Meriem Bensalah-Chaqroun, Présidente de la CGEM et Mohamed Fikrat, Président de la Commission Investissements, Compétitivité et Emergence Industrielle de la Confédération.
La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a tenu, jeudi 5 avril à Casablanca, une conférence de presse pour présenter les résultats d’une étude sur l’économie informelle dans le Royaume et son impact sur la compétitivité des entreprises.
A cette occasion, la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah-Chaqroun, a affirmé que le secteur informel au Maroc a connu, une montée en flèche, à tel point qu’il représente, aujourd’hui, une menace réelle pour l’économie marocaine.
Combien pèse l’informel?
L’économie informelle, comme l’a souligné la présidente de la Confédération, pèse plus de 20% du Produit Intérieur Brut (PIB) hors secteur primaire et 10% des importations formelles. Selon l’étude de la CGEM, intitulée «L’économie informelle/impact sur la compétitivité des entreprises et proposition de mesures d’intégration», l’économie informelle impacte de manière variable les secteurs d’activités. Ainsi, le secteur du textile et de l’habillement se retrouve impacté à hauteur de 54%; 32% pour le transport routier de marchandises, 31% pour le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) et 26% pour l’agro-alimentaire et le tabac.
Selon Bensalah-Chaqroun, les principales mesures retenues comme prioritaires, pour inciter le secteur informel à évoluer vers la légalité, portent sur le renforcement de l’attractivité du formel à travers une meilleure compétitivité des entreprises, l’accompagnement dans l’intégration des unités de production informelles (UPI) à l’économie formelle, la lutte contre les leviers de l’économie souterraine, l’assèchement de la contrebande et la lutte contre la corruption. Elle a également fait savoir que ces mesures ont été partagées avec les principales parties prenantes, notamment le Haut-commissariat au plan (HCP), la Direction Générale des Impôts (DGI), l’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII), Bank Al-Maghrib (BAM), le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’économie numérique et le ministère de l’Intérieur.
La CGEM, à travers son étude sur le secteur informel et son impact négatif sur l’économie nationale, tire ainsi la sonnette d’alarme sur ce phénomène, en appelant à mettre en place des mesures d’urgence, non pas pour pénaliser ceux qui exercent dans l’informel, mais plutôt les inciter à exercer dans la légalité.
ML
3 Questions à…
Mohamed Fikrat, Président de la Commission Investissements et Compétitivité de la CGEM
Quel est l’intérêt de l’étude réalisée par la CGEM sur l’économie informelle au Maroc?
Je tiens d’abord à souligner que cette étude a mis à contribution les fédérations professionnelles, les chefs d’entreprise et les représentants des pouvoirs publics. Un comité de pilotage, représentant les secteurs et les Commissions concernées par l’économie informelle, a également suivi toutes les étapes de réalisation de cette étude qui constitue, en réalité, un appel à l’action, pour faire en sorte que le secteur informel rejoigne le tissu économique formel.
Quelles sont les principales conclusions de cette étude?
Cette étude a montré que l’économie informelle constitue un frein et un obstacle devant l’économie nationale et l’empêche de se développer normalement. L’informel entrave également le développement du secteur privé, outre son impact sur la compétitivité.
Quid de l’impact de l’informel sur l’emploi?
Si l’économie informelle continue de gagner du terrain, il est clair qu’un grand nombre d’emplois dans le secteur formel risquent d’être détruits. Pour éviter ce scénario, il est nécessaire d’élaborer et de lancer les mesures adéquates à même de faire face à l’informel, au profit du développement des activités légales.
Propos recueillis par Mohcine Lourhzal