Quelles perspectives pour le football africain? Qu’adviendrait-il de ce football, longtemps victime de «magouilles» et de pratiques malsaines qui ont failli perdre ce sport dans les méandres de vraies «guerres» politiques où tous les coups seraient permis sous l’étendard du Fair-play…
La contraste est certes visibles à l’œil nu, mais il ne l’a malheureusement jamais été aux yeux des responsables de la Confédération Africaine de Football (CAF) qui, du temps de son ancien président, Issa Hayatou surtout, n’ont que longtemps bafoué les règles de ce sport conçu essentiellement pour assembler, pour fédérer les énergies et pour créer un rapprochement entre les peuples…
Si aujourd’hui le staff de tête de la CAF veut revenir à la raison, certains membres, hérités de l’ère Hayatou n’avalent pas ce retour aux normes et au respect des règles, sans le clientélisme ni le favoritisme qui avaient cours…
Une situation claire, peu commode pour ceux qui ont pris l’habitude et la liberté d’agir dans l’obscurité et de ne plonger que dans les eaux troubles. Ceux qui ont tellement pris goût aux sièges et au commandement, qu’il est aujourd’hui difficile de les «déraciner»…
Ce sont ces mêmes personnes qui se sont activement manifestées suite au scandale du match final-retour de la Ligue des Champions d’Afrique entre le WAC de Casablanca et l’Espérance de Tunis (EST) à Radès.
Après avoir basculé dans le doute pendant un certain temps, la décision de la CAF est venue mettre du baume au cœur d’un Wydad de Casablanca victime de la plus injuste des décisions jamais prises lors d’une finale ou d’un match de foot de par le monde. Un match marqué, surtout, par une fin chaotique dont l’arbitre de la rencontre, le Gambien Bakary Gassama, s’est rendu coupable en refusant d’accorder le but égalisateur du WAC!
Ce match-scandale n’aura été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du foot africain. Un foot «malade», un foot «gangréné» et un foot dont les tares se font l’écho dans les quatre coins du monde…
Mais la CAF, aussi responsable sur les côtés, estiment certains experts des affaires sportives, a vite pris les choses en main et son président, le Malgache Ahmad Ahmad, a convoqué une assemblée d’urgence pour statuer sur cette affaire, susceptible de freiner l’élan de reconstruction et de restauration que son équipe et lui ont pris depuis leur arrivée à la tête de cette instance sportive continentale. Ainsi, au terme de cette réunion d’urgence du comité exécutif, tenue à Paris, la CAF a décidé de faire rejouer le match entre le WAC de Casablanca et l’Espérance de Tunis (EST) sur un terrain neutre, après la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui sera disputée en Egypte du 21 juin au 19 juillet. L’EST devra restituer le Trophée et les médailles qui lui ont été remis.
Cette décision est à même d’être acceptée par les deux parties car elles ne vont pas se sentir lésées ainsi. De plus, rejouer le match sur un terrain neutre permet aux deux équipes de disputer cette finale sur le même pied d’égalité, loin de toute pression ; et va confirmer qu’un match n’est remporté que sur le terrain et en respectant les règles du jeu.
Cela n’empêche pas cependant de dire que le «scandale», le comportement des responsables du club tunisien, tout comme cette décision n’ont, encore une fois, fait que dévoiler tous les maux dont souffre le foot africain et a gravement porté atteinte à son image déjà assez ternie.
Si du côté du WAC cette décision n’est que justice rendue, du côté des responsables de l’EST elle est «injuste». En effet, juste après l’annonce de la décision les déclarations et les réactions ont été nombreuses à plusieurs niveaux. Le président du comité légal de l’EST a même déclaré que la direction de l’équipe s’attendait à une décision pareille de la part de la CAF. L’EST qui prépare le dossier du recours auprès du TAS estime même que la décision de la CAF n’est pas d’ordre sportif, mais elle est politique par excellence.
L’escalade !
Politiser l’affaire semble avoir été l’arme fatale du côté des responsables de l’EST. En effet, s’attaquant directement au président Ahmad, qui est aujourd’hui, pour eux l’homme à abattre, puisque proche du Maroc et à Faouzi Lekjaa comme vice-président, ils estiment tous aujourd’hui que la décision de la CAF n’est motivée par aucun support logique et solide. En d’autres termes, Ahmad Ahmad a été contraint d’obéir, persiflent-ils, à ses «maîtres marocains» afin de pouvoir leur dire, par la suite lorsque la sentence sera annulée par le TAS, comme cela est attendu, qu’il a fait son «devoir».
Il est clair que l’élan de développement et le vent d’«assainissement» qui souffle sur la CAF depuis l’arrivée d’Ahmad Ahmad n’est pas au goût de ces responsables qui, des années durant ont, dans une parfaite complicité avec l’ancien président, tiré le football africain vers le bas bafouant ses règles et passant outre les limites du possible pour se maintenir en poste et garder le pouvoir de décision et la liberté d’action que leur octroyait leur position.
Aujourd’hui, à court d’idées et d’arguments, l’on joue la carte de la sécurité de tout le pays qui n’a jamais été relevée!
La sécurité n’est pas le sujet
C’est à partir de questions, en apparence innocentes que l’on veut aujourd’hui détourner l’attention et tromper l’opinion. Questions du genre: Pourquoi décide-t-on de faire rejouer le match dans un territoire neutre? La Tunisie n’est-elle pas capable d’organiser des rencontres de football? Et comment peut-on faire assumer la responsabilité de l’échec du match à la sécurité tunisienne? A-t-on agressé les joueurs et l’arbitre? Le président de la CAF s’est-il senti menacé alors qu’il était assis à côté du chef du gouvernement? … Ce même chef du gouvernement qui a clairement déclaré que «Tous ceux qui mettent en doute la sécurité en Tunisie, devront assumer leurs responsabilité…».
Ces responsables semblent oublier ou le font volontairement peut-être, qu’il ne s’agit nullement de la sécurité en Tunisie mais juste de la sécurité sur le terrain et dans son enceinte.
Car, tout le monde a vu comment les joueurs du WAC ont été visés par des jets de pierres lors du match. Ces jets de pierres, qui ont visé les joueurs marocains ont causé une blessure au niveau des jambes. Des supporters tunisiens ont même empêché certains joueurs du WAC de suivre le cours de la rencontre. Le comportement des supporters tunisiens était déplorable et antisportif, pourtant le club casablancais et ses supporters avaient chaleureusement accueilli l’équipe et les supporters de l’Espérance lors du match aller…
Tout le monde a vu ces foules des forces de l’ordre se cachant derrière leur boucliers pour éviter les jets de pierres et tous autres projectiles et tout le monde a observé le comportement hautain et malveillant du président du club vis-à-vis et du président de la CAF et de celui du WAC sur la pelouse… C’est de cette insécurité qu’il est question et non de celle du pays.
Que l’on cesse alors d’argumenter et qu’on cesse un peu de malmener ce foot africain qui, au lieu de se trouver classé parmi les meilleurs du monde, peine toujours à se frayer un chemin et à être à la hauteur des idéaux pour lesquels il a essentiellement été conçu. Foot qui devrait unir au lieu d’être une arme dont les uns se servent cotre les autres à des fins malsaines et malveillantes.
Hamid Dades