Isolées avec leurs conjoints violents, à cause du confinement, des femmes marocaines sont exposées à la violence conjugale. Les associations féministes s’activent pour les accompagner. Le point avec Bouchra Abdou, présidente de l’Association Tahadi pour l’Egalité et la Citoyenneté (ATEC).
En cette période de confinement, les cas de violences contre les femmes ont augmenté considérablement. Pourquoi selon vous ?
En cette période particulière, il est très difficile pour une épouse violentée de quitter le domicile conjugal. Le confinement devait être une occasion en or pour se rapprocher de sa famille. Hélas, certains « hommes », profitent de cette situation particulière pour malmener leurs conjointes. C’est honteux et inadmissible!
Quelles sont les actions menées et les mesures prises par l’Association Tahadi pour faire face au phénomène de la violence conjugale, notamment en cette période particulière?
Nous avons mis en place une cellule d’écoute et d’accompagnement à distance des femmes victimes de violences conjugales en temps de confinement. Cette cellule qui a récemment vu le jour à Casablanca, se compose de sept personnes (3 assistantes sociales, un médecin généraliste, une psychologue et deux avocates). Une coordinatrice se charge de diffuser les signalements de violences conjugales avant d’en assurer le suivi personnalisé. Certes le confinement nous a obligés à fermer nos locaux. Néanmoins, les femmes victimes de violences conjugales peuvent contacter notre association à travers les réseaux sociaux.
Le suivi des femmes battues n’est-il pas impacté par l’état d’urgence sanitaire en vigueur au Maroc depuis plus d’un mois?
En effet, le suivi des femmes violentées durant le confinement est très difficile. En plus de la présence ou de l’intervention physique qui ne peut être assurée, on se trouve aujourd’hui dans l’incapacité de saisir la police ou le procureur, dans le cadre de cet accompagnement, puisque les autorités restent principalement mobilisées pour mettre en œuvre et faire respecter les mesures d’urgence sanitaire, face au Covid-19.
Les violences faites aux femmes en période de confinement revêtent désormais un caractère international…
En effet, les violences domestiques dans le contexte actuel que traverse le monde, revêtent un caractère mondial. Je rappelle que la rapporteuse spéciale auprès des Nations Unies sur la violence à l’égard des femmes avait averti de ce phénomène en alertant sur une recrudescence des violences conjugales durant le confinement sanitaire.
LR