FIFA, Blatter et rancune au Maroc

Bien sûr, au niveau officiel, aucun commentaire n’a été fait au Maroc.
Ni au sujet de l’arrestation, mercredi 27 mai, des 14 personnes impliquées dans le scandale financier de la FIFA (9 membres élus et 5 partenaires).
Ni à propos des accusations portées mardi 2 juin contre Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa et bras droit de Blatter (il aurait effectué un virement de 10 millions de dollars sur des comptes gérés par l’ancien vice-président de la FIFA, Jack Warner ; ce qui aurait permis à l’Afrique du Sud, alors en compétition avec le Maroc, de remporter l’organisation du Mundial 2010).
Et encore moins au sujet du coup de tonnerre qu’a constitué, ce même 2 juin, la démission du tout-puissant président de la FIFA, Joseph Blatter, alors réélu depuis 4 jours à peine.
Aucun commentaire officiel…

Mais, dès que les noms des élus de la FIFA arrêtés pour corruption ont été rendus publics, c’est le Maroc tout entier qui s’est senti concerné. Et pour cause, 4 parmi les 5 élus de la FIFA interpellés étaient des votants en faveur de l’Afrique du Sud et contre le Maroc, lorsque les deux pays étaient candidats à l’accueil du Mundial 2010 ! Et la ministre de la Justice américaine a été très claire, affirmant qu’il y a eu corruption dans l’attribution de la coupe du monde 2010.
L’espoir des Marocains avait été si grand à l’époque (juste après que le pays eût échoué à l’organisation du Mundial 2006) et la déception si amère, lorsque les résultats du vote avaient donné l’Afrique du Sud gagnante (en mai 2004) que, cette semaine, toutes les suspicions et toute la rancune contre la FIFA, ses élus et son président sont, d’un seul coup, remontés à la surface.
Dans de larges pans de l’opinion publique, non seulement on se félicite de ce coup de filet considéré comme ayant rétabli le Maroc dans ses droits moraux, comme a pu dire Moncef Belkhayat, ex-ministre de la Jeunesse et des sports (les couches populaires expriment cela en d’autres termes, estimant que le Maroc qui a ses saints et sa «Baraka» a été vengé). Mais on attend désormais que tous ceux qui ont failli rendent des comptes… Y compris le président Blatter qui ne peut si facilement se laver les mains du système incriminé, lui qui a passé 40 ans au sein de la FIFA et 17 ans à sa tête.
En réalité, le fait que Blatter doive rendre des comptes, tôt ou tard, ne fait plus de doute. S’il n’en était pas lui-même convaincu, il ne se serait pas incliné, annonçant sa démission 4 jours après sa réélection. Les enquêteurs l’ont dans le collimateur et ne lâcheront pas prise en si bon chemin. Personne ne peut croire –et les enquêteurs encore moins- que la corruption et le quasi-racket, érigés en système au sein de la FIFA pendant toutes ces années- étaient totalement ignorés de son président. Même s’il n’a jamais trempé dans la corruption, comme le soutient sa fille (l’enquête et, s’il y a lieu, la Justice, confirmeront ou infirmeront cela), il était le 1er responsable de la FIFA. A ce titre, il doit répondre de ce qu’il s’y passait.
Un Congrès ordinaire de la Fifa était prévu le 13 mai 2016 au Mexique. Suite au scandale, le calendrier est chamboulé. Un congrès extraordinaire, une assemblée élective et le choix d’un nouveau président, auront lieu d’ici à mars 2016, comme l’a annoncé Domenico Scala, président du comité d’audit de la Fifa.
«Je vais continuer à exercer mes fonctions d’ici là et je suis désormais libre des contraintes d’une élection. Je vais me concentrer pour engager des réformes ambitieuses», a déclaré, encore confiant, Blatter. Prenons le pari qu’il ne gardera pas les rênes de la FIFA jusque-là. S’il le croit, c’est qu’il n’a pas encore pris la mesure de la détermination de ceux qui ont accumulé, contre lui, soit des accusations soit des rancunes… Soit les deux !
Pour ne rien arranger, les locaux de la Fifa ont été perquisitionnés, dans le cadre d’une procédure pénale pour soupçon «de blanchiment d’argent et gestion déloyale» concernant les attributions des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.
Au Maroc, même ceux qui ne sont pas de grands passionnés de foot attendent avec impatience que la lumière soit faite sur tout cela. Ici, les coups reçus par Joseph Blatter et Aïssa Hayatou ne poussent pas à l’indulgence !

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Un commentaire

  1. J’en suis certain, M. Blatter s’en sortira sans aucun problèmes et oui je me souviens au début des années 2000 beaucoup de monde pensaient que la coupe du monde de foot reviendrait au Maroc. C’est bien dommage, ça aurait changé beaucoup de choses

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