Education : Ces promesses devant le Roi, valables aussi pour «le Maroc oublié» ?

Education : Ces promesses devant le Roi, valables aussi pour «le Maroc oublié» ?

De mémoire de Marocain, jamais rentrée scolaire n’a connu aussi magistral coup d’envoi que celui donné par SM Mohammed VI, à cette rentrée scolaire 2018-2019.

Qu’il s’agisse du fond ou de la forme, tout est inédit.

Cérémonie officielle, au déroulement soigneusement étudié.

Présence du Roi, en sa qualité de chef d’Etat déterminé à mobiliser autour du chantier de l’éducation.

Mais aussi présence du Roi, en sa qualité de père, accompagné de ses deux enfants. De son fils, le Prince Héritier Moulay Al Hassan –clin d’œil à la jeune génération de collégiens- et fait nouveau, de sa cadette, la Princesse Lalla Khadija dont la touchante timidité incarnait la fragilité de ceux qui étaient, ce jour-là, au centre de toutes les attentions: les écoliers !

Présence également -loin d’être passée inaperçue- d’écoliers pour la 1ère fois associés à un tel conclave, dans leur apparat des grands jours de rentrée scolaire…

Outre sa forte symbolique, cette cérémonie avait aussi «du contenu».

Le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi, devait y présenter devant le Roi, ce qui a été intitulé «bilan d’étape et programme exécutif dans le domaine du soutien à la scolarité et de la mise en oeuvre de la réforme de l’éducation et de la formation».

Autrement dit, un bilan d’étape de la «Vision stratégique de la réforme 2015-2030» relative à l’école ; et le programme de ce qu’il est prévu de réaliser, dans le cadre de cette vision.

Bien évidemment, le programme décliné devant le Souverain s’est voulu, comme n’a pas manqué de le souligner le ministre Amzazi, conforme «aux Hautes orientations Royales» et «en droite ligne du discours adressé à la Nation à l’occasion du 19ème anniversaire de l’accession du Souverain au Trône (30 juillet 2018) et de celui prononcé à l’occasion du 65ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple (20 août 2018)».

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Et, tel qu’il est présenté, c’est un programme prometteur à plus d’un titre (voir les détails dans la suite de notre dossier).

A coup de projets chiffrés et apparemment ficelés, il est question de tenter de réaliser l’objectif de la vision 2015-2030, c’est-à-dire, à terme, «une école de l’équité, de la qualité et de la promotion».

Compte tenu de la détermination royale, nul ne doute du sérieux des engagements. Ce sont des promesses faites au Roi. Et si, au prochain bilan d’étape, les résultats ne sont pas au rendez-vous, gare au limogeage ministériel, désormais figurant au nombre des sanctions royales… Même si le ministre Amzazi a pris la précaution de préciser que «le succès de ce programme est tributaire de l’adhésion de l’ensemble des intervenants, dans le cadre d’un effort collectif et national et d’une gouvernance efficiente et efficace».

Bien sûr, bien sûr… Le chantier est immense et tout un chacun doit y mettre du sien… Du ministre au parent d’élève, en passant par les élèves eux-mêmes, les professeurs, les responsables de projets, les administrations, les différents départements impliqués, etc. Le chantier est tellement immense et ses problèmes tellement profonds, que l’opinion publique reste circonspecte et blasée, globalement convaincue que le gouvernement demeurera incapable de réaliser ces promesses de réforme, lesquelles iront rejoindre les précédentes n’ayant, à ce jour, jamais abouti.

Google et les assureurs

Les couches populaires les plus sceptiques, voire défiantes, sont les plus démunies. Celles qui n’ont d’autre choix que d’envoyer leurs enfants à l’école publique (dont tout le monde sait ce qu’elle est devenue aujourd’hui).

Ou, pire, celles dites du «Maroc oublié», où il n’y a même pas d’école publique. Et où ce qui y tient lieu de classes est, non seulement inaccessible pour de nombreux enfants des régions enclavées et/ou enneigées, mais en plus se trouve dans un état de misère tel qu’il en devient impossible à décrire avec des mots.

Les photos et vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux en disent plus long sur cette misère de nos écoles, dans les patelins du Maroc profond, que tous les mots que pourraient aligner les habitués de la plume (ou du clavier).

Le ministre de l’Education nationale –et plus généralement le gouvernement- auront fort à faire pour ramener la confiance et raviver la foi dans le système éducatif en général. Mais il leur faudra encore plus de preuves concrètes de volonté de mise à niveau en direction de ce Maroc lointain que le colon n’hésitait pas à surnommer «le Maroc inutile».

Plus de 60 ans après l’Indépendance, il ne doit plus exister de «Maroc inutile» et encore moins de citoyens inutiles… Ceux que l’Etat n’éduque même pas et qui feront pourtant partie des générations futures.

B. Amrani

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