Le cinéma marocain de qualité trouve toute sa place au Festival international du film de la capitale fédérale des Etats-Unis (Filmfest DC), qui veille depuis plus de trois décennies à présenter, au terme d’une sélection rigoureuse, la diversité du cinéma mondial, a affirmé la directrice adjointe de ce prestigieux événement artistique, Shirin Ghareeb.
“La production cinématographique au Maroc n’est certes pas encore prolifique mais il y a des films de qualité et des réalisateurs talentueux”, a déclaré, dans un entretien accordé à la MAP à Washington, Mme Ghareeb qui est aussi fondatrice et directrice de l’”Arabian Sights Film Festival”, affilié au Filmfest DC, durant lequel de nombreuses productions nationales ont été présentées au public américain.
Dans le cadre de sa 33ème édition (25 avril-5 mai), le Filmfest DC a programmé le long métrage franco-marocain “Tazzeka”, un conte optimiste sur l’exil et la passion pour la cuisine.
Projeté, deux fois, dans le cadre d’une section spéciale baptisée “Foodflix”, dédiée au cinéma portant sur la gastronomie et l’art de la table, le long métrage Tazzeka, “pyramide” en amazigh, sorti en 2018, a attiré une bonne audience.
Le film, une production marocaine, a “été suivi par un public d’horizons divers, curieux, avisé et qui aime le bon cinéma”, a indiqué la responsable du Festival.
“Tazzeka est une histoire sur la cuisine marocaine mais aussi sur l’immigration”, a indiqué cette spécialiste du cinéma en relevant que le 7ème art est “un medium très fort pour parler de l’immigration”, un sujet d’une actualité brûlante dans le monde, particulièrement aux Etats-Unis sous l’administration Trump qui fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité de son mandat et une des clés pour sa réélection.
Pour la directrice adjointe du festival de Washington, le cinéma met en avant des expériences humaines et les défis auxquels les gens font face. Il permet aussi une meilleure compréhension de ce genre de phénomènes sociaux et constitue une source d’inspiration.
A travers le cinéma, le message peut être mieux transmis et avoir un large écho car il s’adresse à un public qui aime l’art mais qui est aussi attentif à ce qui se passe dans son environnement, a-t-elle dit en rappelant que le festival s’articule autour de plusieurs sections portant sur la comédie, la musique internationale mais aussi sur la thématique de la justice sociale.
Sur 11 jours, le festival international du film de Washington a connu la projection de 80 films en provenance de 45 pays, produits par des réalisateurs tant établis qu’émergents.
Selon ses organisateurs, quelque 16.000 spectateurs ont payé leurs tickets aux guichets des différents cinémas de la métropole pour suivre la programmation de cette année.
Interrogée sur le cinéma marocain d’aujourd’hui, cette américaine d’origine irakienne qui connait bien l’état du 7ème art dans le monde arabe, a indiqué suivre l’évolution du cinéma dans le Royaume pour avoir programmé, au fil des 23 éditions passées de l’Arabian Sights Film Festival, une variété de productions du Royaume.
“Presque aucune édition ne passe sans la programmation d’un film marocain”, a-t-elle dit, citant, entre autres, “Sofia” de Meryem Benmbark, “Rock The Casbah” de Laïla Marrakchi, “Mon Oncle” du réalisateur Nassim Abassi, ou encore “Volubilis” de Faouzi Bensaïdi
Organisé par le DC International Film Festival, “Arabian Sights Film Festival” met en avant, depuis 23 ans, le cinéma dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La prochaine édition aura lieu du 18 au 27 octobre prochain.
Chaque année, ce rendez-vous artistique propose au public américain une sélection de nouveaux films du monde arabe.
“L’un des rares festivals de ce genre aux États-Unis, cet événement offre une compréhension plus profonde du monde arabe, de son héritage culturel riche et de la diversité de ses histoires. C’est une plate-forme qui aide à briser les images stéréotypées de la région en présentant les réalités complexes de la société arabe et les problèmes auxquels elle fait face aujourd’hui”, indique Shirin Ghareeb.
Cet événement entend contribuer à la création de ponts culturels entre les Etats Unis et le monde arabe et à mettre en valeur un cinéma de qualité provenant d’une région souvent négligée par les salles obscures américaines.
Après une licence en littérature de l’Université de Georgetown, Shirin Ghareeb a obtenu un master de l’université de Johns Hopkins. Elle fait partie du comité d’organisation du festival international du film de Washington depuis 1990.
En reconnaissance de son parcours dans le monde artistique, elle s’est vu attribuée en 2012 la distinction “Femme de vision” dans la catégorie “Film et vidéo” décernée par le magazine américain “Women of vision”, de même qu’elle a figuré dans une liste de 100 personnalités influentes du cinéma arabe dans la catégorie “festivals”, désignée par le Centre arabe de cinéma dans son édition 2018 publiée à l’occasion du festival de Cannes.
Avec MAP