Entretien Omar Akkouri, Co-président de la commission maroco-européenne

Entretien Omar Akkouri, Co-président de la commission maroco-européenne

« Tout les arrangements techniques sont possibles »

Le Reporter : Pour certains observateurs de la scène économiques, l’obtention d’un nouvel accord de pêche Maroc-UE relèverait de l’impossible d’ici à l’expiration de l’accord de pêche. Qu’en pensez-vous à la Commission maroco-européenne?

Omar Akkouri : Vous savez, les négociateurs ont leurs soucis et ont leurs prérogatives. Les professionnels de la pêche, quant à eux, qu’ils soient marocains ou européens ont d’autres prérogatives et d’autres inquiétudes. Il ne faut pas oublier que les négociateurs marocains et européens sont d’abord des responsables, et ce ne sont pas les professionnels qui décident du devenir de l’accord. Ce qu’il faut surtout ne pas oublier c’est qu’aujourd’hui nous sommes déjà satisfaits qu’il y ait négociations. N’oublions pas dans quelle situation de crise nous étions il y a trois ou quatre mois. A un moment donné, tout le monde pensait qu’on ne pouvait même pas aller à de nouvelles négociations, surtout que la Cours de justice européenne avait émis un avis contre la conclusion de l’accord. C’est donc très positif que les deux parties soient autour d’une table à négocier. A noter qu’une négociation, c’est avant et après tout une sorte de rapport de force. Et en tant que professionnels membres de la Commission maroco-européenne, notre rôle c’est surtout d’inviter à ce qu’il y ait toujours cette prise en compte des bonnes relations entre le Maroc et l’UE, lesquels sont encadrés- les gens ont tendance à l’oublier- par un statut avancé accordé au Maroc par l’UE. Ce statut avancé, notons-le, n’intéresse pas uniquement la pêche, mais aussi l’agriculture et le bon voisinage. Je crois que c’est surtout cela qu’il faut retenir.

Si aucun accord n’est conclu d’ici l’échéance de l’accord actuel, les embarcations espagnoles devront quitter les eaux marocaines. Surtout qu’aucune décision n’est encore prise pour la prorogation de l’accord pour continuer à pêcher en attendant la ratification du protocole…

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Entre des partenaires qui se respectent et qui se comprennent, les dispositions nécessaires seront certainement prises pour qu’il n’y ait pas de crise. Du moment que les deux parties sont au tour d’une table d’une négociation, ça veut dire que tout les arrangements techniques sont possibles. C’est tout à fait normal que les opérateurs espagnols sont plus inquiets que nous. Et d’ailleurs ceux qui les représentent à la table de négociation, doivent certainement tenir compte de cela. Mais ce qui est rassurant aujourd’hui c’est que les pourparlers sont maintenant entrain de se dérouler. Et chacune des deux parties a la responsabilité d’essayer de profiter de ces négociations. Parce que lorsqu’un accord est renouvelé, il est reconduit pour trois ou quatre ans. C’est donc tout à fait normal d’essayer de revoir certaines conditions notamment en ce qui concerne les aspects techniques.

Justement, sur cet aspect technique, il semblerait qu’il y ait des complications sur certains points techniques, ce qui  pourrait retarder l’avancement des négociations entre le Maroc et l’UE sur le partenariat de la pêche. Qu’en dites-vous ?

Par déontologies des choses et par correction, on ne va pas compliquer les choses à nos amis négociateurs, aussi bien du côté marocain que du côté européen. On va les laisser faire leur travail. Ce n’est pas la peine d’essayer  de parler maintenant de complications. Il faut surtout voir le côté positif de ces négociations. Cependant je dois dire que toutes les questions techniques peuvent trouver des solutions. Tant qu’il n’y a pas blocage politique – ce qui n’est d’ailleurs pas le cas- on ne peut qu’être confient. Car nos amis les négociateurs s’arrangeront certainement pour trouver solution à toutes les complications.

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Parmi les points qui diviseraient les négociateurs, le point des débarquements dans les ports marocains. Du côté européen, on évoque le problème des infrastructures marocaines qui doivent être mises à niveau. Il y a aussi le point relatif aux quotas. Qu’en dites-vous ?

En tant qu’opérateurs marocains, nous souhaitons aussi avoir les meilleures infrastructures portuaires qui existent au monde. Mais la demande du Maroc à ce que les débarquements se fassent dans les ports marocains est tout à fait légitime. A noter que ce détail technique trouve toujours solution. Ce n’est pas ça qui va bloquer les négociations. La preuve c’est que le Maroc a accordé la possibilité aux opérateurs européens de faire les débarquements ailleurs. Dans le sud, par exemple, les professionnels européens ne débarquent pas un kilo de poisson dans les ports marocains. Alors que normalement ils devraient le faire. Mais à cause justement de ce problème d’infrastructures portuaires qui ne sont pas encore mis à niveau, on leur permet de le faire au large de la mer, au large de Dakhla. Notons que si la compensation financière sert à quelque chose c’est bien à la mise à niveau de ces infrastructures qu’elle sert.

S’agissant du point relatif au quota, la flotte marocaine a la priorité sur certains stocks. Il y a des stocks sur les quels on n’accorde pas un kilo. C’est tout à fait normal, puisqu’il s’agit de stocks qui suffisent à peine aux marocains. Et là-dessus le européens ne disent rien et ne peuvent rien dire.

Entretien réalisé par Naîma Cherii

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