Elle m’a abandonné !

Fawzi, fonctionnaire, 42 ans, est marié et père de 3 enfants. Cet homme amoureux continue d’espérer le retour de son épouse. Avec elle, il en aura vu de toutes les couleurs, raconte-t-il. L’abandon aura été le coup de grâce…

«Mon épouse m’a quitté et je ne sais toujours pas pourquoi. Je suis pourtant un homme conciliant, affectueux et fidèle. Mais un soir, de retour chez nous après mon boulot, j’ai retrouvé une maison vide. La porte que j’avais ouverte était bien celle de chez nous, mais l’intérieur n’y ressemblait en rien, un désert inconnu. Je n’y ai vu que mes vêtements, mes chaussures, mes papiers, gisant épars sur le sol de notre chambre. Pour comprendre, j’essayais de contacter ma femme par téléphone.

La voix de l’opératrice me répondait qu’il n’y avait plus d’abonné à ce numéro. Je recomposais le numéro, pareil: la même bande sonore défilait. Comment avait-elle osé? C’était pourtant moi qui aurait pu me délivrer d’elle, de sa mauvaise humeur, de sa jalousie féroce, de sa violence et non pas le contraire. Oui, je sais, ce n’est pas courant qu’une épouse fasse subir de mauvais traitements à son homme, mais ça existe, j’en suis la preuve. Pourquoi l’avoir supportée autant d’années sans réagir, me demanderez-vous? Tout simplement parce que j’étais et je reste très amoureux d’elle et aussi pour mes enfants.
J’ai grandi dans un orphelinat. Ensuite, j’ai été recueilli par un vieux couple sans enfants, pas très commode. Toute ma jeunesse je n’ai cessé de croire au miracle imminent dans ma vie; que mes parents n’étaient pas morts et qu’ils allaient réapparaître pour m’emmener avec eux. Je n’ai pas connu toutes les effusions d’amour et de tendresse que je procure à mes enfants aujourd’hui. C’est pour eux que j’ai trinqué et, sans l’ombre d’un doute, pour mon cœur aussi. Impossible de le nier, j’aime ma femme comme un fou. Je suis même prêt à tout lui pardonner, pourvu qu’elle revienne. Je me pose en tout temps, sans arrêt, cette question: pourquoi ce changement si soudain? Qu’ai-je donc fait de si grave? Est-elle plus folle que je n’aurais jamais pu imaginer? Est-ce pour un autre homme? Non, cette dernière éventualité ne peut pas être envisagée, pas ma femme. Notre idylle a débuté sur les lieux de notre travail. Nous nous sommes épris l’un de l’autre comme le feu prend sur la paille. Notre relation était sulfureuse et passionnée. Cette femme dont j’étais follement amoureux me disait qu’elle était capable de se couper les veines si je la quittais un jour. J’étais complètement épris, persuadé que c’était ça le vrai amour. Il ne pouvait donc pas être raisonnable.
Nous nous sommes mariés, envers et contre tous, parce qu’il y avait eu quelques complications avec sa famille. Je n’avais personne pour me représenter à part moi-même et deux de mes meilleurs amis. Et pas de fortune non plus, seulement un bon job. Nous avons eu trois beaux enfants, les plus beaux du monde. J’ai toujours cédé à tous les caprices de ma femme, à sa hargne, à ses mots grossiers et à ses coups également. Ce qui comptait pour moi, c’était son amour. Elle m’avait donné la chance d’avoir une famille et de merveilleux enfants. Oui, j’étais infiniment heureux. Je préfère continuer de croire encore aujourd’hui, malgré tout, que ma femme m’aime et m’a toujours aimé, mais à sa façon. Je ne souhaite que sa présence et celle de mes enfants à mes côtés. Je ne supporte plus cette situation qui me fait bien plus mal que les coups, les reproches et tout le reste. C’est vrai que mon épouse n’était plus la même après qu’elle a quitté son emploi. Je reconnais effectivement que ce n’est pas toujours que du bonheur, ni que de la joie pour une femme active de se retrouver à passer ses journées avec trois bambins et à s’occuper de la maison. Elle est devenue maladivement suspicieuse, trop autoritaire, puis carrément despote. Elle contrôlait systématiquement toutes mes allées et venues. Le simple fait d’aller prendre un café avec mes amis était chèrement payé à mon retour. Je subissais un interrogatoire minutieux, humiliant, mais je prenais sur moi. Puis s’enchaînaient les mots durs, les cris, les coups. Elle me reprochait de l’abandonner à son sort, d’être trop absent, pas suffisamment impliqué dans notre vie de couple, ni dans l’éducation de nos enfants. Elle m’ordonnait de l’aider ensuite comme dans un rituel devenu systématique. Elle se mettait dans des colères noires et violentes. Elle envoyait valser tout ce qu’elle avait sous la main, m’accusant de tout faire de travers exprès pour l’énerver. Je restais de glace, affolé que l’un de mes enfants ne soit blessé par un projectile. La panique m’étouffait. De suite, je tentais la réconciliation, je lui montrais que je ne lui en voulais pas. J’essayais de la calmer, la cajoler et lui faire oublier ses rancœurs injustifiées à mon égard. Je cachais mes douleurs émotionnelles pris dans le piège de cet amour démesuré que je portais au bourreau qu’était ma femme et l’amour inconditionnel pour mes enfants. L’idée d’une rébellion, d’une séparation ou d’un divorce ne m’avait jamais effleuré l’esprit, jamais! Pas même une seconde! La solitude de cet individu «sans famille» que j’étais me fait horreur. Somme toute, mes efforts avaient été vains, puisque c’est ma femme qui a mis la clé sous le paillasson, emportant avec elle mes enfants et le mobilier. Je sais qu’elle est chez ses parents. Je ne sais toujours pas ce qu’elle me reproche ou ce qui l’a poussée à réagir de la sorte et m’abandonner. Tout ce dont je suis sûr, c’est que ma petite famille me manque tellement et je ne supporte pas cette idée de saisir la justice que me suggèrent mes amis. J’ai peur que les choses empirent et que je perde du temps, de l’argent et surtout tout ce qui compte pour moi dans cette vie».

«Pas de société démocratique sans l’égalité des sexes»

Mariem Bennani

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Un commentaire

  1. Je suis si désolée pour vous.

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