«Pas de dévaluation du dirham… Nous ne sommes pas en situation de crise… La crédibilité de la Banque centrale est en jeu…», tels sont quelques leitmotiv du Wali.
C’est officiel: le passage au régime de change flexible du dirham aura lieu en juillet 2017. C’est le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui l’a annoncé lors d’une conférence de presse, tenue mardi 20 juin 2017, après la réunion du Conseil de la banque centrale.
Lors de ce point de presse, le wali n’a pas caché sa déception -le mot est revenu comme un leitmotiv- par rapport aux banques qui spéculent sur une prétendue dévaluation du dirham.
La crédibilité est un atout de taille pour une banque centrale. «Si nous avons annoncé cette date pour l’entrée en vigueur du régime de change flexible du dirham, c’est qu’elle aura bien lieu à la date annoncée», a-t-il affirmé.
«Si je dis que je suis mécontent, a ajouté le wali de Bank Al-Maghrib, c’est que la banque centrale, avec toute sa crédibilité, a assuré aux banques et aux opérateurs économiques que le passage au régime de change flexible ne sera pas précédé d’une dévaluation du dirham». Et le wali de préciser, sans cacher son mécontentement: «Si nous voulions faire une dévaluation, nous l’aurions faite il y a longtemps !».
Quand on lui dit que le cas marocain est très rassurant, Jouahri rétorque: «Je dirais qu’il est plutôt spécifique». «Peut-être, a-t-il souligné, que dans l’esprit de certains opérateurs à travers le monde, le passage au régime flexible s’est toujours fait dans une situation de crise qui s’est accompagnée d’une dévaluation. Ils se sont alors ont dit que, en passant au régime de change flexible, il y aura automatiquement une dévaluation. Mais la spécificité et la réalité marocaines sont tout autres».
Précisant la position du Royaume quant à cette situation, Jouahri a conclu: «Nous partons sur une position volontaire. Nous ne sommes pas dans une situation de crise. Le dirham n’est pas désaligné et nous partirons vers le régime de change sans dévaluation probable du dirham».
Une conférence de presse, a annoncé le wali de Bank Al-Maghrib, sera tenue après Aïd El Fitr, avec le ministre des Finances, pour annoncer l’officialisation de la date d’entrée en vigueur de cette réforme du régime de change flexible du dirham qui aura lieu au cours du mois de juillet 2017. «La crédibilité est essentielle pour une banque centrale. Si nous avons dit que le régime de la flexibilité débutera au 2ème semestre 2017, c’est qu’il aura bien lieu à la date précise», a insisté Jouahri.
Le taux directeur reste approprié
Lors de la deuxième réunion trimestrielle de l’année (mardi 20 juin 2017), le Conseil de Banque Al-Maghrib a examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays. Il a également analysé l’évolution récente de la conjoncture économique et les prévisions macro-économiques établies par la Banque pour les huit prochains trimestres. Sur la base de ces analyses, il a jugé que le niveau actuel de 2,25% du taux directeur reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé.
Le Conseil a noté que l’inflation est revenue à 0,3% en moyenne, au premier trimestre. Au niveau national, après s’être limitée à 1,2%, la croissance devrait s’accélérer selon les prévisions de la banque centrale à 4,4% en 2017. Sur le plan du travail, après une baisse en 2016, la population active a enregistré au premier trimestre 2017 un accroissement annuel net de 172 mille demandeurs d’emploi. Sur le plan monétaire, le taux de change effectif réel s’est quasiment stabilisé au cours du premier trimestre et ne devrait pas connaître de variation importante à moyen terme. S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire s’est allégé de 9,9 milliards, à fin avril, par rapport à la même période de 2016.
En parallèle, les recettes ordinaires ont augmenté de 4,5%, résultat d’une amélioration des rentrées fiscales et d’une forte baisse de celles non fiscales, reflétant notamment une diminution des dons CCG, de 1,6 milliard à 0,3 milliard de dirhams. A moyen terme, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre, le déficit devant, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, s’alléger à 3,6% du PIB au terme de 2017 et à 3,4% en 2018.
Mohammed Nafaa