Avec l’attentat-suicide déjoué, qui aurait pu faire un carnage dans l’un des temples les plus visités de l’Egypte pharaonique, Karnak, les djihadistes changent de stratégie pour ébranler un pouvoir r obsédé par la nécessité d’attirer à nouveau touristes et investisseurs étrangers.
Depuis la destitution en juillet 2013 du président islamiste, Mohamed Morsi et la répression menée contre ses partisans par les autorités, des groupes djihadistes ont perpétré de nombreux attentats et attaques-commando qui visaient exclusivement les forces de sécurité.
Mais les experts avaient prédit qu’ils changeraient rapidement de stratégie face à l’incapacité de ces attaques, qui ont tué des dizaines de policiers et de soldats, à affaiblir le nouveau pouvoir de Abdel Fattah al-Sissi. D’autant que pleuvent sur le pays les millions de dollars d’aide des monarchies du Golfe et les promesses de contrats juteux avec des compagnies étrangères. «Désormais, il s’agit d’une guerre totale menée contre l’Egypte et pas seulement contre ses forces armées», renchérit Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l’université de Toulouse (France).
Ce type d’attaque a pour objectif «d’affaiblir l’économie égyptienne en détruisant le secteur touristique», mais permet également de «donner le maximum d’impact médiatique et une résonance internationale là où des actions locales ont échoué à obtenir le même écho depuis des mois malgré leur intensité», analyse-t-il.
Pour Mohamed al-Zayat, du Centre régional pour les études stratégiques au Caire, «on a voulu porter un coup dur à l’économie et au tourisme, montrer que le pays n’est pas sûr au moment où le secteur connaissait une reprise».
Patrice Zehr