Des experts plaident à Rabat pour la refonte du système national de santé

Des experts et chercheurs ont plaidé, mercredi à Rabat, en faveur d’une « refonte d’envergure » du système national de santé en vue de pallier les insuffisances et favoriser une mise en œuvre optimale du chantier de la généralisation de la couverture sociale.

Le système de santé devra anticiper et s’adapter aux mutations internationales qui devront façonner la réorganisation des modèles de santé à l’avenir, ont-ils soutenu lors d’une journée prospective organisée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES) sous le thème « quel système de santé au Maroc, à l’aune de la souveraineté nationale et de la généralisation de la couverture sociale? ».

Ils ont en outre mis en avant la nécessité d’un accompagnement de la transition vers des modes de vie où le « burn-out » social (épuisement physique, émotionnel et mental) et l’anxiété climatique « seront de plus en plus fréquents, notamment chez les jeunes ».

A cette occasion, le directeur général de l’IRES, Mohammed Tawfik Mouline, a fait observer que le Maroc a mené, depuis son indépendance, de multiples réformes pour améliorer l’état de santé de la population. Toutefois, « le système national de santé demeure marqué par certaines insuffisances structurelles, en termes d’accès aux soins, de financement de la santé, d’encadrement médical, d’infrastructure sanitaire et de partenariat public-privé », a-t-il expliqué.

En dépit de ses insuffisances, a-t-il relevé, le dispositif national de santé a fait preuve d’adaptation, de résilience et de réactivité face à la pandémie de la Covid-19.

Après avoir mis l’accent sur la double contrainte du manque de ressources et de l’urgence, M. Mouline a appelé à la mise en place d’un nouveau modèle de santé en mesure de répondre à des situations de crise intense et reposant sur trois piliers, à savoir un système sanitaire hybride tirant sa capacité de réalisation de son hybridation entre public et privé, militaire et civil, physique et virtuel, local et international. Il s’agit ensuite de l’exploitation d’une pharmacopée locale riche, et enfin du renforcement des compétences au niveau des secteurs public et privé.

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Pour Jaâfar Heikel, épidémiologiste et économiste de la santé, cette journée de réflexion se consacre au système de santé au Maroc en termes de modèle fonctionnel et organisationnel, de financement, de surveillance des maladies ainsi que de capital humain. Des experts du ministère de tutelle, du public et du privé sont en conclave à l’IRES pour réfléchir ensemble d’un modèle adapté au contexte marocain, a fait remarquer M. Heikel qui a mis l’accent sur le financement du chantier de la généralisation de la couverture sociale.

Approché par la MAP sur la résilience du système national de santé, cet épidémiologiste a indiqué que le système marocain demeure perfectible comme en témoignent les actions entreprises durant la crise de la pandémie Covid-19. Outre la résilience du système qui doit être plus réactif, a-t-il poursuivi, il est nécessaire de le préparer en amont à de futures crises, mais aussi pour le chantier de la couverture sanitaire.

De l’avis du directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé et de la protection sociale, Mohamed El Youbi, il s’agit de réfléchir aux perspectives d’un meilleur système de santé à la lumière des défis et enjeux actuels, notamment la Covid-19 et le chantier de la refonte du système de santé.

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« Le système actuel a démontré des besoins de restructuration pour qu’il soit beaucoup plus fort et plus résilient », a déclaré à la MAP M. El Youbi, formant le vœu que cette rencontre débouche sur des recommandations concrètes et applicables.

Plusieurs intervenants à cette rencontre ont mis l’accent sur l’état des lieux des insuffisances du système national de santé et suggéré des pistes de réponse aux défis qui s’imposent dans ce domaine. Ils ont particulièrement proposé de procéder à la restructuration du dispositif institutionnel pour garantir une souveraineté et inclusivité sanitaires selon une approche basée sur la bonne gouvernance, le capital humain qualifié ainsi que le partenariat public-privé.

Les panélistes ont débattu aussi de l’articulation entre l’offre sanitaire et la demande en couverture sanitaire universelle, de la e-santé ainsi que la réduction des disparités entre les régions dans le sens d’un accès équitable aux soins.

S’agissant de l’industrie pharmaceutique, les interventions ont été axées sur la promotion d’une souveraineté en matière de matériel médical essentiel, notamment au niveau de diagnostic et de soins.

Au terme de cette rencontre, les spécialistes et chercheurs ont porté leur regard concernant les leviers de changement et d’orientations stratégiques visant un modèle de santé souverain et inclusif au diapason des mutations internationales.

LR/MAP

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