Les opérateurs sucriers envisagent de couvrir 62% de la consommation nationale à l’horizon 2020 mais, pour cela, le secteur a besoin de 1 milliard de dirhams (MMDH) pour contrer la hausse des produits énergétiques.
Les professionnels du secteur sucrier ont procédé à la signature de 3 conventions lors de la Journée d’étude organisée par la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre), le 9 avril dernier. Sous le thème «R&D et innovation, leviers d’amélioration de la productivité de la filière sucrière», cette rencontre avait pour objectif de mettre en évidence l’importance de la Recherche et Développement dans l’essor de la filière sucrière au Maroc.
Le contrat-programme, qui a été signé entre le gouvernement et Fimasucre, est arrivé à son terme fin 2013. Au bilan, le rendement du sucre par hectare (ha) s’est amélioré, passant de 7,8 tonnes en 2006 à 9,5 tonnes en 2013, soit une progression d’environ 22%. Pour sa part, l’industriel Cosumar a engagé un plan de mise à niveau qui a nécessité un investissement de plus de 5 MMDH. Ce plan visait à réduire la consommation énergétique et à accompagner l’évolution de la production agricole grâce à l’accroissement des capacités de traitement des sucreries pour atteindre 4 millions de tonnes chaque année. A cela s’ajoutent la modernisation du conditionnement et celle des sucreries et de la raffinerie. Ainsi, la capacité industrielle a pu atteindre 1.650.000 tonnes/an de sucre blanc à fin 2013, dépassant les besoins du marché qui sont de 1.200.000 tonnes/an.
A travers le nouveau contrat-programme 2013-2020, la filière vise la croissance du taux de couverture des besoins en sucre à partir de la production nationale pour atteindre 62%, ainsi que l’extension progressive des superficies réalisées annuellement pour atteindre 105.770 ha, dont 77.500 de betterave sucrière et 22.900 de canne à sucre. A cela s’ajoutent la hausse de la production du sucre blanc à 856.000 tonnes, le perfectionnement des capacités de traitement des sucreries et l’amélioration du rendement en sucre à 10,8 tonnes/ha pour la betterave sucrière et 9,6 pour la canne à sucre.
Toutefois, la hausse du prix du fuel affecte l’équilibre économique de la filière sucrière et freine les investissements programmés dans le contrat-programme, particulièrement au niveau des sucreries de betterave consommatrices de fuel. Preuve en est que «la profession a subi de plein fouet la hausse du coût de l’énergie qui a crû de 56% depuis juin 2012», affirme Mohamed Fikrat, président de Fimasucre. De ce fait, la Fédération estime que des mesures d’accompagnement s’avèrent urgentes pour stimuler le développement de la filière, notamment l’augmentation du prix du sucre et le passage au charbon qui nécessitera la mobilisation d’un milliard de dirhams et qui ne se fera qu’au bout de 5 ans.
S’agissant de la hausse du prix du sucre, le ministre chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed Louafa, a affirmé que les prix des produits subventionnés ne connaîtront pas de changement. Il a tenu à rappeler que pour la période 2009-2013, la compensation a coûté 19,5 MMDH à l’Etat pour la filière sucrière.
Pour ce qui est des prévisions 2014, la production de sucre raffiné devrait dépasser la barre d’un demi-million de tonnes. «Nous prévoyons d’atteindre une production qui dépasse les 500.000 tonnes de sucre raffiné, contre 350.000 tonnes une année auparavant, en raison de l’augmentation des superficies emblavées en betterave sucrière qui ont passé de 35.000 ha durant la campagne 2012-2013 à 53.000 ha pour la campagne 2013-2014», a déclaré le directeur du Développement des filières de production au ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Nabil Chaouki.
Anas Hassy
……………………………………………………………………………
Détail des conventions * Convention entre la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre) et la Fédération nationale interprofessionnelle des semences et plants (FNIS): * Convention entre Cosumar, l’Union nationale des associations des producteurs des plantes sucrières du Maroc (UNAPPSM) et le Crédit agricole du Maroc: * Convention entre la Sucrerie raffinerie de cannes (Surac), la Sucrerie nationale de betterave du Loukkos (Sunabel), l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb (ORMVAG) et l’Association des producteurs des plantes sucrières du Gharb (APPSG): |
…………………………………………………….
Ils ont déclaré…
Mohamed Fikrat, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre)
«Les conventions qu’on a signées avec les opérateurs de la filière visent à mettre en œuvre un ensemble de plans d’action. Par exemple, la convention avec le Crédit Agricole a pour objectif de booster et d’accompagner, d’une manière générale, le financement des planteurs de la betterave et de la canne à sucre dans toutes les régions. Pour ce qui est de la convention qui concerne l’ouest du Royaume, elle ambitionne d’encourager la plantation de la canne à sucre et de trouver des solutions pour contrer les différentes difficultés. La troisième convention entre la Fimasucre et la FNIS vise à donner un coup de fouet au programme de Recherche et Développement qui porte sur les semences».
………………………………………………………
Abdelkader Kandil, président de l’Union nationale des associations des producteurs des plantes sucrières du Maroc (UNAPPSM)
«La dernière hausse du prix du fuel a coûté 70 millions de dirhams de charges supplémentaires à une seule usine de Sidi Bennour, située dans la région de Doukalla-Abda. Ce montant sera payé à parts égales par l’usine et les agriculteurs. De ce fait, nous considérons qu’on doit recevoir une aide ou une subvention pour contrer cette problématique du fuel. Aujourd’hui, nous avons peur de cette hausse du prix du fuel qui impactera la compétitivité du secteur sucrier».
Propos recueillis par A.H