La décision prise par le ministère de l’Intérieur de fermer les écoles relevant du Groupe scolaire Mohamed Al-Fatih, lié au prédicateur turc Fethullah Gülen, continue de faire des mécontents. Les parents d’élèves estiment que leurs enfants ont été pénalisés pour des faits qui leur sont étrangers.
Jeudi 5 janvier 2017. Le ministère de l’Intérieur annonce la fermeture des établissements scolaires relevant du groupe Mohamed Al-Fatih, lié à Fethullah Gülen, impliqué dans le coup d’Etat avorté en Turquie, en juillet 2016. Selon le département de Mohamed Hassad, cette décision intervient «suite aux investigations menées par les parties compétentes au sujet des établissements scolaires relevant du Groupe Mohamed Al-Fatih lié au turc Fethullah Gülen, leader du mouvement turc ‘‘Hizmet’’». La même source indique avoir relevé des irrégularités multiples relatives à l’«usage de l’enseignement et de l’éducation pour faire la propagande d’une idéologie extrémiste, contraire aux principes du système religieux et éducatif marocain».
Une décision pénalisante
Au lendemain de la décision de fermeture du groupe scolaire Mohamed Al-Fatih au Maroc, les parents d’élèves ont éprouvé un sentiment d’injustice. Ils estiment qu’il est inconcevable et illogique de fermer une école au beau milieu de l’année scolaire. Par exemple, au collège Mohammed Al-Fatih de Casablanca, qui est l’un des trois établissements de la ville concernés par cette fermeture, les parents d’élèves ont assisté dernièrement à une réunion avec le staff pédagogique qui leur a annoncé la triste nouvelle.
Choqués par le fait que leurs enfants seront redéployés dans d’autres écoles de la métropole, risquant ainsi une année scolaire instable à tous points de vue, les parents, impuissants, ont demandé au département de l’Education nationale d’attendre la fin de l’année scolaire 2016-2017, avant de prendre une décision définitive. «Nous payons pour que nos enfants étudient. Alors qu’on ne vienne pas fermer une école au milieu de l’année», ont-ils réclamé. Du côté des élèves, c’est l’incompréhension totale, sachant que la fermeture du groupe scolaire Mohamed Al-Fatih a été décidée en période d’examen scolaire.
Les solutions de sortie de crise
Voulant calmer les esprits, le ministère de l’Education nationale a tenté de rassurer sur l’avenir des élèves du groupe scolaire Mohamed Al-Fatih. Le département de Rachid Belmokhtar a expliqué que la fermeture des écoles de ce groupe ne devrait pas compromettre le parcours scolaire des centaines d’élèves qui y sont inscrits. Selon les responsables marocains du groupe scolaire, un compromis a été proposé, afin de permettre à l’école de continuer d’exercer au moins jusqu’à l’été prochain. Les mêmes sources ont ajouté que la solution à long terme serait de procéder au changement du nom du groupe scolaire Mohamed Al-Fatih, pour en assurer la gestion par des cadres marocains. Les autorités marocaines avaient pris, en mars 2009, une décision similaire à l’encontre de l’Ecole irakienne de Rabat, autorisée pendant les années Saddam Hussein. A l’époque, cet établissement scolaire était soupçonné de diffuser le chiisme au Maroc.
Vouloir sanctionner un groupe scolaire pour des questions politiques est une chose, prendre en otage des centaines d’élèves à des fins purement politiques en est une autre…
Mohcine Lourhzal