Deux anciens ministres péruviens des Affaires étrangères ont vivement critiqué la décision du gouvernement de leur pays de rétablir les relations avec le polisario, la qualifiant de « controversée » et qui va à l’encontre des intérêts du Pérou.
Francisco Tudela, qui a exercé en tant que ministre des Affaires étrangères entre 1995 et 1997, a estimé que le rétablissement des relations avec une entité non reconnue par l’ONU constitue « un enjeu très controversé et une prise de position » peu amène, parce que les seuls pays qui l’ont reconnue sont le Venezuela, un petit groupe d’Etats africains, l’Algérie où est installée la rasd et la Corée du Nord.
Pour cet éminent expert des relations internationales, il s’agit d’un « sujet complexe qui affecte nos relations » avec le Maroc et qui donne un signal selon lequel le gouvernement péruvien se range du côté d’un groupe qui renie le système international tel qu’il est établi.
Abordant dans une longue interview avec le quotidien El Comercio, la nouvelle orientation imprimée à la politique étrangère du Pérou par le nouveau gouvernement, l’ancien chef de la diplomatie péruvienne dénonce l’alignement de son pays sur le Forum de Sao Paulo, qui regroupe les partis de gauche d’Amérique Latine, et sur la politique étrangère de Bolivie, de Venezuela, de Cuba.
L’ancien ministre des Affaires étrangères du Pérou, Luis Gonzales Posada (1988-1989), abonde dans le même sens, en estimant que « l’écrasante majorité des Péruviens exprime son refus ferme et à indigne de la mise en œuvre d’une politique étrangère, qui est étrangère aux intérêts de l’État et qui est dictée par le Forum de Sao Paulo et par les régimes totalitaires de Cuba et de Venezuela ».
A ce propos, Posada a qualifié de « bizarre » la décision du Pérou de rétablir ses relations avec une entité qui « n’a ni territoire, ni gouvernement, ni population propre ».
« C’est pour cette raison que ladite « république » n’est pas reconnue par l’ONU, ni par les instances du Conseil de sécurité, ni par les nations européennes et même pas par 23 des 24 pays arabes, à l’exception de l’Algérie qui la finance et la soutient militairement, en raison de sa rancœur contre le Royaume du Maroc, surtout après sa défaite dans la guerre des sables en 1963 », a écrit Posada dans une tribune publiée par le site Expreso.
« Dans ce contexte, a ajouté cet ancien président du congrès péruvien (2007-2008), nous ne pouvons ignorer deux faits pertinents : l’expression jubilatoire du Forum de Sao Paulo qui a applaudi la reconnaissance par le Pérou de la république ectoplasmique sahraouie et que le ministre (des AE) Maúrtua n’a pas expliquée à la Commission des relations étrangères du Parlement, et l’entrée énigmatique au Pérou du soi-disant ministre sahraoui des AE, Ould Salek ».
Posada a enfin déploré le fait que « nous soyons confrontés à une politique étrangère erratique et confuse qui mérite une extrême vigilance ».
LR/MAP