«Notre maison brûle et nous regardons ailleurs». Telle est la phrase qu’avait prononcée Jacques Chirac, alors Président de la République française, lors du quatrième Sommet de la Terre en 2002. Vingt-ans plus tard, l’expression utilisée par le défunt Chef d’Etat est toujours d’actualité, mais jusqu’à quand ?
Aux cours des dernières années, la planète a fait face à moult crises, dont les deux dernières en date sont la pandémie du Coronavirus et la crise russo-ukrainienne, dont les conséquences continuent de se faire sentir dans les quatre coins du globe. Si face au Covid-19 et au conflit russo-ukrainien, le monde entier a fait preuve d’une grande mobilisation, l’on constate que la témérité mondiale manque à l’appel dès lors qu’il s’agit de se prémunir contre le réchauffement planétaire qui constitue une vraie menace à la survie de l’humanité.
Quelques degrés de plus et la Terre devient invivable
Contrairement aux idées reçues, une élévation de la température moyenne de la planète Terre ne veut pas dire uniquement qu’il fait un peu plus chaud. Les changements climatiques entraînent des bouleversements en chaîne, aussi effroyables les uns que les autres. Hausse du niveau des océans, sécheresses à répétition, pluies diluviennes hors saison, ouragans, incendies, vagues de chaleur prolongées entre autres phénomènes inhabituels, devenus presque chose normale depuis que le dérèglement climatique s’est bien installé. Selon les estimations des scientifiques, si rien n’est fait pour faire face aux changements climatiques, de la part des pays pollueurs, la hausse des températures pourrait atteindre 4,4 degrés Celsius à l’horizon 2100. Pour les spécialistes des questions climatiques, un tel scénario serait un point de non-retour. En d’autres termes, plus rien ne pourra être fait, sauf peut-être attendre l’apocalypse.
Pourquoi l’humanité peine-t-elle à agir contre le réchauffement climatique? Le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies a apporté une réponse, on ne peut plus claire, à cette interrogation qui taraude les esprits des âmes soucieuses du bien-être de la planète terre et de l’avenir de l’humanité. Ressemblant plutôt à un coup-de-poing sur la table, le cri d’avertissement du numéro 1 des Nations-Unies est une tentative, une de plus, pour faire bouger les consciences.
Le cri de colère d’Antonio Guterres
Ainsi, dans le cadre d’une tournée qu’il a effectuée dans plusieurs pays africains, Antonio Guterres a rappelé les pays riches, qui sont en même temps les plus pollueurs, à s’acquitter de leurs promesses d’aide financière, notamment aux pays en voie de développement, pour qu’ils puissent faire face au réchauffement climatique. Pour rappel, les pays les plus industrialisés s’étaient engagés en 2009, lors de la conférence de Copenhague, à accorder collectivement 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud à partir de 2020. Cette aide devait servir à financer leur transition écologique, tout en leur permettant de s’adapter aux conséquences dévastatrices du réchauffement climatique. A ce jour (2022), cette promesse reste non tenue, sachant qu’elle constituait un point crucial à l’ordre du jour de la COP-26 qui s’est tenue à Glasgow en novembre 2021. C’est pour cela qu’Antonio Guterres, connu pour sa fibre diplomatique, n’a eu d’autres choix que de pousser un cri de colère. «Il est temps de passer aux actes. Il est temps de tenir la promesse des 100 milliards de dollars par an», a-t-il déclaré depuis la capitale sénégalaise, Dakar, le 30 avril 2022.
Le Secrétaire Général de l’ONU est allé jusqu’à établir un lien direct entre changements climatiques et risques sécuritaires, en Afrique. En effet, le réchauffement climatique avec toutes les conséquences qu’il engendre pousse un grand nombre de citoyens à fuir leurs pays, ce qui met le continent face à de nouveaux risques sécuritaires qui viennent s’ajouter à ceux déjà existants. Pourtant, l’Afrique peut être considérée comme le souffre-douleur des pays développés, d’un point de vue purement climatique. Lors de la première étape de sa tournée africaine (Dakar-30 avril 2022), Antonio Guterres l’a d’ailleurs clairement rappelé lorsqu’il a réaffirmé que «les pays africains, qui ne sont pourtant pas responsables du changement climatique, en sont les premières victimes». Pour faire face à cette menace climatique, le Chef de l’ONU ne voit pas d’autres solutions que de «consacrer la moitié des financements climatiques aux programmes d’adaptation et de résilience afin de venir en aide aux communautés vulnérables».
Si une chose est sûre, c’est que les incertitudes qui entouraient jadis les effets des changements climatiques ont toutes été réduites à néant. Les climatologues sont aujourd’hui unanimes pour dire que le réchauffement climatique nécessite une action commune, au niveau mondial. En effet, malgré la réalité et les prévisions climatiques qui n’augurent rien de bon pour la planète bleue, rien n’est encore perdu. Sous réserve de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, dès aujourd’hui.
M. Lourhzal
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La terre en surchauffe
Entre promesses non-tenues et réalité
L’humanité est menacée par le réchauffement climatique. Pendant ce temps, les contributions des pays classés parmi les plus gros émetteurs de CO2, demeurent insuffisantes. Dans son rapport annuel sur l’écart des émissions actuelles et les objectifs de l’accord de Paris, (Emission Gap Report), le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), estime que les pays industrialisés doivent tripler leurs contributions, comme promis lors de l’accord de Paris sur le Climat et celui de Glasgow en Ecosse. Le rapport du PNUE a mis également en avant, la responsabilité des pays développés dans le réchauffement climatique.
Toutefois, le document du PNUE affirme qu’il est encore possible de limiter la hausse des températures à 1,5 C. La prise de conscience collective sur la nécessité de mettre en œuvre des actions concrètes, ainsi que la sensibilisation aux Objectifs de Développement Durables (ODD) des Nations-Unies, par différents acteurs tels que les gouvernements, les responsables locaux, les entreprises, mais aussi les citoyens qui doivent adopter de nouveaux gestes plus écologiques, au quotidien. Des transformations sociétales et économiques majeures doivent avoir lieu au cours de la prochaine décennie pour compenser l’inaction du passé, y compris la dé-carbonisation rapide des secteurs de l’énergie, du bâtiment et des transports. Les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont les ingrédients clés d’une transition énergétique.
Selon le classement 2021 de la Revue des statistiques de l’énergie mondiale (Statistical Review of World Energy), ce sont les pays industrialisés qui émettent le plus de CO2 dans l’atmosphère. La Chine occupe la première position dudit classement avec 9,9 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, émises en grande partie dues à l’exportation de biens de consommation et à sa forte dépendance au charbon. Le pays du soleil-levant est suivi des Etats-Unis avec 4,5 milliards de tonnes de CO2 émises dans l’atmosphère. L’Inde arrive en troisième position dudit classement avec 2,3 milliards de tonnes de CO2 émises, chaque année. Au niveau de l’Europe, l’Allemagne est considérée par la même source, comme étant le pays européen qui émet le plus de CO2, chaque année.