Eleveurs | Beaucoup de raisons d’être inquiets…

Eleveurs | Beaucoup de raisons d’être inquiets…

Aïd Al Adha 2020 n’aura pas la même saveur cette année avec la circulation du virus de la Covid. A quelques jours de cette fête religieuse, très suivie par les Marocains, les prix des moutons baissent considérablement. Et cela ne fait pas les affaires des éleveurs…

A l’autre bout du fil, des éleveurs, approchés par Le Reporter, ne cachent pas leur inquiétude du fait que cette année est très particulière et que plusieurs incertitudes planent à l’horizon. «Cette année, nous avons réduit l’effectif de moitié. D’une part, il est difficile de maîtriser les charges en ces temps difficiles, et d’autre part, il n’y a pas assez de visibilité quant à l’écoulement de nos moutons sur le marché… Les prix ne sont pas là. Les prix continuent de chuter. Cela ne peut même pas couvrir les frais et le coût de l’élevage, lequel est très important cette année, surtout avec la sécheresse et la crise de Coronavirus», déplore Driss Allal, fils d’un éleveur à Ich dans la région de Figuig (zone frontière avec l’Algérie).

«Mon père risque d’y laisser des plumes, durant cette fête, à cause de la situation difficile et de la baisse des prix. Habituellement, en cette période, les prix commencent déjà à augmenter et la demande est là. Mais l’offre est plus importante que la demande. Aujourd’hui, un mouton qu’on vendait à 2500-3000 DH est vendu à 1000-1200 DH. Et si la pandémie continue, les prix vont encore chuter. Un gros manque à gagner», constate avec regret Driss Allal.  Il ajoute : «Les éleveurs doivent faire le déplacement à Oujda pour vendre leurs bêtes. Car le prix y est un peu plus élevé qu’à Figuig ou Bouarfa où la crise sanitaire provoquée par la Covid-19 a frappé très durement la filière ovine déjà souffrante».

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Joint au téléphone, notre interlocuteur soutient que la période est rude et soulève de nombreuses préoccupations dont l’approvisionnement en alimentation animale. «La situation est plus que tendue et l’avenir de la filière est menacé surtout en ce qui concerne les petits éleveurs», dit-il. Pour lui, il y a plusieurs choses: «déjà, on souffrait de la sécheresse qui touche la région et avec le déclenchement du virus au Maroc et le confinement, les rassemblements sont interdits donc pour les professionnels, il est quasiment impossible d’écouler leur production».

Durant le confinement, les éleveurs sont contraints de garder leurs ovins et caprins pour un temps indéfini, s’inquiète un autre éleveur de Bouarfa. «Nous ne pouvons plus vendre nos agneaux pendant cette période, le marché était totalement fermé. Ce qui veut dire qu’on devait débourser de l’argent pour nourrir nos bêtes», souligne cet éleveur, qui craint de ne pas pouvoir écouler sa production d’agneaux à des prix raisonnables pendant la fête de l’Aïd Al Adha.

«Cette crise liée au Coronavirus, lâche-t-il, pourrait chambouler la filière ovine de Beni Guil durant plusieurs mois et accroître le malheur des petits éleveurs qui souffraient déjà de la sécheresse».

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Interrogés par Le Reporter, plusieurs petits éleveurs déclarent qu’ils sont complètement désemparés avec le renchérissement sans précédent des cours de l’aliment de bétail et la chute des prix de vente du mouton. «Le coût de l’élevage est énorme. La sécheresse a eu un impact défavorable sur les cours de l’aliment de bétail. La dotation d’orge subventionnée que j’ai reçue est nettement insuffisante pour répondre aux besoins de nos moutons. Je dois compléter par du son facturé à 3 DH le kilo, du maïs 3,5 DH le kilo et de la paille à plus de 30 DH la botte», soutient un éleveur. «Ces frais ne permettent pas de faire des économies. Le risque de vendre à perte mes moutons après l’Aïd est palpable», déplore ce petit éleveur de Beni Guil dont la race est une des principales races locales marocaines. Cette race peuple notamment les zones des plateaux de l’oriental : Tendrara, Bouarfa, Figuig et régions. Son effectif s’estime à environ 1.910.881 têtes soit 11,4% du cheptel national ovin.

Enfin, notons que différentes races sont disponibles au Maroc. Selon nos éleveurs, la race Beni Guil est très prisée par les habitants de Tanger et Mohammedia. Mais la race la plus prisée reste le Sardi. Elle est très demandée par les habitants de la région de Casablanca-Settat. Elle est de ce fait un peu plus chère que les autres races, indique-t-on.

Naîma Cherii

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