Le large succès de Benoît Hamon face à Manuel Valls est un signe fort. Les électeurs de gauche veulent un candidat à gauche toute, qui assume le rêve idéologique contre le pragmatisme ou le réalisme de renoncement à l’idéologie.
Le retour du rêve idéologique est indiscutable, il a gagné dans les urnes de la primaire du PS et de ses alliés.
Dans Libération qui annonce la victoire d’une «gauche de gauche» en Une, Laurent Joffrin rappelle qu’«on disait le PS mort» et trouve qu’«il bouge encore et que ses chances de survie s’accroissent». «La gauche gagne la primaire» titre Le Parisien/Aujourd’hui en France qui note que «le peuple de gauche a clairement fait savoir qu’il attend un candidat et un PS… à gauche toute».
«La vraie droite», qui mobilise et montre une image unitaire derrière François Fillon; le PS qui choisit en Benoît Hamon un candidat de la «vraie gauche», note Cécile Cornudet des Echos. «Et si la surprise de cette campagne présidentielle hors norme était qu’il n’y en avait pas?» se demande-t-elle.
«Pourquoi donc s’étonner que la gauche vote à gauche, quand on lui demande de voter, comme la droite vote à droite, pour choisir son champion?», s’interroge également Yves Harté dans Sud-ouest.
Dans Le Figaro, Guillaume Tabard reconnaît: «Rien n’est écrit pour la gauche. La victoire de Benoît Hamon, sa hausse dans les sondages, viennent battre en brèche la dernière évidence en date: la disparition programmée du Parti Socialiste».
«Le premier épisode avait signalé une envie de gauche, le second l’a confirmée», se réjouit Patrick Apel-Muller de L’Humanité qui trouve que «c’est un rayon de soleil dans un paysage politique de confusion, de dislocation et d’affaissement».
«La victoire de Benoît Hamon a permis de désigner un candidat. Mais elle annonce déjà de nouvelles joutes», prévient François Ernenwein dans La Croix qui estime: «L’arbitrage des électeurs de la primaire n’a pas éteint les clivages».
Hamon va devoir maintenant tenter de s’allier avec Mélenchon. Les partisans de Manuel Valls vont regarder du côté de Macron. Mais la gauche est de retour face à une droite qui s’assume avec Fillon et un Front National qui poursuit, dans les sondages en tout cas, la course en tête pour le premier tour de la présidentielle.
L’Opinion commente le dernier sondage en date.
Mauvaise passe pour François Fillon. Selon un sondage Kantar Sofres-One Point pour Le Figaro, RTL et LCI, paru dimanche soir (29 janvier), le candidat de la droite et du centre voit se rapprocher Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. Les deux hommes seraient à 21% environ, selon des scenarios. Mais ils sont loin de Marine Le Pen qui recueillerait 25% et serait qualifiée pour le second tour, dans tous les cas de figure.
Benoît Hamon, fraîchement désigné par la primaire de la gauche, est crédité de 13 à 15% des intentions de vote. Un bond qui fait mal à Jean-Luc Mélenchon, pointé seulement à 10%.
Une présidentielle où rien n’est joué, comme le disait manuel Valls, sauf pour lui et quelques autres poids lourds.
Victimes des urnes ou de renoncements personnels, plusieurs visages de la scène politique française ont en effet vu leurs ambitions contrariées ces derniers mois… et la fin de leur carrière politique arrivée plus rapidement que prévu. Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Cécile Duflot, Manuel Valls: ces derniers mois, la scène politique française a été bouleversée en profondeur, sans oublier le forfait de Hollande.
Les Français veulent tourner la page, c’est sûr. Mais personne ne sait qui sera en tête du prochain chapitre?
Patrice Zehr