Une volonté Royale. Un partenariat Public-Privé. Une coopération suédoise. Des banques mobilisées. Une préparation méthodique.
Comment a été conçu ce projet d’envergure, qui conduira la Maroc dans le cercle très restreint des pays producteurs de vaccins et même dans le top 5 mondial ? Projet qui vise autant la Souveraineté sanitaire nationale que celle du continent, dans le cadre de formats inédits… ?
Cette grande aventure biotechnologique, qui devrait déboucher sur la capacité du Maroc à produire 900 millions d’unités de vaccins durant le 5 années à venir, n’a pas commencé le 27 janvier 2022, jour où SM Mohammed VI présidait le lancement des travaux de Sensyo Pharmatech, l’unité industrielle de fabrication de vaccins de Benslimane.
L’idée d’un tel projet remonte au tout début de la crise sanitaire.
Dès l’apparition de la Pandémie, cela est désormais connu et reconnu, la réactivité du Roi Mohammed VI s’est distinguée par une rapidité et une anticipation exceptionnelles. Immédiatement, sur initiative Royale, un accord a été négocié avec la Chine qui cherchait des candidats aux essais cliniques. Le Maroc y a souscrit, en échange de deux promesses. La livraison du vaccin lorsqu’il sera prêt (Sinopharm en l’occurrence) et le transfert de technologie pour sa fabrication au Maroc-même, ultérieurement.
Ce qui a été fait. Aujourd’hui, le Maroc produit déjà localement 3 millions doses par mois et en fabriquera 5 millions mensuellement à partir du mois prochain.
Mais il n’était pas question de s’arrêter là. Le Discours Royal est limpide –tout autant d’ailleurs que ses actes- le Maroc tient à sa Souveraineté en tous domaines, le domaine sanitaire compris.
C’est ainsi que le 5 juillet 2021, le Souverain présidait au Palais Royal de Fès, une cérémonie de signature de conventions portant sur le projet de création d’une unité industrielle pour la production (fabrication et mise en seringue), au Maroc, du vaccin anti-Covid-19 et autres vaccins.
Ce fût, là, le véritable acte de naissance du projet de Benslimane.
Un projet-phare du partenariat public-privé, qui a donné lieu à la création de la société Sensyo Pharmatech. «Dans le cadre du projet Sensyo Pharmatech, le partenariat public-privé (PPP) compte la participation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, de trois banques -Bank Of Africa, Attijariwafa Bank et Banque Centrale Populaire, en tant qu’acteurs financiers- et du groupe suédois Recipharm, un des leaders mondiaux de la sous-traitance pharmaceutique, dont le cœur de métier est la fabrication et le conditionnement à échelle industrielle de vaccins et produits pharmaceutiques ; et qui gère 38 unités industrielles similaires dans le monde», confie Othman Benjelloun, Président de Sensyo Pharmatech et PDG du Groupe bancaire Bnak Of Africa (BOA).
«Nous sommes très actifs pour réussir ce projet. Nous sommes en train de réaliser la construction à Benslimane d’une usine Fill & Finish de vaccins (anti-covid et autres vaccins), qui aura trois lignes industrielles dédiées à la production de seringues pré remplies, de flacons de liquides et de flacons lyophilisés ; et d’en faire, avant fin 2022, un site de production de vaccins et de biothérapies qui aura un niveau qualitatif et des standards règlementaires reconnus mondialement», ajoute Othman Benjelloun. L’objectif est de produire, à partir de fin 2022, 120 millions de vaccins par an. Dans 3 ans le Maroc sera en mesure de produire 2 milliards de doses.
L’investissement initial est d’environ 230 à 250 millions de dollars US. Il est prévu qu’il soit de 500 millions pour les 5 années à venir. «On mobilisera les ressources nécessaires, mais il en faudra probablement plus…», prévient le Président Benjelloun.
Et d’expliquer pourquoi.
L’ambition est d’assurer la souveraineté sanitaire du Maroc, mais aussi celle d’autres pays africains, de mettre en place un hub biotechnologique pour le continent, pour tout ce qui concerne les médicaments.
Othman Benjelloun ne fait pas mystère du projet de coopération avec les pays d’Afrique. Un projet au format inédit. Lorsque la construction de l’usine de Benslimane sera achevée, Sensyo Pharmatech n’entend pas, en effet, se limiter à vendre ses vaccins.
Afin de faciliter l’approvisionnement de l’Afrique qui compte 1 milliard et 300 millions de consommateurs, précise Othmane Benjelloun, le Maroc prévoit de créer et de financer des unités dans quatre ou cinq pays africains, éventuellement avec des partenaires africains.
Othman Benjelloun tient à le souligner. Ce mégaprojet est né de la volonté Royale et s’inscrit dans la vision du Souverain visant à établir dans le Royaume, dans les 5 années à venir, un champion continental dans le domaine de la biotechnologie. «Sa Majesté y consacre beaucoup de son temps et nous prodigue ses conseils. Et nous, nous travaillons sur ce projet avec passion», conclut le Président de Sensyo Pharmatech.
B. Amrani