Abdessamad Nasser Journaliste Marocain
«Je ne remercierai jamais assez mes concitoyens marocains pour les sentiments sincères à mon égard»
Il a passé plus de 26 ans à Al Jazeera, en tant que présentateur principal, qui a marqué l’histoire de la chaîne Qatarie.
Après des années de bons et loyaux services, le journaliste marocain Abdessamad Nasser a été licencié du jour au lendemain. Son péché a été de défendre, par le biais d’un tweet, sa mère patrie et l’honneur de ses compatriotes contre les attaques algériennes lâches, pour le moins que l’on puisse dire. Bien qu’il soit victime d’un licenciement arbitraire, Abdessamad Nasser a fait preuve d’un grand sens de civisme, se refusant à attaquer ses collègues ou à descendre l’image d’«Al Jazeera». Dans cet entretien exclusif accordé au Reporter, il dit avoir définitivement tourné la page et qu’il préfère marquer une petite pause, le temps de rebondir vers des horizons meilleurs. Abdessamad Nasser a affirmé qu’il compte retourner vivre au Maroc, parmi ses concitoyens auxquels il a tenu à adresser un grand merci, pour les marques de sympathie et de solidarité dont ils ont fait montre à son égard.
Après plus de 26 ans de travail au sein d’Al Jazeera, la chaîne d’information basée au Qatar a mis fin au contrat qui vous lie depuis 1997. Raison invoquée pour justifier cette décision, le fait que vous ayez tweeté pour répondre aux attaques algériennes qui avaient pris pour cible le Maroc et les Marocaines. Qu’est-ce qui s’est passé exactement?
En ce qui me concerne, j’ai tourné cette page pour me concentrer sur mon avenir et celui de ma famille. En tant que Marocain qui se respecte, je me refuse d’attaquer la chaîne «Al Jazeera» où j’ai travaillé pendant un quart de siècle et qui m’a permis d’approfondir mon expérience en tant que journaliste professionnel. Ce n’est pas parce qu’un responsable à la Direction de la chaîne a malévalué une situation, que je vais rayer vingt cinq ans de vie. Depuis que je suis arrivé au Qatar, j’ai toujours été bien traité aussi bien par les citoyens qataris que par les responsables de ce pays qui vouent, je tiens à le souligner, un total et profond respect au Maroc. Comme on dit, il faut toujours avoir le regard sur l’avenir tout en tirant les bonnes leçons des expériences antérieures. C’est ce que j’essaie de faire.
L’annonce de la rupture unilatérale, du contrat qui vous lie à «Al Jazeera», a suscité une grande vague de solidarité au Maroc, que ce soit de la part des citoyens ou d’un grand nombre de supports médiatiques, outre les Syndicats les plus représentatifs de la profession. Tous ont exprimé leur indignation suite à cette décision de licenciement arbitraire. Qu’est-ce que ça vous a fait, de savoir que les Marocains étaient derrière vous dans cette épreuve ?
Je ne remercierai jamais assez mes concitoyens marocains pour les sentiments sincères à mon égard. C’est ça le Maroc, une grande Nation. Je voudrais néanmoins leur demander de ne pas s’attaquer au peuple qatari qui voue comme je l’ai déjà dit, une grande estime à ses frères marocains.
Pour avoir vécu pendant de longues années à l’étranger, vous est-il arrivé de ressentir à un moment quelconque un détachement de votre pays d’origine, sachant que dans certains pays d’accueil les perspectives sont plus larges en termes de progression professionnelle?
Pas du tout ! Le Maroc ne m’a jamais quitté. Les Marocains qui vivent à l’étranger sont des Ambassadeurs de leur pays. Pour ne prendre que l’exemple du Qatar, on a tous vu que pendant la Coupe du Monde 2022, les responsables qataris brandissaient le drapeau marocain et encourageaient les Lions de l’Atlas, ce qui était une première mondiale. A mon humble avis, c’était un exemple des plus éloquents de la place qu’occupe le Royaume dans le concert des Nations.
En parlant d’attachement envers le Maroc, songez-vous à retourner au pays prochainement?
Effectivement, je compte retourner vivre au Maroc. J’aurai besoin d’un peu de temps pour renouer des liens, notamment avec le milieu journalistique et pour me réintégrer à 100% dans la société.
Vous avez acquis une grande expérience dans le domaine du journalisme. Quel regard portez-vous sur la presse marocaine aujourd’hui?
Le Maroc regorge de compétences dans tous les domaines, notamment celui des médias. La presse marocaine a un rôle central à jouer, notamment en matière de défense de l’intégrité territoriale du Royaume. Il est donc nécessaire d’accompagner les médias sérieux et crédibles.
Propos recueillis par Mohcine Lourhzal