Après avoir «blackmailé» des personnalités marocaines (sportifs, hommes d’affaires, journalistes, parlementaire…) mais aussi des personnes riches des pays du Golfe, en les prenant en photos ou en les filmant dans des positions compromettantes, les arnaqueurs du web au Maroc étaient (presque) tous de la ville de Oued Zem (photo).
Les maîtres chanteurs piégeaient des personnes connues, les filmant dans des positions compromettantes, avant de leur faire du chantage. Les victimes du monde virtuel sont nombreuses.
Harponné sur internet par une jeune fille virtuelle, le parlementaire de Témara, Adil Tchikito, s’est laissé aller à des effusions. Il se fera en effet filmer à son insu par des maîtres-chanteurs ; un enregistrement sur Skype où on le voit se masturber. Adil Tchikitou a d’abord versé 3.000 dirhams par virement. Faisant face à une nouvelle demande de 30.000 dirhams, il décida de tout raconter à la police qui a pu identifier les membres du groupe grâce à la carte nationale présentée pour retirer l’argent. Il s’agissait d’un garçon -de 17 ans!- de Oued Zem. En plus du groupe qui a été arrêté, la police recherchait deux complices en fuite. Ainsi, les éléments de la Sûreté nationale ont pu mettre fin à ce chantage. Le jeune parlementaire istiqlalien, Adil Tchikito, était la dernière victime de cette bande.
Riposte contre les maîtres chanteurs
Plusieurs personnes des pays du Golfe ont, elles aussi, été victimes de ces bandes organisées qui sévissaient sur le net. Les maîtres chanteurs recouraient à des photos et des vidéos de filles en guise d’attrape-nigauds. Les victimes étaient sommées de poster des montants d’argent assez conséquents pour ne pas voir leurs photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Une organisation saoudienne appelée «Non au chantage» a recensé près de 90.000 faux profils de femmes. Au Maroc et en Algérie, ces «fake» sont les plus utilisés pour piéger les victimes.
Même Israël n’est pas épargné
Les réseaux des maîtres chanteurs marocains et algériens n’ont pas épargné Israël. Un rapport du Conseil national de la cyber-sécurité de l’Etat hébreu souligne que des arabes israéliens, par dizaines, ont également fait les frais d’opérations de chantage dûment orchestrées.
Oued Zem, capitale du chantage sexuel sur internet
Une plainte est portée depuis Bagdad par un homme d’affaires irakien, victime d’un chantage. Il a fait connaissance via le réseau social Facebook de deux jeunes hommes qui se faisaient passer pour des jeunes filles issues du Maroc et plus précisément de la ville d’El Jadida. Leurs conversations prenaient alors une autre tournure: amour et sexe. Ils passaient ensuite à la conversation en vidéo via Skype. Les deux arnaqueurs diffusaient des scènes d’une jeune femme dans des positions érotiques incitant à faire l’amour avec elle. Ayant mordu à l’hameçon, l’Irakien (le plaignant) se dénudait tout en se montrant, lui aussi, dans des positions pornographiques. Avec leur enregistrement sous forme de vidéos, les deux jeunes hommes ont terminé la première phase de leur jeu, pour pouvoir commencer à faire chanter leur victime. Lors de la deuxième phase, ils lui ont montré les vidéos, le laissant perplexe. La troisième phase de leur jeu consistait à lui montrer leur vrai visage et lui demander une importante somme d’argent pour qu’ils ne diffusent pas l’enregistrement. L’homme d’affaires a fait semblant de leur céder. Mais il a cherché sur le net le numéro de téléphone de la police d’El Jadida pour l’alerter de ce qui lui était arrivé. L’affaire a été prise au sérieux. Et l’enquête a commencé par un recours aux experts dans le traitement informatique. Ces spécialistes sont parvenus à identifier l’adresse IP du PC qu’utilisaient les deux jeunes maîtres chanteurs et à le localiser. Il s’est avéré que le PC utilisé n’était pas installé à El Jadida, mais à Oued Zem. Tous les observateurs allaient remarquer que dans majorité des cas concernant ce genre d’affaires élucidées par la police, les maîtres chanteurs étaient de la ville de Oued Zem.
Bouchra Elkhadir