Du stress, des silences, quelques sourires derrière les masques. En ce lundi gris et glacial, Paris sort de huit semaines de confinement avec la prudence d’un baigneur tâtant l’eau froide du bout du pied.
Pas d’effervescence, pas de sentiment de libération. La capitale française se remet en marche dans le calme, avec circonspection, presque en apnée. C’est vraiment bizarre. Il y a une énorme peur, rien n’est fini. On est au bord du précipice et on a le vertige, mais il faut bien vivre.
Dans un pays où le coronavirus a tué plus de 26 000 personnes depuis le 1er mars, Paris fait toujours partie de la «zone rouge», soit quatre régions du nord-est de la France où le virus circule toujours activement et où la pression reste forte sur le système hospitalier.
À 08H00, normalement heure de pointe dans le métro, les rames sont encore peu peuplées. Tous les voyageurs, à une ou deux exceptions près, portent le masque, désormais obligatoire dans les transports publics. Chacun évite d’attraper la barre du métro, on se regarde à la dérobée, certains utilisent des mouchoirs en papier pour ouvrir les portes.
Devant une école du nord-est parisien, quelques instituteurs et animateurs se retrouvent pour une réunion de pré-rentrée. Le retour à l’école pour les enfants de 3 à 10 ans, une des mesures qui a suscité le plus d’angoisse et d’interrogations ces dernières semaines, s’annonce extrêmement compliqué. Dans cet établissement de 200 élèves, seule une quarantaine d’enfants pourront être accueillis.
Tout ça se fait dans la précipitation, il y a beaucoup de messages contradictoires. Et puis il ne faut pas croire que ça va être un retour à l’école. Il y a tellement de contraintes sanitaires (pas de jeux, pas de récrés, distances…) que je ne sais pas exactement ce que les enseignants vont pouvoir faire, estime une des institutrices, qui s’inquiète aussi du manque de psychologues scolaires: Le confinement a été une épreuve très dure. Il va y avoir des enfants ravagés.
La peur d’une foutue deuxième vague de ce foutu virus tenaille aussi de nombreux déconfinés.
Avec AFP