Etats-Unis | American nightmare

Etats Unis American Nightmare

L’intrusion au Capitole d’émeutiers populistes a obligé Trump à reconnaître sa défaite. Alors qu’il avait galvanisé ses partisans, sa cause a été le dégât collatéral des débordements. La chose et maintenant entendue et définitivement entendue, c’est le contraire de ce qu’il voulait.

Il ne s’agissait certes pas d’une tentative de coup d’État, mais de la remise en cause de la légalité du processus législatif de la confirmation du vote. On a frôlé l’insurrection. Il y a eu de toute évidence des comportements factieux encouragés par le discours du président. Le Capitole des États-Unis  est le bâtiment qui sert de siège au Congrès, le pouvoir législatif des États-Unis. Il est situé dans la capitale fédérale. Le symbole est fort, c’est le cœur de la plus ancienne démocratie moderne du monde qui a été violé. Il faut voir les conséquences à court terme, mais pas seulement. Il y aura des poursuites de personnes identifiées. Parmi elles des marginaux et des provocateurs, mais aussi des représentants d’une Amérique profonde, blanche qui refuse un déclassement ou même un partage du pays, dont ils se considèrent comme les fondateurs avec les autres communautés afro américaines ou hispaniques. La présence d’un homme déguisé en chamane indien ne veut pas dire grand chose.  Plus révélatrice est celle de drapeaux sudistes (esclavagistes). La guerre de sécession ne s’est jamais terminée. Le poids de l’esclavage est toujours là et  le ségrégationnisme est en train de devenir un séparatisme. Trump risque de tomber dans les poubelles de l’histoire, mais ce qui a permis le trumpisme fait partie des identités américaines. Le cauchemar américain, c’est la possibilité d’une guerre civile rampante, nouvelle guerre de sécession, non pas entre les territoires mais entre les habitants. L’Amérique pays de l’émigration et du melting polt parait au bord de l’explosion et donc de l’échec d’un modèle qui se voulait universel.

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Les appels au calme du président Trump ne changeront pas grand-chose à la réalité. Trump a enregistré le message sous la pression de plusieurs alliés républicains qui lui ont demandé de s’exprimer publiquement à la suite des incidents de mercredi 6 janvier (2020), raconte Politico. Au début, il s’est opposé à l’idée de faire cette vidéo, précise le New York Times. «Ce n’est qu’en se rendant compte qu’il courait le risque de poursuites judiciaires pour avoir excité la foule» qu’il a changé d’avis, souligne le quotidien. Malgré un changement de ton radical, le Président est apparu de plus en plus isolé. À la Maison-Blanche, plusieurs de ses fidèles, dont la ministre de l’Éducation, Betsy DeVos, ont choisi de démissionner, rapporte NPR. «Pendant quatre ans, DeVos a été l’une de ses plus ferventes alliées au sein de ce gouvernement où l’on a beaucoup joué aux chaises musicales», souligne la radio publique américaine. Mais dans sa lettre de démission, l’ex-ministre n’épargne pas Donald Trump: “Il est indéniable que votre rhétorique a eu un impact sur la situation, et c’est un point de bascule pour moi», écrit-elle. La porte de sortie la plus simple serait que le Président remette tout simplement sa démission, estime le Washington Post qui a toujours combattu Trump et sa présidence. C’est aussi la solution privilégiée par le comité de rédaction du Wall Street Journal, un quotidien que Donald Trump apprécie. «Il ne sera pas facile d’introduire une procédure de destitution aussi tardivement et sans que cela ne génère de la rancœur, estiment les journalistes dans un éditorial. Cela mettra en colère les partisans de M. Trump, ce qui n’aidera pas M. Biden à gouverner et encore moins à mettre un terme aux divisions partisanes». Pour le Wall Street Journal, le mieux serait donc qu’il démissionne. «Ce serait la solution la plus adéquate puisqu’elle confierait immédiatement les fonctions présidentielles à M. Pence. Et cela permettrait à M. Trump de reprendre son destin en main, à la Richard Nixon».

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La presse internationale est très critique vis-à-vis de Trump. Le New York Times accuse Donald Trump d’avoir attisé ses troupes et voit dans l’attaque du Capitole par les partisans trumpistes le «dénouement inévitable de l’ère Trump». «Malheureusement, ce n’était pas une surprise», a déploré avec tristesse Jimmy Fallon, le présentateur du Tonight Show de NBC. «Le Capitole assiégé – Les supporters de Trump envahissent le cœur de la démocratie américaine», titre The Times de Londres, qui raconte comment les élus démocrates et républicains, réunis en session pour confirmer l’élection du démocrate Joe Biden, «ont enfilé des masques à gaz et se sont abrités sous les bureaux» pendant que le personnel «se cachait dans les bureaux». Pour le Guardian, ces violences constituent «le défi le plus important au système démocratique américain depuis la guerre civile».

En matière de géopolitique, les troubles provoqués par les partisans du président Donald Trump au Capitole à Washington sont une aubaine pour les adversaires des Etats-Unis. A commencer par l’Iran où le président Hassan Rohani a estimé que «la démocratie occidentale est fragile et vulnérable». La Chine n’est pas en reste. Le pays a dressé un parallèle entre la situation à Washington et les manifestations pro-démocratie à Hongkong. Invitée à réagir sur l’intrusion au Capitole de partisans pro-Trump et le chaos qui a suivi, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a jugé les scènes «familières» avec les événements de Hongkong. Cependant, cette fois, «la réaction de certaines personnes aux Etats-Unis, y compris de certains médias, est complètement différente», a-t-elle relevé.

Le rôle d’exemple démocratique de l’Amérique dans le monde est bien en cause après les événements du Capitole.

Patrice Zehr

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