Forum Davos | Les pressions inflationnistes et énergétiques annoncent une ère de troubles

A deux jours du début du Forum de Davos en Suisse (16-20 janvier), le rapport 2023 sur les “risques mondiaux” dresse un tableau sombre de la situation économique, sociale et géopolitique mondiale, mettant en garde contre les effets désastreux d’une ère turbulente de faible croissance, à la lumière des pressions inflationnistes et de la crise énergétique.

Le rapport, publié par le Forum économique mondial (FEM), alors qu’il s’apprête à recevoir plus de 50 chefs d’État et de gouvernement pour sa réunion annuelle, note que les premières années de cette décennie ont annoncé une période de troubles particuliers dans l’histoire humaine.

Le retour à une “nouvelle normalité” après la pandémie de COVID-19 a été rapidement perturbé par le déclenchement de la guerre en Ukraine, ouvrant une nouvelle série de crises alimentaires et énergétiques et déclenchant des problèmes que des décennies de progrès avaient cherché à résoudre, fait remarquer le FEM.

Alors que l’année 2023 commence, le monde est confronté à une série de risques tels que l’inflation, les crises du coût de la vie, les guerres commerciales, les troubles sociaux, les affrontements géopolitiques et le spectre de la guerre nucléaire. Ces risques s’accompagnent de niveaux d’endettement élevés, d’une nouvelle ère de déclin des indicateurs de croissance et d’investissement, d’un déclin du développement humain après des décennies de progrès et de la pression croissante des effets du changement climatique, explique le document de 97 pages.

Le rapport sur les risques mondiaux 2023 explore les séquelles économiques du COVID-19 et de la guerre en Ukraine qui ont entraîné une flambée de l’inflation, une normalisation rapide des politiques monétaires et le début d’une ère de faible croissance et de faible investissement.

Les gouvernements et les banques centrales pourraient faire face à des pressions inflationnistes tenaces au cours des deux prochaines années, compte tenu du potentiel d’une guerre prolongée en Ukraine, des goulots d’étranglement persistants dus à la pandémie et de la guerre économique qui favorise des perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Les risques à la baisse qui pèsent sur les perspectives économiques sont liés à la probabilité des chocs de liquidité, à la poursuite du ralentissement économique et à la pression de l’endettement.

La poursuite de l’inflation tirée par l’offre pourrait conduire à une stagflation, avec des conséquences sociales et économiques potentiellement désastreuses, compte tenu de l’interaction sans précédent avec des niveaux historiquement élevés de dette publique.

Même si certaines économies connaissent un atterrissage économique plus doux que prévu, la fin de l’ère des taux d’intérêt bas aura des implications importantes pour les gouvernements, les entreprises et les particuliers, avertit le rapport.

Les effets d’entraînement seront ressentis plus durement par les couches les plus vulnérables de la société et les États déjà fragiles, contribuant à l’augmentation de la pauvreté, de la faim, des manifestations violentes, de l’instabilité politique et même de l’effondrement de l’État.

Les pressions économiques éroderont également les gains réalisés par les ménages à revenu intermédiaire, suscitant le mécontentement, la polarisation politique et les appels à une protection sociale renforcée dans les pays du monde entier.

Les gouvernements continueront d’être confrontés à un ”dangereux exercice d’équilibre’’ entre la protection d’un large segment de leurs citoyens contre une crise du coût de la vie et le remboursement des coûts de service de la dette.

La guerre économique est devenue la norme, avec des affrontements croissants entre les puissances mondiales et l’intervention de l’État sur les marchés au cours des deux prochaines années, estiment les auteurs du rapport, qui s’attendent à ce que les politiques économiques soient utilisées de manière défensive pour renforcer l’autosuffisance, la souveraineté des puissances rivales, mais également pour limiter l’ascension des autres. Une telle configuration risque de donner lieu à un cycle croissant de méfiance.

A l’heure où la géopolitique l’emporte sur l’économie, le rapport revient sur les points chauds géographiques qui sont essentiels au fonctionnement efficace du système financier et économique mondial, en particulier dans la région Asie-Pacifique.

Alors que les observateurs s’attendent à ce que les affrontements entre États restent largement de nature économique au cours des dix prochaines années, la récente augmentation des dépenses militaires pourrait conduire à une course mondiale aux armements dans les technologies émergentes, forçant les mécanismes transnationaux de maîtrise des armements à s’adapter rapidement à ce nouveau contexte sécuritaire.

Le secteur technologique sera l’une des principales cibles de politiques industrielles plus fortes avec une intervention accrue de l’État et l’implication d’investissements privés dans la recherche et le développement, conduisant à des développements dans l’intelligence artificielle, l’informatique et la biotechnologie.

Pour les pays qui en ont les moyens, ces technologies apporteront des solutions partielles à une série de crises émergentes, allant de la lutte contre les nouvelles menaces sanitaires à l’atténuation du changement climatique. Ceux qui n’en ont pas les moyens paieront, eux, le prix de l’inégalité.

Les risques climatiques et environnementaux sont au cœur de la perception des risques mondiaux au cours de la prochaine décennie. Selon le rapport, il s’agit de risques pour lesquels l’humanité est le moins préparée.

En effet, avertit le FEM, les demandes croissantes de ressources des secteurs public et privé réduiront la vitesse et l’ampleur des efforts visant à atténuer les effets négatifs du changement climatique au cours des deux prochaines années.

Compte tenu de la pression des crises actuelles, les charges sur les écosystèmes naturels vont augmenter, poursuit le rapport, notant que l’érosion du domaine naturel et le changement climatique sont étroitement liés, en ce sens qu’une défaillance dans un domaine se répercutera sur l’autre.

Sans changement de politique ou investissement significatif, l’interaction entre les impacts du changement climatique, la perte de biodiversité, la sécurité alimentaire et la consommation des ressources naturelles accélérera l’effondrement des écosystèmes, menacera l’approvisionnement alimentaire ainsi que les moyens de subsistance dans les économies vulnérables au climat et amplifiera les impacts des catastrophes.

Les pressions continues du côté de l’offre risquent de transformer la crise actuelle du coût de la vie en une crise humanitaire plus large au cours des deux prochaines années dans de nombreux marchés dépendants des importations, avertit le Forum économique mondial.

Les troubles sociaux et l’instabilité politique associés ne seront pas limités aux marchés émergents, car les pressions économiques continuent de creuser la tranche des revenus moyens.

D’après le rapport, la frustration croissante des citoyens face aux pertes de développement humain et à la baisse de la mobilité sociale, ainsi qu’un écart grandissant en matière de valeurs et d’égalité, posent un défi existentiel aux systèmes politiques du monde entier.

Au cours des 10 prochaines années, moins de pays auront la marge de manœuvre budgétaire pour investir dans la croissance future, les technologies vertes, l’éducation, les soins et les systèmes de santé.

La lente dégradation des infrastructures et des services publics dans les marchés en développement et avancés peut être relativement subtile, mais l’accumulation des impacts sera très corrosive pour la force du capital humain et du développement.

Le rapport décrit quatre axes de tension futurs centrés sur les pénuries de nourriture, d’eau, de métaux et de minéraux, qui pourraient déclencher une crise humanitaire et écologique, notant toutefois qu’il existe encore une fenêtre pour façonner un avenir plus sûr grâce à une préparation plus efficace. S’attaquer à l’érosion de la confiance dans les processus multilatéraux renforcera la capacité collective à prévenir et à répondre aux crises transfrontalières émergentes. En outre, tirer parti de l’interconnectivité entre les risques mondiaux peut élargir l’impact des activités d’atténuation des risques.

Le FEM avertit que certains des risques décrits dans le rapport de cette année approchent du point de basculement. Par conséquent, “c’est le moment d’agir collectivement, de manière décisive et dans une optique à long terme pour tracer la voie vers un monde plus positif, inclusif et stable”, conclut le rapport.

LR/MAP

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