Forum de Fès L’impératif d’investir dans le capital humain

Azzouzi cmiesi

Les Etats arabes doivent mettre en œuvre des stratégies nationales pour la bonne formation des nouvelles générations. Ils doivent aussi mobiliser les acteurs et les compétences pour développer la production scientifique.

C’est en gros ce qui est ressorti des travaux de la 10ème édition du Forum mondial annuel de Fès sur l’Alliance des civilisations, la Diversité culturelle et le Partenariat euro-méditerranéen, organisé, les 22 et 23 novembre 2013, par le Centre Marocain Interdisciplinaire des études Stratégiques et Internationales (CMIESI) et l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, en collaboration avec plusieurs partenaires marocains et étrangers. Le thème du Forum était «L’investissement dans l’éducation, le savoir et la recherche scientifique: l’enjeu pour le monde arabe». Plusieurs axes ont été débattus, dont deux très pertinents: «Quelle université pour le 21ème siècle?» et «Les enjeux de l’investissement dans le capital humain».

Étudier la question dans le fond

«Aujourd’hui, la plupart des pays arabes sont en face de plusieurs défis, dont le bien-être de leur population et l’emploi. Pour cela, les Etats arabes doivent avoir des stratégies de développement bien réfléchies dans un contexte en pleine ébullition, où les attentes de la population sont énormes, pour que la démocratie puisse s’installer et que les dommages collatéraux de la période d’incertitude et de transition soient réduits», explique le professeur Abdelhaq Azzouzi, président du CMIESI.
Dans cet ordre d’idées, il y a lieu de souligner que la crise du développement arabe s’est approfondie et a atteint un degré de complexité tel qu’elle requiert le plein engagement de tous les citoyens arabes dans une réforme globale. Car il s’agit de provoquer une renaissance humaine dans la région, les réformes partielles n’étant plus efficaces, ni possibles, dans la mesure où la réforme requiert un environnement social favorable.
Reposant sur des données statistiques et comparatives, les deux premiers rapports du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) aboutissent à des conclusions dans les domaines économique, social, culturel et politique. Une étude comparative dans le premier rapport, fondée sur les facteurs de développement dans plus de 190 pays, a prouvé le rôle central du capital humain et social dans le développement. Ce facteur intervient dans une proportion de 64%, alors que le capital matériel (machines, infrastructures) n’intervient que dans une proportion de 16% et celui du capital naturel dans 20% seulement. Il en ressort que le retard du monde arabe dans le domaine des connaissances et de leur usage engendre une absence logique des demandes démocratiques.

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Les bases d’une action

Les deux journées d’études ont donné une déclaration finale qui peut être une réelle feuille de route pour l’action à entreprendre et qui doit essentiellement se développer dans un cadre de confiance mutuelle entre les différents intervenants et acteurs. Ceux-ci doivent créer un champ politique basé sur des règles démocratiques, dans lequel tous les acteurs politiques trouveront leur place. Les partis politiques, arrivés au pouvoir dans plusieurs pays arabes, doivent comprendre que l’avenir de leur pays dépend de la gestion de la chose publique, de la valorisation de l’élite, du renouvellement institutionnel, de la métamorphose partisane, de l’éducation, etc. La société civile doit se réconcilier avec le pouvoir politique. Il faut donc réconcilier les jeunes avec la politique. De même, il faut investir dans le capital humain, la formation et la recherche scientifique. L’ensemble des Etats arabes doit procéder à la réforme profonde des systèmes nationaux de recherche pour les rendre capables d’accompagner les plans de développement sectoriel, inclusifs et cohérents, afin de mobiliser toutes les structures de recherche, d’éliminer les redondances et d’améliorer convenablement la gouvernance. À cela s’ajoute l’amélioration de la qualité de l’enseignement des sciences et des techniques dans tout le cursus scolaire, tout en encourageant particulièrement l’expérimentation, l’observation et le raisonnement, l’objectif étant d’obtenir une bonne assimilation du savoir et de développer la culture scientifique et technique. L’essor de l’Université du 21ème siècle réside dans la réponse aux défis posés par la mondialisation, l’internationalisation, la massification de l’Enseignement supérieur, les progrès des techniques d’information et de communication et la commercialisation des savoirs. Cette dernière est une culture qui doit être présente dans la gouvernance de l’université. Le triangle université-gouvernement-industrie doit ainsi être fortement opérationnel.

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