Marrakech a abrité la 11ème édition de la Conférence mondiale du Réseau des Organismes de Promotion du Commerce (OPC). Une occasion, a-t-on souligné, pour insister sur le positionnement des pays africains dans la chaîne de valeur mondiale. L’Afrique a été placée cette année au cœur de la conférence qui s’est tenue sous le Haut patronage du Roi Mohamed VI.
Dans cet entretien, Zahra Maafiri, directrice générale de Maroc Export, explique au Reporter l’apport et l’importance d’une telle conférence à l’action des OPC. Pour elle, Les OPC constituent un pont entre les gouvernements et le secteur privé.
Quel apport peut avoir cette conférence quant à l’action des OPC?
La 11ème édition de la Conférence mondiale du Réseau des Organismes de Promotion du Commerce est consacrée à la discussion des moyens à mettre à la disposition des organismes de promotion, pour répondre aux défis du commerce mondial. Lesquels défis, aujourd’hui, sont dans les méga tendances. C’est dans la digitalisation de l’économie, c’est l’économie inclusive et ce sont aussi les retombées des négociations de la COP22 sur tous les nouveaux standards et les normes qui sont en train de se serrer, parce qu’il y a l’émergence de plusieurs pays sur la scène du commerce mondial. Auparavant, on ne comptait que peu de nations commerçantes. Aujourd’hui, il y a de par le monde une multitude de nouveaux acteurs du commerce mondial qui sont nés et qui sont très actifs. Et chacun développe ses propres normes. A cela s’ajoutent les normes de l’économie verte. S’ajoute aussi le défi de rétrécissement des chances d’accès au marché mondial, même s’il y a de grandes zones de libre-échange. Il y a également des zones d’accès aux marchés sur lesquelles il faut un autre type d’information et un autre type d’accompagnement. Et il faut également toujours se souvenir qu’il y a une PME, il y a une TPE…
Faut-il exclure les grandes entreprises alors?
Absolument pas. Les grandes entreprises ont, certes, leurs propres défis et personne n’est à zéro risque sur le marché mondial. Mais la TPE et la PME, c’est encore plus. C’est pour cela que notre rôle, en tant qu’organisme de promotion de commerce, est de répondre à ce souci, parce qu’il y a le souci de l’emploi, celui de l’équilibre social et cela est érigé en tant que première priorité des stratégies nationales de développement qui sont gérées par les gouvernements. Donc, nous sommes le pont entre le gouvernement et le secteur privé et nous devons comprendre les soucis des deux parties et répondre avec des outils efficaces, à l’instar de ce qui se passe dans le monde. C’est pour cela qu’on se réunit ici. On échange, on fait des benchmarks et vraiment chacun de nous apprend de l’autre comment il a réussi tel projet, telle dimension, tel secteur, tel marché et telle démarche des entreprises. Donc, c’est un très bon réseau pour nous et ça fait une thérapie de groupe. Et ça nous permet également de revenir enfin avec de nouvelles propositions sous le chapeau du Centre de commerce international qui nous est dédié et qui nous aide à moderniser nos outils, pour répondre aux défis du commerce mondial et également pour défendre la position qui doit revenir à un organisme de promotion de commerce, aujourd’hui, dans la structure de développement économique de toute nation…
On parle de la création d’un réseau arabe des OPC. Quel serait l’apport de ce réseau à l’action de promotion?
En effet, nous vivons aujourd’hui le lancement du réseau arabe. Là, nous arrivons un peu en retard par rapport à ce qui se passe en Asie, en Amérique et en Europe. On nous a présenté des réseaux qui existent depuis plus de 50 ans dans des économies que nous croyons très compétitives et concurrentielles entre elles. Et nous, on a toujours compris dans le monde africain et arabe qu’on exporte la même chose et qu’on n’a rien à faire d’organismes communs de promotion de commerce, mais c’est non … L’expérience à l’internationale nous a montré que les pays asiatiques sont ensemble, même s’ils font la même chose. Mais il y a le partage, il y a le benchmark et le réseautage, il y a l’action commune pour positionner leurs régions, leurs pays et leurs entreprises. Donc, nous sommes en train de nous rattraper; on a créé notre réseau africain et on a entamé la création de celui des pays arabes. Et nous sommes heureux, aujourd’hui, d’être comme les autres continents avec nos réseaux, pour coordonner nos actions et répondre au positionnement de notre continent et de notre région.
Et où en est le réseau africain récemment né?
Le réseau africain est aujourd’hui présent, vous le voyez. Cette exposition est celle des pays membres du réseau des OPC africains. Donc, on a coordonné pendant une année et demie pour collecter l’information et créer ce side évent à l’occasion de cette 11ème édition. Tout le monde est content de cette synergie que traduit l’exposition de produits venant de chacun des pays et qui représente sa spécificité. Malgré les similitudes, chaque pays à sa chance, compte tenu du fait que le marché mondial compte 7 milliards de consommateurs et, du fait qu’il y a toujours des niches, il y a toujours des différenciations de produits… L’Afrique, comme on a toujours dit, est un grand Continent, composé de plusieurs petits continents et chacun a ses spécificités qu’il peut faire valoir sur le marché mondial avec beaucoup de succès et avec l’aide de tout le continent
Qu’en est-il du label «Made in Africa»?
Le réseau travaille sur cette image et nous avons été partie prenante du montage de cette conférence et de son animation. Nous avons tenu à ce jour des réunions à Casablanca, à Rabat, à Dakar et à Abidjan où nous avons discuté de plusieurs étapes que nous devons franchir ensemble, pour faire valoir ce réseau et lui donner les moyens de travailler sur certaines filières et certaines actions communes. Nous l’avons déjà commencé, comme on a dû le constater. Comme Maroc Export parle «Made in Morocco», il parle «Made in Africa». C’est déjà là une action par laquelle on répond à notre réseau. Et nous faisons prévaloir et le Maroc et l’Afrique là où on va et partout dans le monde.
Propos recueillis à Marrakech par Hamid Dades