A quelques jours seulement de la fin du confinement (10 juin 2020), les citoyens n’ont qu’une idée en tête, en finir avec cet ennemi invisible qui, pendant près de trois mois, a changé et chamboulé leur vie, menacé leur quotidien rendu indécis leur avenir et mis les entreprises du pays sur le fil du rasoir. Aussi voient-ils en le dé-confinement un réel bol d’oxygène et la liberté retrouvée.
A près d’une semaine de la fin du 3ème round de confinement, le débat sur le dé-confinement est à l’ordre du jour, pimenté par des violations ici et là dans des villes ou quartiers. Les questions se succèdent et ne se ressemblent pas: le confinement a été peu ou trop long ? Le remède est-il pire que le mal ? Le confinement aurait-il tué l’économie. Si on n’avait pas confiné, une chose est sûre, il y aurait eu un tsunami, un véritable drame humain, ou une explosion de morts beaucoup plus nombreux que ceux annoncés par les statistiques des autorités sanitaires… Le non respect des consignes sanitaires et des gestes barrières aggravant les choses.
Le ras le bol des citoyens inhabitués à cette nouvelle pratique qu’est le confinement, est de plus en plus visible, dans les paroles comme dans les faits et gestes. Et, malgré la bonne volonté et la vigilance des autorités, tous niveaux, les citoyens –ça se sent– ont eu du mal à contenir leur «addiction» à la rue. Plus particulièrement dans les quartiers à haute précarité. On a vu des marchands ambulants vaquer à leurs habitudes, étaler fruits et légumes, malgré les interdictions des autorités compétentes, reprenant bon gré mal gré leurs droits, en attendant la sortie de crise sanitaire officielle qui tarde à s’annoncer et un éventuel plan de relance de l’économie qui devrait, en principe, s’il est bien élaboré, rassurer aussi bien les acteurs économiques que les citoyens. Nombre de commerces ont déjà frappé sur la table, manifestant leur désaccord avec les règles proposées pour garantir le strict respect des règles sanitaires et pour éviter de passer –ce qui serait regrettable– de la crise sanitaire à la crise sociale.
A quelques jours seulement du dé-confinement du 10 juin 2020, les anti-confinement ont-ils eu raison de ne pas souscrire entièrement aux règles des autorités sanitaires du pays ? Nous sommes face à une véritable crise économique, nous a confié un syndicaliste. Zéro touriste, du jamais vu au pays ! Près d’un million de chômeurs, des secteurs économiques en chute libre… D’autant plus que les partenaires des secteurs industriels ne sont pas en meilleure posture. Eux aussi ayant souffert du coronavirus et se retrouvant sans visibilité à court et à long terme, ils doivent se réinventer ou changer de cap. De son côté, le gouvernement devrait donner des signaux bien précis, des investissements publics forts et surtout répondre à la question que tout le monde se pose et qui concerne l’après dé-confinement, a souligné un industriel. Ajoutant qu’il faut aujourd’hui passer à la vitesse supérieure, à savoir: dé confiner prudemment pour avoir une casse sociale moindre, peu de chômage et le moins possible de licenciements. Car ce qui va booster l’économie, c’est sans contexte la consommation et la baisse des impôts et non une révision à la hausse pour une liberté retrouvée et un retour à la normale.
Une inquiétude subsiste, c’est le risque d’avoir de nouveaux pics de la pandémie, à cause du non respect des consignes sanitaires, vu que le mal n’est pas encore entièrement vaincu.
Mohammed Nafaa