France/ Assassinat d’un enseignant | Pression sur l’état de droit

France Assassinat D’un Enseignant

L’horreur du professeur décapité a traumatisé l’opinion française. Une étape a été franchie. Contre la sauvagerie et la haine de certains, le pouvoir ne peut plus se contenter de mots. Il doit agir.

Il doit agir au risque de se décrédibiliser totalement et de faire le jeu des extrémistes. Mais il y a un problème. L’état de droit de la démocratie française apparait comme protecteur par ses garanties pour ceux qui veulent détruire cette démocratie. Quand le politique en France prend des décisions, celui qui a le dernier mot, reste le juge. Le juge applique la loi existante  tant que cette dernière n’a pas été changée. Elle ne peut l’être que par le peuple, c’est-à-dire par ses élus ou par voie de référendum. Faut-il changer la loi pour durcir les conditions de séjour en France ? La question est posée et tout dépendra de l’application des décisions en cours.

Gérald Darmanin, le ministre français de l’ intérieur, a demandé au préfet de Seine-Saint-Denis, de fermer  la mosquée de Pantin, coupable d’avoir relayé sur son site, une vidéo du parent d’élève, qui s’en était pris à Samuel Paty pour la diffusion d’une caricature du prophète Mahomet lors d’un cours d’enseignement moral et civique. Le professeur d’histoire-géographie a été décapité vendredi 16 octobre par Abdouallakh Anzorov, un terroriste islamiste âgé de 18 ans et d’origine tchétchène, qui avait eu connaissance de cette vidéo par les réseaux sociaux. Cette sanction à l’encontre d’une importante mosquée vient compléter l’arsenal de mesures dégainé  par le gouvernement. Dimanche 18 octobre, Emmanuel Macron avait demandé à ses ministres une réponse ferme pour que la peur «change de camp». Le ministère de l’intérieur a donc composé sa riposte dans la précipitation, à coups d’interdictions symboliques de lieux ou d’associations, d’expulsions d’étrangers inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, et de perquisitions réalisées chez des personnes surveillées par les services de renseignement. L’objectif affiché par Gérald Darmanin est de «faire passer un message» au sein de la mouvance islamiste, mais également auprès du grand public, pour ne pas donner l’impression que l’Etat demeure passif face à l’assassinat d’un enseignant.

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L’émotion est vive, mais ce n’est pas la première fois.

De nombreux médias étrangers ont suivi la journée de mobilisation en faveur de la liberté d’expression à Paris. Beaucoup ont noté que la place de la République avait déjà été le théâtre d’un rassemblement similaire après l’attentat contre Charlie Hebdo, s’interrogeant sur les leçons à tirer de cette nouvelle attaque. «Comme si la France n’avait pas déjà assez à faire avec l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 et une grave crise économique, la terreur est de retour», observe le quotidien autrichien Der Standard, qui a repéré dans le cortège le slogan «L’école pleure mais elle n’a pas peur». La France se tient «debout contre la barbarie islamiste», estime ABC. Signalant la présence du Premier ministre, Jean Castex et de Jean-Luc Mélenchon, le quotidien conservateur espagnol insiste sur le «ton unique, du gouvernement à l’opposition d’extrême gauche», en vigueur sur la place parisienne.

Mais au-delà de la démonstration de solidarité, des questions se posent sur l’impact de la tragédie alors que, comme l’a comptabilisé le Sun, l’attentat de vendredi 16 octobre était la cinquième attaque liée à l’islamisme, rien que cette année, dans le pays. Le quotidien autrichien Der Standard indique que «de nombreux participants» s’interrogent sur le droit au blasphème: «Ne pas publier les caricatures, c’est céder aux islamistes. Cependant, des Français pondérés se demandent si les caricatures délibérément provocantes et irrespectueuses de Mahomet sont le bon moyen de combattre l’islamisme».

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Inquiétude également mentionnée dans les pages d’El País. «L’espoir que la mort de Paty réveille les consciences […] coexistait avec le désespoir face à l’absence de solutions ou à la tentation d’abandonner: la possibilité que, dans la patrie des Lumières et de la laïcité, les enseignants s’autocensurent», écrit le correspondant parisien du journal espagnol. Fox News rapporte que les autorités françaises prévoiraient d’expulser 231 étrangers radicalisés et que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, réfléchirait à durcir le droit d’asile, puisque l’assassin de Samuel Paty était lui-même un réfugié.

«Ce conflit n’est en aucun cas limité à la France», considère la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le quotidien allemand trouve que «les gens ont détourné le regard lorsqu’une société parallèle islamiste s’est développée» et voit dans les attaques qui ont frappé son voisin ces dernières années «les excès guerriers d’un conflit culturel». C’est «notre mode de vie» qui est «en jeu», estime la FAZ.

Die Welt suggère de son côté que le manque de connaissances sur les franges extrémistes de la communauté tchétchène par les services secrets français est une faiblesse. Le titre cite le politologue germano-égyptien Asiem El-Difraoui, pour qui «la France s’est trop concentrée sur l’organisation terroriste État islamique et a négligé d’autres groupes».

Dans un autre article, la correspondante du média allemand à Paris déplore un air de «triste déjà-vu» dans «les fleurs et les bougies déposées au pied de la statue de la place de la République». Pour elle, «c’est clair: l’islam radical vise toute la France, c’est un mode de vie, et surtout c’est la volonté de briser les droits de l’homme et la liberté d’expression de la nation». D’où sa conclusion: «Les nombreux mots de consternation doivent maintenant être suivis d’une action décisive».

Patrice Zehr

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