’éducation au développement durable et l’implication de la jeunesse, notamment à travers les programmes « Eco-Ecoles », « Jeunes Reporters pour l’Environnement » ainsi que le « Réseau des Universités Vertes », auxquels s’ajoutent des programmes sur le littoral, l’air et le climat, le tourisme durable, les parcs et jardins historiques.
De son côté, l’Inspectrice Régionale de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Architecture à Marrakech-Safi, Mme Zahra Sahi, a relevé que le Maroc a emprunté la voie du développement durable, qui est devenue une priorité stratégique notamment via, l’adoption de la Stratégie nationale de développement durable, l’instauration du Nouveau Modèle de Développement (NMD), l’adoption en 2018 de la Charte de décentration administrative et l’intégration de la dimension de durabilité dans l’arsenal juridique.
Dans ce contexte, elle a mis l’accent sur différentes stratégies du ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, telles que le Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT), le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et la stratégie de planification urbaine, qui visent à faire des villes marocaines des villes durables, avant de mettre en avant les multiples potentialités de la cité ocre à même de permettre la réalisation du développement durable.
La richesse patrimoniale et culturelle de la ville de Marrakech représente un atout majeur et un levier de transition de cette cité vers la durabilité et la résilience, a-t-elle estimé, notant que les stratégies du ministère reposent sur le développement de villes satellites pour limiter l’extension urbaine de Marrakech, la valorisation du patrimoine foncier pour éviter le gaspillage spatial et le renouvellement urbain à travers l’exploitation et la valorisation du foncier à l’intérieur de la ville ocre.
Ces stratégies ont aussi préconisé la diversification de l’économie à Marrakech, en s’orientant vers des industries vertes, une économie du savoir, la santé, des zones de loisir tout en préservant les terres agricoles dans la zone urbaine, a-t-elle enchaîné.
Le Président-Fondateur du Centre de Développement de la Région de Tensift (CDRT), M. Ahmed Chehbouni, a de son côté, abordé la question de la mobilité urbaine en tant que pilier du développement durable et secteur qui consomme 41% de l’énergie fossile, et émet 24% des gaz à effet de serre (GES).
Tout en relevant que le Maroc s’est engagé sur la voie de la durabilité en ce qui concerne la mobilité urbaine à travers, une multitude de projets tels que les tramways de Casablanca et de Rabat et les bus électriques à Marrakech, M. Chehbouni a appelé à améliorer l’attractivité des transports en commun à Marrakech, afin d’inciter les gens à utiliser ce moyen de transport dans l’objectif de réduire l’embouteillage, le nombre d’accidents de circulation ainsi que la pollution urbaine.
Dans ce contexte, il a souligné la nécessité d’accélérer la digitalisation de l’administration marocaine afin de réduire au maximum les déplacements « inutiles » des citoyens et de renforcer les infrastructures de façon à accompagner l’urbanisation galopante de la cité ocre.
Le président de l’UCA, My Lhassan Hbid a affirmé que le Maroc a amorcé, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, une dynamique qualitative à travers des réformes en profondeur en faveur du développement durable, dont les résultats commencent à se faire sentir dans la vie quotidienne des citoyens, notant que le Nouveau Modèle de Développement a conçu une feuille de route qui tient compte des besoins d’un Maroc en plein essor et engagé sur la voie de la concrétisation de l’Agenda des Nations Unies 2030 portant sur la réduction des inégalités sociales, territoriales et du genre, la promotion de la croissance économique, d’un emploi décent au profit des jeunes et des femmes, la préservation de la biodiversité et la lutte contre les effets des changements climatiques.
« L’UCA, en tant qu’acteur de l’économie du Savoir, est pleinement consciente de son rôle consistant à converger ses connaissances en faveur de la promotion de l’intelligence collective, et la synergie des forces vives de la nation », a-t-il ajouté, faisant savoir que cet établissement d’enseignement supérieur a mis en place une stratégie consistant à s’ouvrir sur son environnement socioéconomique en vue de mutualiser ses moyens, actions et réflexions en faveur du développement durable.
Dans ce contexte, il a noté que l’UCA n’a cessé d’intégrer de nouvelles spécialités, accompagnant les mutations socioéconomiques mondiales et répondant parfaitement aux besoins du marché de l’emploi, tout en veillant à éradiquer les contenus « dépassés et asynchrones », avec le monde d’aujourd’hui.
Pour sa part, Mme Nahla El Alaoui, Ingénieur en efficacité énergétique à l’Agence Marocaine d’Efficacité Énergétique (AMEE), s’est attardé sur le rôle important de l’efficacité énergétique en rapport avec le développement et villes durables, qui découle de la Stratégie énergétique nationale établie en 2009.
Dans ce sillage elle a mis l’accent sur l’efficacité énergétique dans le bâtiment et son impact sur la consommation énergétique vu que ce secteur est le 2ème en termes de consommation d’énergie au Maroc, passant en revue une série de lois et de réglementations en la matière, avec un focus sur les « labels d’efficacité énergétique dans le bâtiment » sur lesquels, l’AMEE travaille actuellement ainsi qu’un système de classification des bâtiments, qui « est une première au Maroc ».
S’agissant de la mobilité durable, elle a mis en avant l’intérêt de la promotion des cyclomoteurs et des voitures électriques surtout pour une ville comme Marrakech où, les citoyens ont une préférence pour les motocyclettes dans leurs déplacements, ce qui aura pour conséquence la réduction de la consommation énergétique.
Selon les initiateurs de cet événement, cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une série de dialogues virtuels réunissant acteurs et experts nationaux et internationaux pour débattre des enjeux du développement durable, dans ses aspects sociaux, économiques et environnementaux, et des opportunités que présente le Programme 2030 en tant que feuille de route pour sortir de la crise « renforcés » et « plus résilients ».
La série de rencontres « Parlons Développement » connait la participation de différents partenaires pour être au plus près des préoccupations des jeunes et du grand public et stimuler un débat riche sur les grands enseignements à tirer de la crise de la Covid-19.
LR/MAP