Youssef Chahed
Ce jeudi 17 janvier, jour de grève générale en Tunisie, le dirigeant du principal syndicat de salariés défie ouvertement le chef de gouvernement, Youssef Chahed, qu’il accuse, en substance, de brader les «acquis de la souveraineté nationale». L’épreuve de force, âpre, farouche, ajoute un nouvel élément d’incertitude à une transition démocratique tunisienne, de plus en plus grevée par les hypothèques socio-économiques.
L’atmosphère est électrique en Tunisie, au seuil d’une année électorale. La mobilisation de l’UGTT n’est en effet pas anodine, alors que le petit pays d’Afrique du Nord, terre d’éclosion du seul «printemps arabe» à avoir survécu au reflux général ayant suivi les bouleversements de 2011, s’apprête à retrouver le chemin des urnes -élections parlementaires et présidentielle- à la fin de 2019.
Huit ans après la révolution, les acquis démocratiques se sont accompagnés d’une stagnation, voire d’une régression sur le terrain social et économique. La fronde attisée par l’UGTT exprime un désenchantement largement partagé dans la population. Si le taux de croissance a rebondi à 2,8%, après le trou d’air provoqué par les attentats djihadistes de 2015, l’horizon reste obscurci par de vives tensions inflationnistes, une érosion continue du dinar, un alourdissement de l’endettement public (à 71,5% du PIB) et surtout un taux de chômage élevé (15% de la population active).
P. Zehr