La fermeté affichée par Fabius à Genève sur le dossier nucléaire iranien est dans la droite ligne d’une diplomatie qui a toujours considéré le régime des mollahs comme un ennemi acharné des intérêts de la France dans la région.
Si l’on devait caractériser l’état des relations entre Paris et Téhéran depuis la révolution islamique de 1979, disons qu’il a oscillé entre «mauvais» et «exécrable».
Le projet d’accord Kerry-Zarif, qualifié d’«affaire du siècle pour l’Iran» par Benyamin Netanyahu, a évoqué de vieux souvenirs au ministre des Affaires étrangères.
Les promesses iraniennes de ne pas faire un usage militaire de ses stocks d’uranium enrichi et du plutonium devant bientôt être produits dans la centrale d’Arak n’engagent que ceux qui les entendent…
Le coup de force de Fabius à Genève peut être comparé avec le discours de Villepin à l’ONU en 2003 annonçant que la France ne suivra pas les Etats-Unis dans l’aventure militaire en Irak: l’affirmation que les choix stratégiques de la France au Moyen-Orient ne sauraient se soumettre aux variations de ceux de la première puissance mondiale.
L’ironie de l’Histoire veut que ce soit un gouvernement de gauche qui s’oppose frontalement à une administration américaine démissionnaire de son rôle de gendarme du monde.
Patrice Zehr