Le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a averti ce mardi 30 mars que la région entourant l’Égypte connaîtrait une «instabilité inimaginable» si le barrage construit par l’Éthiopie sur le Nil menaçait «une goutte d’eau» égyptienne.
«Personne ne peut se permettre de prendre une goutte d’eau de l’Égypte, sinon la région connaîtra une instabilité inimaginable», a déclaré le Président lors d’une conférence de presse à Ismaïlia, interrogé sur ce grand barrage controversé. «Personne ne doit s’imaginer qu’il est loin de la portée de l’Égypte», a ajouté Abdel Fattah al-Sissi en soulignant que la part des eaux du Nil revenant à l’Égypte était «une ligne rouge».
L’Éthiopie affirme que l’énergie hydroélectrique produite par le barrage sera vitale pour répondre aux besoins énergétiques de ses 110 millions d’habitants. Mais l’Égypte, qui dépend du Nil pour environ 97 % de son irrigation et son eau potable, le considère comme une menace pour son approvisionnement en eau. De son côté, le Soudan craint que ses propres barrages ne soient endommagés si l’Éthiopie procède au remplissage du GERD avant qu’un accord ne soit conclu.
Le maréchal président a toutefois précisé qu’il «ne menaçait pas» et que son pays n’avait «jamais menacé». «Mais notre réaction au cas où l’on porterait atteinte (à notre part des eaux du Nil, ndlr) affectera la stabilité de l’ensemble de la région», a-t-il martelé. L’Égypte et le Soudan ont exhorté l’Éthiopie à ne pas effectuer le remplissage avant la signature d’un accord.
Le sujet a fait l’objet d’environ une décennie de discussions sans qu’aucun accord ne soit trouvé. «Au cours des prochaines semaines, il y aura des négociations et j’espère que nous allons parvenir à un accord juridique contraignant», a encore dit M. Sissi.
P. Zehr