Egypte La hantise algérienne

L’évolution de la situation en Egypte inquiète les grandes capitales, le monde arabe et la communauté internationale.

Egypte pro morsi juillet 2013

L’action de l’armée depuis le massacre des 50 morts est de plus en plus critiquée et remise en cause. La mobilisation des Frères montre que le coup d’Etat n’a pas tout réglé et n’est pas accepté par une large partie de la population. L’action des salafistes est aussi un élément de dangerosité.

Certains redoutent que l’annulation de fait par les militaires du scrutin pro islam incontestablement démocratique ne conduise les groupes extrémistes à un affrontement avec l’armée du type de celui du GIA avec le gouvernement algérien. C’est la pire des inquiétudes, l’autre étant une guerre civile dans les rues des grandes villes. Cependant, les rassemblements du premier vendredi de Ramadan (12 juillet) se sont déroulés dans le calme.
Tout est donc fait pour éviter le pire dans une certaine confusion.
Le jeu des salafistes est bien trouble. Alors même qu’ils n’ont pas participé à la grande manifestation du 30 juin, qui a mené à la destitution de Mohamed Morsi, ils ont soutenu l’intervention de l’armée et la mise en œuvre de sa feuille de route. Ils ont même réussi à s’imposer dans les négociations pour former un gouvernement de transition. Ils ont notamment fait pression pour écarter la nomination de Mohamed El Baradei et du socialiste Ziad Bahaa Eddine du poste de Premier ministre. Après la tuerie qui a visé plusieurs sympathisants des Frères musulmans devant la Garde républicaine (lundi 8 juillet), Al-Nour s’est résolu à suspendre sa participation aux négociations et a finalement dit qu’il refusait de siéger au gouvernement. Plus radicaux sur le plan idéologique, les salafistes ont toujours été en concurrence avec la confrérie des Frères musulmans. Ils tentent de profiter de la situation, pari périlleux.

Présidentielle algérienne : Le ras-le bol du peuple

Les «frères» crient à la trahison et au complot militaire

L’intervention spontanée de l’armée auprès du peuple pour le défendre est de plus en plus une vision contestée du scénario égyptien. Certes, les nombreux manifestants revendiquent l’intervention des militaires, mais…
Un article de Claire Talon, publié dans «Le Monde» du 8 juillet, a été l’un des premiers à évoquer l’hypothèse d’un coup préparé à l’avance. «La destitution du président égyptien avait été décidée par les militaires dès le 23 juin», précise la correspondante au Caire, s’appuyant sur des sources concordantes provenant des Frères musulmans, de l’armée et des renseignements. Elle rapporte l’enregistrement d’un dialogue entre le chef de l’armée, le général Fattah Al-Sissi et Mohamed Morsi, le 2 juillet (révélé par le journal égyptien «Al-Watan, en arabe», le 5 juillet). Le ministre de la Défense déclare au président qu’il doit démissionner.
«- Et si je refuse?
– C’est déjà fait, ça ne dépend plus de toi. Pars avec dignité (…). Tu n’as plus aucune légitimité».
«C’était un coup d’Etat démocratique», soutient Mounir Fakhry Abdelnour, ancien ministre et dirigeant du parti Wafd (libéral) interrogé par «Le Parisien» sur le renversement du président élu, Mohamed Morsi, le 3 juillet en Egypte. «Cessez de dire que notre révolution est un coup d’Etat» se plaignent de leur côté certains activistes de la place Tahrir, cités par le site américain Daily Beast. Pourtant, plusieurs éléments semblent indiquer que la contestation n’a pas été aussi «spontanée» et «populaire» qu’on a bien voulu le croire dans un premier temps.
Mais, c’est le cas aussi dans toutes les révolutions, même celles jugées comme démocratiques en Géorgie ou en Ukraine. Tout est préparé. Encore faut-il que le peuple suive.
Les événements en cours ne sont pas sans rappeler ceux du Chili en 1973 -où, dans un contexte de crise, des grèves de professions libérales et de camionneurs avaient précédé le coup d’Etat militaire contre Salvador Allende- ou de l’Algérie en 1992: l’armée avait interrompu les élections législatives remportées au premier tour par les islamistes. Mais, avertissait le journaliste Jonathan Steele dans le «Guardian», le jour même du renversement de Mohamed Morsi, «depuis le Chili en 1973 jusqu’au Pakistan en 1999, nombreuses sont les prises de pouvoir par des militaires saluées au cours des premières heures ou des premiers jours, qui ont été amèrement regrettées les années suivantes».
Le premier vendredi de Ramadan a illustré ces angoisses, chacun redoutant l’inévitable, alors qu’il y a de plus en plus souvent des accrochages de type algérien: islamistes contre militaires dans le Sinaï.

Camps de Tindouf | Les populations séquestrées vivent dans un mouroir à ciel ouvert

Turquie
La peur de la contagion

 

Ce qui se passe en Egypte est un très sale coup pour le gouvernement turc. Cela réveille de sombres souvenirs, parce qu’après l’échec avec la Syrie, l’Egypte était devenue l’un des axes de sa nouvelle tentative de redéploiement régional et parce que le «modèle turc» -supposé «source d’inspiration» pour certains des Frères musulmans égyptiens et déjà dénoncé par des milliers de manifestants en Turquie depuis début juin 2013- se trouve maintenant indirectement mis en cause par les manifestations anti-Morsi du Caire et par l’intervention de l’armée.
Des liens amicaux uniraient Mohamed Morsi et Recep Tayyip Erdogan qui était au contraire froid avec Hosni Moubarak, lequel reprochait justement au Premier ministre turc sa proximité avec la Confrérie. L’intervention de l’armée égyptienne et la destitution de Mohamed Morsi ont conduit Recep Tayyip Erdogan à interrompre ses vacances pour réunir à Istanbul les plus hautes sommités de l’Etat, dont le chef des services secrets.

 


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