La région du Rif est au cœur des préoccupations de la société civile. Une dizaine d’acteurs associatifs et d’ONG ont fait, lundi 5 juin, le déplacement dans la province d’Al Hoceima pour engager le dialogue avec le «Hirak» et les autorités locales. Leur initiative se clôturera par un rapport.
Après l’échec du gouvernement à apaiser les esprits dans la région du Rif, des acteurs de la société civile prennent l’initiative. En effet, ce lundi 5 juin, une dizaine d’acteurs civils, académiques et culturels, comme le président du mouvement Damir, Salah El Ouadie, l’Islamiste Mustapha Al Mouatassim et le militant Amazigh, Ahmed Assid, se sont rendus dans la ville d’Al Hoceima pour engager le dialogue avec le «Hirak».
Baptisée «Initiative d’Al Hoceima», cette initiative, qui a vu le jour peu après l’arrestation de plusieurs activistes du «Hirak», pour soutenir les manifestations d’Al Hoceima, les activistes détenus et leur famille, se fixe aujourd’hui pour objectif d’ouvrir un dialogue entre les autorités et le «Hirak».
Un travail que semblent, en tout cas, déjà entamer les membres de cette délégation d’acteurs associatifs dans la province d’Al Hoceima.
Un rapport devra être prêt, le plus tôt possible
Avec un planning très chargé, les membres de cette délégation d’acteurs associatifs et d’ONG devaient s’entretenir avec le Wali de la région, des Activistes du Hirak, le Procureur du Roi auprès du tribunal d’Al Hoceima, les élus, les familles des détenus, le délégué du ministère de la santé, etc. «Nous avons un agenda très chargé. Depuis notre arrivée à Al Hoceima, ce lundi et jusqu’à jeudi matin, nous allons travailler sans relâche… Nous allons devoir écouter tout le monde afin de réunir toutes les données, tous les éléments nécessaires, pour qu’à la fin nous puissions établir un rapport sur tout ce qui s’est passé dans cette province», nous déclarait Salah El Ouadie, président du mouvement Damir.
Selon ce dernier, ce rapport, qui, dit-il, devra éclairer l’opinion publique et les décideurs sur la situation dans la région du Rif, devra être fin prêt le plus tôt possible. «Nous allons rapidement plancher sur ce rapport», a-t-il lancé.
Avec le «Hirak», toutes les questions ont été abordées
Si El Ouadie n’a pas souhaité donner plus de détails sur les «deux» entretiens que les acteurs ont eus avec les activistes du «Hirak», il a toutefois confié que toutes les questions ont été soulevées, notamment celles portant sur certaines accusations à leur encontre. «Toutes les questions ont fait partie de notre échange avec les activistes du «Hirak». Mais ce que je peux vous dire à ce sujet, c’est qu’il y a eu un grand malentendu dans ce dossier», dit-il. Et le président du mouvement de Damir de poursuivre: «Les revendications du «Hirak» de la région du Rif sont légitimes. Cela fait longtemps qu’on n’a pas voulu écouter les activistes de ce «Hirak». Et maintenant, quand on a voulu les écouter, on a parlé des choses qui ont fâché, c’est-à-dire de tendances séparatistes. Or, jusqu’à présent, nous n’avons absolument pas remarqué des indices qui prouvent cela».
Retirer les accusations de trahison…
Comment alors instaurer un climat de confiance ? «Lorsqu’on veut établir un climat de confiance, il y a des démarches à suivre. Cela tout le monde le sait. Je pense que pour tirer le meilleur de ce qui se passe à Al Hoceima, il faut aller vers l’apaisement et vers l’écoute. Il faut aussi expliquer et étayer. C’est un travail qui n’est pas un travail de nature administrative. C’est surtout un travail de nature politique», explique Salah El Ouadie, un des fondateurs de l’«Initiative d’Al Hoceima». Les membres du «Hirak» réclament «la rupture avec les accusations de trahison adressées au mouvement revendicatif». Ils demandent également «la libération des détenus», le traitement rapide des doléances relatives notamment à l’enseignement et à la santé», ainsi que la mise à exécution du programme de développement d’Al Hoceima et région.
Pour les tenants de l’«Initiative d’Al Hoceima», «il est temps de dialoguer pour mettre fin à la tension dans la région du Rif». Le succès de ce dialogue est, cependant, «tributaire de l’urgence de la mise en œuvre de ses résultats, à travers la mise en place d’une instance nationale, régionale et locale, qui veille sur le suivi et l’évaluation», ont-ils estimé.
Naîma Cherii