Elections Américaines | Le plus grand cirque du monde

Elections américaines Le plus grand cirque du monde

La première et la plus importante démocratie du monde a connu une présidentielle surréaliste. On connaîtra définitivement le gagnant à la fin des procédures judicaires. Il y a cependant déjà des leçons objectives à en tirer.

Tout d’abord le rejet de Trump annoncé par tous les sondages et le courant dominant de la presse internationale a été démenti. Il n’y a pas eu de vague Biden. Trump a résisté, mais devant la perspective de la défaite, il a mis en cause une immense fraude électorale. Pour les partisans de Biden et la majorité des commentateurs, Trump prouve non seulement qu’il est un mauvais perdant, mais aussi un danger pour la démocratie. Du côté de la base de Trump, on estime que tout cela confirme bien qu’il y a un complot d’un «Etat profond » qui n’a jamais accepté l’élection de quelqu’un qui n’était pas dans leur moule idéologique.

Pour les Démocrates, tous les votes doivent être comptés. Pour les Républicains, le nombre massif de votes par correspondance pro Biden dans des Etats démocrates jette plus que la suspicion sur l’honnêteté du dépouillement. Si, après le recomptage et les éventuelles décisions de justice, le candidat démocrate dépasse toujours confortablement les 270 grands électeurs (il en est actuellement à 290), Trump se retrouvera abandonné puis seul. Mais il ira jusqu’au bout appuyé par une base prête à en découdre. La démocratie américaine pourrait en être très affaiblie. Certains parlent même de sécession. Une partie de l’Amérique n’a jamais accepté Trump comme président, l’autre pourrait ne pas accepter Biden.

Il est certain que l’Amérique de Trump fait plus peur que celle de Biden. On aurait tort cependant de la caricaturer en une sorte de petits blancs racistes n’acceptant pas l’émergence d’une Amérique plus multiculturelle. Le vote noir est à 17 % pour Trump, il a obtenu les voix de nombreuses femmes et un large soutien des hispaniques. Biden qui parait un homme plus apaisé est soutenu par une extrême gauche violente et des militants noirs aussi déterminés que les suprémacistes blancs. Biden a inquiété par ses absences, ses trous de mémoire et un manque évident de dynamisme, comme de charisme. Il a cependant fait front dans les débats et il peut se vanter d’avoir eu le plus grand nombre de suffrages pour un candidat à la présidentielle. Il est largement en tête dans le vote populaire comme Hilary Clinton l’avait été.

Joe Biden rend hommage aux 400.000 victimes américaines du Covid-19

«Sleepy Joe» («Joe l’endormi», le surnom que lui donnait Trump) devra être plus que réveillé pour aller jusqu’au bout des recours judiciaires.

On ne peut de plus écarter des affrontements dans la rue et même une situation tendue très longtemps.

Quoi qu’il en soit, le rôle de l’Amérique dans le monde est en jeu. Le système américain va provoquer des ricanements en Chine et en Russie par exemple.

Sur ce qui s’est passé, on peut reprendre l’analyse de Benny Sanders. Invité par Jimmy Fallon dans le Tonight Show le 24 octobre dernier, le sénateur Bernie Sanders battu par Joe Biden lors de la primaire démocrate, avait exprimé ses inquiétudes sur le déroulement de cette élection. Comme beaucoup, il avait anticipé que le résultat ne serait pas connu le jour de l’élection: «Des États vont recevoir d’énormes quantités de vote par correspondance, ils ne seront pas en capacité de comptabiliser tous ces votes avant le jour de l’élection». Bernie Sanders cite comme exemple les États de Pennsylvanie, Michigan et Wisconsin, qui sont exactement ceux dont le résultat définitif s’est fait attendre. Les Américains avaient en effet la possibilité de ne pas se déplacer au bureau de vote et de voter par correspondance. La plupart d’entre eux étant démocrates, cette manière de voter a eu des répercussions sur l’évolution des résultats. Bernie Sanders avait prédit le comportement de Donald Trump.
Là encore, Bernie Sanders a vu juste : «Il se pourrait que le jour de l’élection, Trump gagne dans le Michigan, en Pennsylvanie, dans le Wisconsin. Qu’il aille sur les plateaux de télévision et dise: merci Américains de m’avoir réélu, c’est terminé. Une fois ces votes par correspondance comptés, il est possible que Biden remporte ces Etats. Alors Trump dira: Vous voyez ? Je vous avais dit que tout était frauduleux. Nous ne céderons pas la présidence». C’est exactement ce qu’il s’est passé, Donald Trump a annoncé sa victoire avant que Joe Biden ne renverse la tendance dans ces États. Le président en place a alors annoncé qu’il allait demander un recomptage et que les votes par correspondance ne devraient pas être comptés.

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Joe Biden sera sans doute, définitivement, le futur Président américain mais de toutes façons, pas avant janvier. Le 14 décembre les grands électeurs voteront et la Cour suprême aura décidé de la sincérité du vote. Mais jusque-là Trump reste légalement à la Maison Blanche. Que pourrait-il faire pour ne pas quitter le bureau ovale ? Certains s’en inquiètent, d’autres pensent qu’humiliée la baudruche se dégonflera. Mais qui est vraiment Trump ? Cette question, 4 ans plus tard, n’est toujours pas résolue. Elle risque cependant de ne plus être d’actualité.

Patrice Zehr

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