Une ville censée abriter toutes les institutions égyptiennes est en train de surgir en plein désert, à une cinquantaine de kilomètres à l’est du Caire.
Un projet pharaonique du président Al Sissi qui promet une nouvelle capitale grande comme sept fois Paris. Le palais présidentiel, les services de sécurité et l’ensemble des 32 ministères doivent, en théorie, effectuer leur grande migration, du Caire vers la nouvelle capitale, dès juin 2019, avant que ne les rejoignent l’ensemble des institutions du pays, le parlement, la cour suprême, la banque centrale, etc. Ainsi que les 6,5 millions d’habitants qu’elle est censée abriter d’ici vingt ans. Les photos sont interdites dans cette zone stratégique militaire, construite à marche forcée par l’armée comme un camp retranché. Dans la poussière et derrière une forêt de réverbères, de pylônes et de grues, la première vision de la capitale est la Cathédrale de la nativité du Christ, la plus grande église du pays -voulue après l’attentat qui coûta la vie à 23 personnes, le 11 décembre 2016, dans l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul du Caire-, à l’instar de toutes les installations qui multiplient les superlatifs. La ville accueillera aussi, forcément, la plus grande mosquée. Partout, des nuées de grues surplombent des carcasses de bâtiments en devenir.
La Chine vient de démarrer la construction de vingt hautes tours qui doivent être achevées en 40 mois. La ville du désert sera, paraît-il, durable, avec de l’eau acheminée du Nil, des fermes solaires, un vaste jardin baptisé «Fleuve vert», des pistes cyclables, un train suspendu reliant la nouvelle capitale aux villes industrielles au Caire, jusqu’à El Alamein de l’autre côté du delta.
Patrice Zehr