Emmanuel Macron reçoit, vendredi, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, afin d’élaborer avec le géant américain une stratégie de régulation d’Internet, quelques mois après l’appel de ce dernier à un « rôle plus actif » des États dans ce domaine.
La lutte contre les contenus haineux sera au menu des discussions entre le président français, Emmanuel Macron, et le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, vendredi 10 mai à Paris, avec en filigrane l’épineuse question de la régulation des géants du web.
Un an après leur rencontre lors de la « Tech for Good », les deux hommes ont chacun de leur côté œuvré pour un meilleur contrôle des contenus haineux en ligne.
La France se veut en première ligne pour jeter les bases de nouvelles régulations, à la fois au niveau national et européen. La député LREM Laetitia Avia travaille ainsi sur une proposition de loi qui permettrait notamment d’imposer de fortes amendes aux plateformes qui ne suppriment pas sous 24 heures les contenus haineux, ou aux acteurs numériques qui renâclent à collaborer avec la justice française.
Du côté de Facebook, les critiques régulières sur ses échecs en matière de modération, illustrés par la diffusion en direct de la tuerie de Christchurch en mars dernier, ont poussé Zuckerberg à appeler les États à la rescousse pour jouer un « rôle plus actif » dans la régulation d’Internet.
Dans une tribune publiée le 30 mars dernier, le patron de Facebook avait appelé à de nouvelles règlementations dans quatre domaines : les contenus violents et haineux, l’intégrité des élections, la protection de la vie privée et la portabilité des données.
Facebook a déjà accepté d’ouvrir ses portes à une mission de fonctionnaires français, qui ont cherché à mieux comprendre comment la plateforme repérait et retirait les contenus postés par les internautes. « Les équipes Facebook ont vraiment joué le jeu », a récemment déclaré à l’AFP le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, qui rencontrera Mark Zuckerberg vendredi matin.
« Mark vient voir le président (français) avec la conviction que c’est en France qu’on peut avancer le mieux » sur les questions de régulation, a de son côté indiqué un responsable de Facebook à l’AFP. La mission sur la régulation des réseaux sociaux, lancée en mars, est dirigée par Benoît Loutrel, ex-directeur général de l’Arcep (régulateur français des Télécoms), qui a été lobbyiste chez Google France en 2017.
Les conclusions de cette mission, qui seront rendues publiques vendredi, pourront inspirer la législation française, voire européenne, explique l’Élysée.
Marc Zuckerberg et Emmanuel Macron devraient également discuter de la charte sur la haine en ligne, que la France veut faire adopter au G7 de Biarritz fin août, ainsi que « l’appel de Christchurch » contre les contenus « terroristes ».
Cet appel sera lancé par des patrons d’entreprises numériques réunis le 15 mai à Paris pour la 2e édition de « Tech for Good », autour d’Emmanuel Macron et de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.
Deux mois après la tuerie qui a fait 50 morts dans deux mosquées de Nouvelle-Zélande, cet appel visera à « ce que de nouvelles mesures concrètes soient prises pour que ce qui s’est passé à Christchurch ne se reproduise pas », selon la présidence.
La visite de Mark Zuckerberg intervient alors que jeudi, un autre cofondateur de Facebook, Chris Hughes, a appelé à « démanteler Facebook » – en séparant le réseau social des applications Instagram et WhatsApp –, et a mis en cause le PDG pour avoir sacrifié la protection de la vie privée au profit du « clic ».
Avec AFP