«Le projet sera maintenu !»
Le projet de loi sur l’exercice de la médecine et l’ouverture du capital dérange nombre de médecins qui ont peur de la transparence et de la bonne gouvernance, précise le ministre de la Santé. Mais il sera maintenu. C’est un projet de loi modifiant la loi actuelle sur l’exercice de la médecine.
Il ne s’agit pas d’une loi sur la libéralisation et l’ouverture des capitaux uniquement, mais aussi sur l’exercice de la médecine. La libéralisation et l’ouverture du capital constituent un seul article sur pratiquement 120.
S’agit-il de libéraliser le secteur?
Pas du tout, il ne s’agit pas de libéraliser. Que veut dire libéraliser? C’est prendre le public et le donner au privé.
Comment alors qualifier ce projet?
Nous sommes en train de mettre de l’ordre à l’intérieur d’un secteur privé qui est déjà privé.
De quel ordre s’agit-il?
Ça veut dire que, pour le moment, ce sont uniquement les médecins du privé qui ouvrent les cliniques et on propose à ce que l’ouverture du capital concerne également les non médecins.
Et l’indépendance professionnelle des médecins que ceux-ci veulent sauvegarder?
Nous tenons à garder l’indépendance professionnelle des médecins -et j’y insiste- par une relation conventionnelle entre les médecins et les cliniques, par le Comité médical qui va prendre toutes les décisions médicales, à commencer par le recrutement du personnel, l’achat du matériel et les activités exercées; un comité médical constitué exclusivement de médecins qui vont prendre ces décisions.
Qu’en est-il du directeur de la clinique?
Nous avons proposé qu’il soit médecin.
Et pour ce qui est des salaires?
Là aussi, nous avons proposé dans ce projet qu’il n’y ait pas de salariat médical.
Qui a contribué à ce projet?
Ce projet, nous l’avons mis sur pied avec tous les gens qui ont voulu s’ouvrir au débat. Le Conseil national de l’Ordre, le Collège syndical des médecins spécialistes privés, les médecins indépendants et l’Association nationale des cliniques privées, tous ont fait des propositions et des contre-propositions.
Avez-vous retenu quelques-unes de ces propositions?
Nous en avons retenu plus de 65%.
La finalité de ce projet?
L’essentiel, c’est de garantir l’indépendance professionnelle des médecins et d’ouvrir le capital aux investisseurs. Moi, personnellement, je ne vois pas pourquoi, quand il s’agit de construire et d’équiper, il faut qu’on soit médecin. Quand il s’agit d’opérer, c’est vrai, il faut que ce soit un médecin. C’est là où il y a litige.
Quel est l’élément essentiel de ce projet?
C’est qu’il va aller vers la transparence.
Et concernant les obligations et contraintes?
Il imposera aux cliniques de déclarer les médecins. Il y aura l’affichage des noms de ceux qui travaillent dans la clinique. On affichera aussi les prix et ce qui est conventionné dans la tarification. Le projet de loi exige que le citoyen puisse accéder aux informations médicales concernant sa maladie, etc. Donc, on va s’acheminer vers la transparence totale.
Est-ce que ça dérange quelque part?
Peut-être que cela dérange certains collègues.
Quelle valeur ajoutée aux soins assurés par la profession?
Ça va permettre une offre de soins plus variée et plus proche du citoyen et de lutter aussi contre le chômage. Ça permettra la concurrence et qui dit concurrence dit baisse des prix et bonne gouvernance.
Quelle attractivité à l’intérieur du pays?
Nous avons beaucoup de Marocains qui partent à l’étranger avec des devises. Ils resteront ici, au pays. Nous avons également des Africains qui vont en Europe. Eh bien, ils préféreront sans doute venir chez nous. C’est un autre moyen d’investissement au Maroc. Enfin, ce projet d’ouverture du capital existe dans plus de 68% des pays de par le monde. Je ne vois pas pourquoi nous devons nous opposer à cela. Maintenant, c’est la transparence.
Allez-vous renoncer à ce projet sous la pression?
On va y aller, parce que nous jugeons que le projet est fiable et porteur d’espoir pour le secteur et pour les Marocains.
Interview réalisée par Mohammed Nafaa
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Article 31 de la Constitution «L’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à la mobilisation de tous les moyens à disposition pour faciliter l’égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir des droits: |