Un peu plus de 20 ans après son indépendance, ce pays, dont la surface est comparable à celle de l’Angleterre mais qui compte 5 millions d’habitants, est devenu un immense camp de travail forcé. Il est souvent comparé à la Corée du Nord -l’extravagance de son leader en moins-. Les rafles, les emprisonnements arbitraires, la torture y sont monnaies courantes.
A sa tête: Issayas Afeworki. Lui-même et son parti, le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), dirigent le pays depuis son indépendance en 1993. Léonard Vincent, auteur des «Erythréens» (Editions Rivage), résume ainsi le personnage dans une interview à l’Obs: «S’appuyant sur un régime d’exception mis en place après le déclenchement de la guerre avec l’Ethiopie, qui a fait quelque 100.000 morts entre 1998 et 2000, Afeworki a littéralement coupé l’Erythrée du reste du monde:
impossible d’entrer ou de sortir du pays pour la plupart des habitants. Aucune presse indépendante n’est évidemment autorisée dans le pays, ni aucun accès pour la presse étrangère… Quelque 10.000 prisonniers politiques croupiraient dans les geôles d’Afeworki. Ce qu’on leur reproche? D’avoir une activité politique, des croyances religieuses, un comportement qui aurait déplu, une tentative de fuite… Il existe ainsi plus de 300 camps de détention dans ce petit pays».
Patrice Zehr