Energies renouvelables Desertec dans un trou d’air

Desertec maroc 2013

Mauvaise passe pour l’initiative Desertec Industrie Initiative (Dii). La 4ème Conférence annuelle de Dii, qui a eu lieu les 30 et 31 octobre 2013 à Skhirat, aura été une occasion pour relancer le débat, d’autant plus que le nombre des groupes énergétiques adhérents est tombé à 40 entreprises.

Après quatre ans de son lancement (2009), la partie est loin d’être gagnée pour l’ambitieux projet Desertec Industrie Initiative (Dii) promu dès le départ par pas moins de 56 groupes énergétiques à renommée mondiale. Aujourd’hui, elles sont moins de 40 entreprises, selon Paul Van Son, PDG de Dii. Pour rappel, le coût de l’investissement est estimé à 400 milliards d’euros pour répondre à presque le septième des besoins énergétiques européens à l’horizon 2050. Les enjeux géostratégiques et économiques des deux rives de la Méditerranée risquent de retarder -pour ne pas dire bloquer- cette initiative qui n’est pas d’ailleurs la seule visant à créer un marché des énergies renouvelables dans la région MENA, pour couvrir une partie des besoins européens en électricité verte. Le plan solaire méditerranéen lancé en 2008, ainsi que le projet Medgrid, une initiative française annoncée en 2011 et fédérant 20 partenaires industriels, dont l’objectif est de développer des interconnexions électriques entre le nord et le sud de la Méditerranée, viennent en fait compléter une partie du puzzle des énergies renouvelables. Des programmes qui en disent long sur leurs acteurs clés. Et ce n’est pas fortuit que Van Son souhaite, dans son discours inaugural de la 4ème Conférence annuelle de Dii, de voir la France et l’Allemagne réunies autour de son projet. Sans oublier l’Italie.
Conscient des tendances de moins en moins européennes et de la perte progressive de l’engouement des industriels, surtout les Allemands, le patron de Dii n’a pas manqué de mettre en avant le rôle de plus en plus consistant de la société civile. «Nous avons créé un réseau de société civile pour sensibiliser sur la transition énergétique», annonce-t-il. Une mesure qui pourrait être considérée comme une preuve du malaise. C’est d’autant plus vrai que la fondation Desertec, à l’origine même du projet pharaonique, a mis fin à son partenariat en se séparant du consortium industriel Dii, début juillet 2013.
Interrogé sur les projets réalisés sur le terrain depuis le coup d’envoi Desertec, Van Son répond que son objectif n’est pas d’investir, mais d’identifier les projets réalisables, en mesure de bénéficier de financements à travers des fonds mis à disposition. Le fonds d’investissement Redimena en est un exemple. «Nous jouons un rôle de catalyseur et de facilitateur de marché. Notre mission est de créer les conditions favorables aux développeurs de projets», explique-t-il. Autre raison au fait que le projet Desertec soit malmené, c’est la faible intégration des pays du Sud, comme l’a bien explicité Noureddine Bouterfa, PDG de l’entreprise publique Sonelgaz. «Le problème des interconnexions est purement politique et n’est en aucun cas économique. L’intégration du marché est complexe et il faut qu’il y ait équilibre, tout d’abord», estime-t-il. Une perception qui n’est pas sur la même longueur d’onde que celle d’Abdelkader Amara, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement. «Pour voir aboutir un marché régional d’électricité, des efforts continus seront nécessaires tant au sud de la Méditerranée où des installations de génération et de transport devront être renforcées, qu’en Europe où les infrastructures devront être repensées de façon à pouvoir accueillir cette énergie», déclare-t-il à cette occasion, confirmant par là le soutien du Maroc à l’initiative Desertec. Un soutien qui trouve son fondement dans la libéralisation du secteur des énergies renouvelables permettant l’impulsion des échanges internationaux de l’électricité produite à partir de sources renouvelables. Cela voudrait-il dire par ailleurs que le marché national est attractif? À en croire cet industriel, il y a un problème de rentabilité sur le marché marocain. À son avis, il est difficile d’être compétitif sur un marché encore subventionné.

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Mohamed Mounjid

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