La sensibilisation et l’éducation des usagers du net sont les deux mots clés pour la lutte contre les Fakes news, ce phénomène mondial qui vient altérer le paysage médiatique, causant d’énormes dégâts en termes de sécurité dans une société, a souligné, mardi à Rabat, M. Hassane Saoudi, expert en stratégie et sécurité et chercheur associé à l’Institut royal des études stratégiques (IRES).
C’est la responsabilité partagée des parents, de l’école et des médias professionnels, ces derniers étant tenus d’informer le public pour limiter le champ d’action de la communication alternative, via les médias sociaux, a estimé M. Saoudi.
Il a rappelée, ce sens, l’obligation pour les services publics de communiquer pour tenir le citoyen informé de leurs actions, leurs performances et leur savoir-faire, conformément à l’article 27 de la Constitution relatif au droit d’accès à l’information.
Mais certains médias sociaux ignorent et bafouent les règles déontologiques à dessein pour diffuser des Fakes news, qui produisent des effets négatifs sur le moral d’une population et exacerbent le sentiment d’insécurité, a-t-il expliqué.
Érasme, un philosophe du 15ème siècle, disait : l’esprit de l’Homme est ainsi fait, que le mensonge a cent fois plus de prise que la vérité. Cela reste malheureusement valable sous l’empire de la technologie, tient à souligner M. Saoudi, ce Colonel de la Gendarmerie royale aujourd’hui à la retraite.
Le sentiment d’insécurité pourrait être exaspéré par la rumeur, la bouche à oreille ou par certains médias sociaux, qui ont une capacité de viralisation extraordinaire, a-t-il relevé, ajoutant que l’usager du numérique devrait intégrer cette nouvelle donne pour ne produire que la réalité des faits, car sa responsabilité est engagée.
La technologie est un support, elle est neutre et n’est pas responsable de ce qu’on y met, a dit l’expert marocain, qui a insisté sur la sensibilisation pour développer un esprit critique chez le consommateur de l’information et y renforcer le devoir de vérité et de sincérité.
Tout en respectant les bonnes pratiques, l’utilisateur du net devrait toujours avoir à l’esprit les responsabilités pénales en cas d’inobservation des règles de loi, a-t-il mis en garde, ajoutant que le problème se pose essentiellement avec certains usagers des réseaux sociaux qui ignorent souvent que cet espace de liberté est aussi un espace de responsabilité.
Évoquant la question des statistiques de la criminalité et leur communication, M. Saoudi a indiqué que ces statistiques relèvent de la sécurité objective qui repose sur des données réelles et non pas de la sécurité subjective qui rend compte de la perception du citoyen.
Les statistiques en général sont de ce fait des outils pédagogiques destinés à cartographier la réalité de la criminalité et à sensibiliser, éduquer et booster la vigilance des citoyens, sans laquelle la société perd sa cohésion, a-t-il noté.
Néanmoins, là aussi, elle doit rassurer, asseoir la confiance et non alarmer. Une bonne communication ciblée renforce la résilience sociétale indispensable à la sécurité collective, a dit M. Saoudi.
Pour immuniser les citoyens contre les fakes news, le chercheur de l’IRES estime utile d’adopter une stratégie basée sur une prévention dynamique, axée essentiellement sur la visibilité quotidienne des autorités et des services de sécurité et le raffermissement du lien social entre la population et les institutions de l’État.
Ce dispositif préventif permet de rassurer la partie saine de la population et de dissuader cette minorité incivique, souligne-t-il, jugeant également nécessaire d’avoir une Sécurité judiciaire, comme signalée dans le discours Royal du 20 août 2009, garante de l’efficience, de l’équité et de la crédibilité.
Toujours dans le cadre des efforts visant à immuniser les citoyens contre les Fakes News, M. Saoudi met l’accent sur l’importance de la mise en place de l’Observatoire National de la Criminalité, en tant qu’outil d’analyse et d’évaluation, qui constitue une réforme majeure de nature à raffermir ce sentiment de sécurité chez le citoyen.
Avec MAP