Discours Royal | L’essentiel et l’accessoire

En aucun cas, on ne peut classer le Discours adressé par le Roi au Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne (comme le prévoit la Constitution), dans une catégorie de discours de routine.

Intervenant dans un contexte très particulier, marqué par cette crise inédite qu’a infligée la pandémie Covid-19 au Maroc, comme au reste du monde, avec les pires répercussions jamais imaginées, ce Discours devait aussi donner le coup d’envoi de la rentrée politique à un Parlement qui en est à la dernière année de son mandat, avant les élections de 2021.

C’est dire combien était attendu le propos royal, non seulement par les élus, mais par l’ensemble du pays.

Un pays qui a vu tous ses calculs faussés, tous ses projets à l’arrêt et, le pire, aucune certitude ni visibilité pour une reprise…

Situation exceptionnelle, donc ? Le Discours Royal y répond par un Plan subtil à triple portée: économique, sociale et politique.

En effet, l’annonce par SM Mohammed VI de la création d’un  Fonds d’investissement stratégique nommé «Fonds Mohammed VI pour l’Investissement», qui aura «une personnalité morale et des structures managériales adéquates» ; qui sera doté de 15 milliards de dirhams que lui affectera le budget de l’État ; et dont le Souverain a souhaité qu’il «joue un rôle de premier plan dans la promotion de l’investissement et le relèvement des capacités de l’économie nationale» et qu’il finance et accompagne les grands projets, notamment dans le cadre de PPP (partenariats public-privé), est une solution novatrice et ingénieuse.

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L’annonce a été faite, du reste, avant que le projet de Loi de Finances 2021 ne soit bouclé. Le ministère des Finances devra rebattre ses cartes, pour l’intégrer.

Cette annonce de création du Fonds stratégique a le mérite de donner au pays, qui n’en a pas dans la conjoncture actuelle, une visibilité sur la relance de son économie, malgré la crise et malgré ses moyens limités (l’évocation d’un partenariat public-privé –que l’investisseur privé soit national ou étranger- est significative à cet égard).

Mais elle a surtout le mérite d’assurer la continuité des efforts de relance de l’économie nationale, quelles que soient les conditions de cette année électorale… Et avec ce gouvernement en fin de vie, ou avec celui qui lui succèdera.

La feuille de route royale traduit une vision qui transcende les contingences électorales et politiques.

Cela est encore plus évident, sur le plan social. Il est bien certain que les quatre axes-clés du plan de protection sociale que préconise le Souverain ne se réaliseront pas en 1 an (soit avant les élections de 2021).

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Il s’agit d’étendre, d’ici la fin 2022 au plus tard, la couverture médicale obligatoire (AMO) à 22 millions de nouveaux bénéficiaires ; de généraliser les allocations familiales ; d’élargir la base d’adhérents au système de retraite ; et de généraliser l’IPE (l’indemnité pour perte d’emploi).

Le Gouvernement est appelé à s’atteler à la tâche immédiatement. Il y a urgence à redresser l’économie. Et le Plan royal est précis et détaillé.

Les partis politiques de la majorité gouvernementale ont beau jeu de pinailler sur le mode de scrutin (de liste, ou uninominal) et sur le mode de calcul du quotient électoral (sur la base des inscrits, ou sur la base des bulletins valides), le Roi, dans ce Discours au Parlement, leur a montré l’essentiel de ce qu’attendent les citoyens. Tout le reste est accessoire. 

Bahia Amrani

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