«Il y a 480 variétés qui ne sont pas encore étudiées ni valorisées»
Près de neuf ans après la création de l’ANDZOA, quel bilan faite-vous de l’action de cette Agence?
On vient de tenir notre Conseil d’orientation stratégique. L’occasion de présenter le bilan des actions de l’Agence qui se fixe pour objectif de poursuivre son travail, dans le cadre d’un programme intégré de développement de deux zones, lesquelles sont très marginalisées: les oasis et les zones de l’arganier. Créée en 2009, l’Agence n’a vraiment entamé son travail sur le terrain qu’en 2012, avec l’élaboration d’une stratégie que nous avons présentée devant SM le Roi à Errachidia. Une stratégie qui fixe des objectifs et des ambitions de ce que nous faisons de 2012 à 2020. Il est à souligner que l’Agence travaille sur trois axes de développement durable. D’abord, l’axe social, c’est-à-dire comment répondre aux besoins immédiats des gens en matière de routes, de désenclavement, d’électrification rurale et d’accès à l’eau potable, à la santé, à l’éducation, etc. Le 2ème volet de notre action est économique. En fait, on voudrait rendre les deux territoires en question plus attractifs, le but étant de les rendre compétitifs en se basant sur les potentialités dont ils disposent. Et aussi de créer la richesse. Pour cela, nous avons identifié trois créneaux: l’agriculture, les mines et le tourisme rural. Ainsi, pour l’agriculture, il y a d’abord les dattes dans les palmeraies et l’arganier dans la zone de l’arganier. Mais il y a également beaucoup de produits du terroir qui sont spécifiques à ces zones où ils ont des points compétitifs. On veut donc créer de la richesse à partir de cela. Concernant les mines, il faut souligner que plus de 40% de ces dernières se trouvent dans ces zones. Il y a différents minerais, mais ils ne sont pas très bien exploités. Nous voudrons donc créer une activité économique autour des mines. Le troisième volet porte sur le tourisme rural. A travers le tourisme rural, on peut également créer de la richesse. Côté environnemental, l’Agence s’est d’abord attaquée à la possibilité de mobiliser le maximum d’eau, car on assiste à une pénurie d’eau dans ces régions. Nos efforts portent également sur comment sauvegarder le sol et sur les solutions à apporter pour arrêter la dégradation du sol. A noter que pour ces deux axes, nous avons des projets bien concrets.
Qu’en est-il du volet financier?
Nous sommes une agence des ingénieries, c’est-à-dire de l’ingénierie des projets. On travaille avec tout le monde. On a un programme intégré avec tous les départements ministériels et les services du ministère de l’Agriculture. On les oriente et on procède au suivi de tous les indicateurs. On rappelle à l’ordre quand il y a du retard. Pour faire tous ses projets prévus, l’Agence a besoin d’un investissement de 92 milliards de dirhams de 2012 à 2020. En matière d’investissement, les différents départements ministériels ont déjà contribué pour 37 à 40%; investissements qui sont réalisés, jusqu’à maintenant. Sachant que l’ANDZOA a mis 2 milliards de dirhams, globalement. Disons qu’on a 44% des investissements qui sont déjà faits.
Concrètement, pensez-vous que certains de vos objectifs sont déjà réalisés, notamment sur le plan social?
Oui. Nous procédons à un suivi des indicateurs. Le constat est que, de 2012 à aujourd’hui, il y a une diminution du taux de pauvreté. On est passé de 14% -ce qui est un taux très loin de la moyenne nationale à l’époque- à 9% actuellement. De même, il y a une augmentation du PIB au niveau de toutes ces zones. On est passé de 84 milliards de dirhams, en 2012, à 112 milliards de DH, soit une augmentation très importante.
Qu’a-t-on réalisé pour le palmier dattier?
Pour la filière des palmiers dattiers, il y a tout un programme que nous suivons dans le cadre du Plan Maroc Vert. Pour la filière des palmiers dattiers, l’objectif, c’est d’abord la réhabilitation de toute la palmeraie traditionnelle, laquelle représente 40.000 hectares. Mais également de moderniser le palmier dattier sur 17.000 hectares, à l’horizon 2020. Qu’est-ce qu’on a réalisé? La réhabilitation de la palmeraie, c’est par la plantation des plants de palmier dattier. On a l’objectif de planter 3 millions à l’horizon 2020. Aujourd’hui, on a planté 1,8 million des plants de palmier dattier. Donc, on est très bien dans le cadre de nos objectifs. Sur les 17.000 hectares, on a planté 3.000 hectares. A savoir que 2.000 hectares seront plantés l’année prochaine.
Malgré ces efforts, le Maroc reste un pays importateur des dattes…
Avant le démarrage du PMV, on produisait 90.000 tonnes et, aujourd’hui, on est à 112.000. Sachant que l’année dernière, on a fait le top, soit quelque 128.000 tonnes. Mais ça reste en deçà des besoins de la population marocaine. Le Maroc importe plus de 30.000 tonnes. Notre objectif, c’est d’arriver à 160.000 tonnes en 2020. Je pense qu’on va dépasser ce chiffre.
Le marché national connaît la commercialisation de dattes de mauvaise qualité, notamment celles provenant de certains pays. Qu’en dites-vous?
Nous avons un contrôle aux frontières. On peut toujours agir sur la mauvaise qualité par le contrôle. On ne doit pas laisser passer ce type de dattes par nos frontières. Ceci dit, je pense qu’aujourd’hui, il y a un grand progrès au niveau de la palmeraie nationale. D’ailleurs, la thématique de SIDATTES 2017, c’est la valorisation des dattes. Aujourd’hui, on accompagne les producteurs des dattes qui sont organisés en coopératives. Et puis en Groupement d’intérêt économique (GIE). On les aide à créer des unités de conditionnement et de froid, pour garder à la production sa bonne qualité. Il faut savoir qu’au Maroc, il y a beaucoup de variétés nobles. Quand on fait une analyse de la palmeraie, on trouve qu’il y a plus de 480 variétés qui sont très importantes, mais qui ne sont pas encore étudiées ni valorisées. Donc, je pense que le potentiel est devant nous. L’INRA et toutes les autres institutions concernées par le sujet y travaillent d’ailleurs.
Propos recueillis par Naîma Cherii